À cause de (ou plutôt grâce à) Rosalía, j’ai fini en chialade devant un spectacle de flamenco

À cause de (ou plutôt grâce à) Rosalía, j’ai fini en chialade devant un spectacle de flamenco

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Crédit : Fever

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

Ou comment j’ai économisé un vol Paris-Séville.

Ça commence comme n’importe quel apéro random : une compagnie de qualité assise à terre dans mon salon, du vin blanc dans des mugs Disney (car je ne suis toujours pas une adulte qui a assez de verres pour tout le monde) et de la musique en fond et à fond. Rosalía, et plus précisément le trop sous-coté titre “Juro Que”, sorti en 2020, qui avait fait jaser grâce à la présence d’Omar Ayuso (acteur de la série Élite) dans le clip.

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Tout le monde hoche la tête grâce aux inspirations flamenco particulièrement présentes, en tout cas davantage que dans certains titres issus du dernier opus de la chanteuse, Motomami. C’est là que, un peu pompette, je lâche sans réfléchir que “j’aimerais tellement assister à un spectacle de flamenco à Séville“. Spoiler, je ne suis pas allée en Andalousie, même si l’envie ne me manque pas. En revanche, dans mes mails, je vois qu’un spectacle de flamenco a lieu deux fois au cours du mois de février à Paris. Vous la devinez, la suite ?

Direction le MPAA (Maison des Pratiques Artistiques Amateurs) à Saint-Germain, dans le 6e arrondissement, pour “We Call It Flamenco”. La salle est remplie de personnes parlant espagnol, forcément, de couples de seniors habillés comme s’ils allaient à l’opéra (je suis en Air Force One, oups) et de familles. C’est un curieux mélange. Avant que le spectacle commence, le couple de danseurs, Kuky Santiago et Lori “La Armenia”, aka les “personnages principaux” des tableaux qui suivront, salue le public en venant nous voir dans la salle, offrant ici et là caresse ou rose. La robe rouge écarlate de la danseuse m’aveugle, dans le bon sens du terme. Puis les lumières s’éteignent et débute un show, d’environ heure, nappé de plusieurs tableaux.

Robe hypnotique et coup de talons au sol

Ce qui suit est assez lunaire, inexplicable, intense. Une émotion plane de manière indescriptible sur scène et dans toute la salle. Non, ce n’est pas vraiment comme dans mon salon quand on écoute Rosalía. C’est tellement mieux. Les mouvements de robe de Lori “La Armenia” m’hypnotisent. Son visage est sévère, concentré. Chaque coup sec de ses talons au sol me fait comme un coup au cœur, c’est trop. Pour les cinéphiles, j’ai l’impression d’être Naomi Watts dans Mulholland Drive, lorsqu’elle se retrouve coincée quelque part entre fantasme et amère réalité dans le Club Silencio. Enfin, sans aucune amertume et rien d’autre que du kif.

Mais n’est-ce que moi ? Je ne pense pas. Les retraités à ma gauche, assez ronchons, commencent rapidement à renifler sans réelle discrétion pour cacher leur chialade imminente. Je vois pas mal de personnes avec les glandes lacrymales qui chatouillent, ici et là. Ma +1, Colombienne, semble elle aussi en apesanteur. Elle me chuchote entre deux tableaux :“Tu comprends ce qu’ils disent ? C’est très sentimental”. Ahem. Bon, c’est peut-être là mon seul regret : je n’ai absolument pas révisé la langue de Cervantes avant de venir (eh non, stalker l’Insta de Manu Rios, hélas, ça ne compte pas), donc je n’ai pas la moindre idée de ce que peuvent bien dire les chanteurs qui accompagnent les danseurs. Pas grave, je ne boude pas mon plaisir et remercie mentalement ma mamacita Rosalía d’être à l’origine de tout ça.

Article rédigé dans le cadre d’une invitation par Fever.