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L’amour de Gus et Mickey déploie toute son énergie positive dans l’ultime saison de Love

L’amour de Gus et Mickey déploie toute son énergie positive dans l’ultime saison de Love

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©Netflix

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Par Marion Olité

Publié le

L’amour rend plus fort. C’est bien connu.

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Ils reviennent de loin. Quand on les a rencontrés, Gus et Mickey ressemblaient davantage à un couple toxique formé par deux névrosés qu’à autre chose. Dépendante affective et sexuelle, alcoolique, elle ne pouvait s’empêcher de s’autodétruire. Nerd control freak obsédé par l’idée de plaire aux autres, et pétant régulièrement un boulon à force de ne pas dire ce qu’il pense, Gus n’était pas non plus le gendre idéal. Leurs disputes à répétition et le comportement imprévisible de Mickey avaient presque fini par avoir raison de nous.

Après deux saisons en forme de montagnes russes, les deux tourtereaux atteignent un point d’équilibre dans cette saison 3 qui pourrait les rendre ennuyeux. Il n’en est rien. On comprend enfin pourquoi ces deux-là s’échinaient à rester ensemble en dépit des incompréhensions. Plusieurs épisodes reprennent les codes de la comédie romantique – l’étape de se rendre à un mariage à deux, d’aller en week-end chez les parents, une meilleure mise en avant des sidekicks, notamment Bertie qui a droit à un joli épisode d’anniversaire – sans donner dans la classique surenchère. Ils permettent au contraire à Gus et Mickey d’apprendre à réellement se connaître et à s’entendre.

“Tu fais ressortir le meilleur de moi” (Mickey à Gus)

Cet amour prise de tête devient lumineux. Il permet à Mickey de sortir de sa spirale de dépendance qui la conduisait systématiquement à des histoires amoureuses toxiques pour elle. Mais la plus névrosée n’est pas celle qu’on croit. Cette saison creuse le passé de Gus, et lui fera aussi prendre conscience des raisons de son comportement de faux jeton, souvent pénible. L’amour que se portent nos deux héros éclaircit au passage leurs vies professionnelles respectives, au point mort au début de leur rencontre, huit mois plus tôt. En reprenant confiance en elle à tous les niveaux, Mickey est devenue une productrice radio en vue, qui a su recruter un nouveau talent, l’influenceuse Stella (on reviendra dans un autre papier sur ce savoureux épisode qui la met face à l’impayable Docteur Greg). De retour sur le plateau du reboot de Witchita (un clin d’œil méta savoureux à la vague de reboots de vieilles séries qui frappe Hollywood ces dernières années), le scénariste malheureux va regagner la confiance de la showrunneuse (pourtant dure en affaire) et avancer dans ses projets perso.

Le grand mérite de cette saison de Love, c’est de dégager une énergie positive surprenante. Comme Gus et Mickey se le disent dans l’ultime épisode, ils ont “craqué le code” de leur relation, et désormais “sky is the limit”. Jusqu’ici, on avait parfois un peu de mal à comprendre pourquoi cette série de Judd Apatow avait pris pour titre Love. Les deux trentenaires semblaient s’accrocher l’un à l’autre comme des enfants à des bouées de sauvetage pour éviter de gérer leurs émotions et leurs problèmes personnels. C’était frustrant, parfois insupportable. C’était les débuts d’une relation amoureuse, sur laquelle on n’aurait pas forcément parié. Et pourtant, cette saison prouve qu’on avait tort.

Les engueulades ne sont plus là pour créer du drama gratuit. La preuve : l’infidélité de Mickey, qui a recouché avec son ex, Dustin, dans un moment d’égarement en saison 2, aurait pu constituer un épisode (relou) en soi. Elle ne sera que vaguement évoquée, et la jeune femme a choisi de ne pas en parler à son mec. Vous êtes choqué·e·s ? Eh bien, sachez que ce genre de choses arrive plus souvent dans la vraie vie que le contraire. Elle ne revient pas dessus, car c’était une erreur liée non pas à sa relation avec Gus, mais à ses insécurités personnelles. Au lieu de ça, donc, les scénaristes se concentrent sur la façon dont les deux tourtereaux envisagent l’avenir. Et sur le fait que Gus n’avait rien compris à la convalescence de Mickey.

L’ultime épisode, qui voit les deux amoureux tenter de se marier sous le coup d’une impulsion avant d’y renoncer in extremis, illustre toute la passion et la sagesse de ce couple désormais solide. Et c’est juste beau de voir une série qui envisage l’amour entre deux personnes comme quelque chose qui vous élève, qui vous pousse à être meilleur. Il existe toute sorte d’amour, mais Hollywood a une vague tendance à nous servir à toutes les sauces celui qui nous rend misérable, nous fait souffrir, nous tire vers la déchéance la plus totale. Parce que c’est ça le véritable amour, non ? Non. C’est une de ses émanations, et elle est discutable. Tout dépend de ce que vous recherchez. Mille fois merci à Love d’être venue nous rappeler que l’amour qui bâtit, guérit, fait grandir, c’est aussi très beau.

Les trois saisons de Love sont disponibles sur Netflix.