Big Little Lies ou la rencontre réussie de Desperate Housewives et The Affair

Big Little Lies ou la rencontre réussie de Desperate Housewives et The Affair

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Par Marion Olité

Publié le

Nicole Kidman, Reese Witherspoon et Shailene Woodley brillent dans Big Little Lies, la nouvelle production au casting 4 étoiles de HBO. 

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Certaines séries (ça s’applique aussi aux films) ont du mal à gérer leur incroyable casting. Trop de stars face à un scénario flemmard. Résultat : grosse déception. On vous rassure tout de suite, ce n’est pas le cas de Big Little Lies, mini-série signée par un vétéran des séries américaines, David E. Kelley (Ally McBeal, Boston Justice, le récent Goliath) et sublimement mise en scène par Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club, Wild).

Adaptée du roman éponyme de l’Australienne Liane Moriarty, elle conte en sept épisodes la vie de plusieurs mères de famille établies à Monterey, en Californie du Nord (l’histoire a été délocalisée d’Australie aux États-Unis), une petite ville côtière aux airs de paradis. En apparence seulement. À la manière de The Affair, autre série mettant en scène plusieurs couples hétéro avec enfants embarqués dans une histoire criminelle, Big Little Lies effectue régulièrement des flashforwards centrés sur un mystérieux meurtre, qui a bouleversé la vie de la communauté chicos où tout le monde s’appelle par son prénom.

On rentre dans cet univers par l’entremise de Madeline Mackenzie (Reese Witherspoon), la reine des abeilles, une mère au foyer très présente dans la vie de ses enfants, avec laquelle il ne vaut mieux pas se fâcher. Elle va faire la rencontre d’une nouvelle arrivante, Jane Chapman (Shailene Woodley), mère célibataire (une anomalie dans ce milieu) d’un jeune garçon qu’elle prend en sympathie. La pimpante (et bien cassante quand il faut) Madeline lui présente sa meilleure amie, Celeste Wright, mariée à un homme plus jeune (coucou Alexander Skarsgård) et mère de deux enfants.

Tout ce petit monde se côtoie à l’école des enfants, où un premier incident (le fils de Jane est accusé d’avoir agressé la fille d’une autre mère, Renata Klein, incarnée par la toujours très bonne Laura Dern) va mettre le feu aux poudres. Vous l’aurez compris, à la façon de Desperate Housewives, vous allez vous prendre d’affection pour ces héroïnes complexes qui cachent leur lot de cadavres dans le placard. Comme à Wisteria Lane, les apparences sont trompeuses et celle qui paraît la plus heureuse pourrait bien être en fait la plus malheureuse.

La comparaison s’arrête ici : Big Little Lies s’éloigne du côté soap des Desperate pour adopter un traitement plus dramatique, qui la rapproche d’un The Affair. On sourit parfois des gesticulations de Madeline pour conserver un semblant de pouvoir, mais ces scènes n’apportent qu’une respiration dans un monde beaucoup plus sombre qu’il n’y paraît. D’une part, l’ambiance criminelle est extrêmement bien distillée, et pas seulement avec les flashforwards. La réalisation de Jean-Marc Vallée sublime les somptueux décors naturels ou non de la série (vous aurez très vite envie d’habiter dans l’une des somptueuses maisons en bord de mer que la série nous offre), baignée par la lumière californienne. De l’autre, la caméra sait se faire inquiétante quand la nuit tombe et que les masques tombent (un peu).

Famille recomposée, violences conjugales, relations des mères à leurs enfants… La mini-série explore sérieusement tous les aspects des longues relations de couples à travers le prisme de ses héroïnes. Si Big Little Lies propose de très beaux portraits féminins (le scénariste David E. Kelley a toujours su écrire pour les femmes, un talent pas si répandu), il en va de même pour les hommes qui ne sont pas réduits à des caricatures entre Ed, le mari attentif de Madeline (incarné par Adam Scott) et le plus torturé Perry, qui cache bien son jeu derrière son apparence de mec parfait.

Si l’on devait trouver un défaut à Big Little Lies, c’est que, comme The Affair finalement, l’affaire criminelle qui encadre le show de ses petites révélations à chaque épisode n’est là que pour rassurer les chaînes américaines et capter un public féru de polars. Il se passe dans tous les cas assez de choses troublantes, inquiétantes ou fascinantes derrière les baies vitrées des foyers de Madeline et ses copines pour nous donner envie d’y revenir.

Big Little Lies est diffusée sur HBO depuis dimanche 19 février et en US+24 sur les chaînes OCS