Britannia : un héritier de Game of Thrones dans la mythologie celtique

Britannia : un héritier de Game of Thrones dans la mythologie celtique

photo de profil

Par Adrien Delage

Publié le

Les druides, les Romains et les sorcières ont remplacé les dragons et les Marcheurs blancs de Game of Thrones.

À voir aussi sur Konbini

Tout le monde veut son Game of Thrones. C’est un peu le credo des networks, chaînes câblées et plateformes de streaming à l’heure de la Peak TV et où le mastodonte de HBO est en train de s’éteindre, tout du moins dans sa forme mère. Si certains attendent avec impatience l’adaptation du Seigneur des anneaux, les studios d’Amazon n’ont pas attendu 2020 pour collaborer avec Sky Atlantic et mettre au monde Britannia, un trip fantasy à l’époque romaine et dans les terres celtiques de la Grande-Bretagne.

Britannia se présente comme un conte épique et sanglant imaginé par le scénariste Jez Butterworth (Edge of Tomorrow, 007 Spectre), qui pioche allègrement dans la mythologie celtique et le cycle arthurien. En 55 avant Jésus-Christ, l’Empire romain contrôle l’Europe et la Gaule. La prochaine étape dans sa soif d’hégémonie : les îles Britanniques, qui renferment une population mystique faite de druides, sorcières et d’oracles tous plus flippants les uns que les autres.

Jules César et ses légionnaires romains, surpris et effrayés par ces forces surnaturelles, se font repousser une première fois et surnomment ces contrées “l’enfer sur Terre”. Mais neuf décennies plus tard, le général romain Aulus (David Morrissey, le Gouverneur de The Walking Dead), un conquérant froid et impitoyable, tente à son tour d’envahir la Grande-Bretagne, nous ouvrant les portes du monde magique de Britannia.

Une série ambitieuse mais inégale

Impossible de ne pas penser à Game of Thrones à la vue de Britannia, qui adopte le même découpage narratif et nous transporte aux quatre coins du continent pour suivre différents groupes de personnages. Le pilote de plus d’une heure est bavard pour nous présenter convenablement l’univers de la série, plus accessible que celui de GoT au premier abord mais paradoxalement plus fouillis, presque bordélique par moments.

Si les Romains et leurs intérêts sont facilement identifiables, il est bien plus difficile d’appréhender et reconnaître les tribus aux multiples visages qui peuplent la Bretagne insulaire. Il y a d’abord les druides menés par le mage Veran (Mackenzie Crook, vu dans Pirate des Caraïbes et… Game of Thrones), les Regni, aperçus rapidement sous le commandement de Zoë Wanamaker (Harry Potter) et enfin les Canti, dont fait partie l’un des personnages les plus charismatiques. Kerra, interprétée par Kelly Reilly, est un mix entre Furiosa de Mad Max: Fury Road et Lagertha de Vikings. Autant vous dire qu’elle a un sacré caractère et une habilité au combat bien supérieure à la moyenne.

Visuellement, Britannia est assez inégale. Elle se défend par une très belle photographie et les paysages verts et majestueux du pays de Galles. La mise en scène s’offre quelques fulgurances et des passages sous LSD lors des séquences d’hallucination autour du personnage du Paria. En revanche, le montage des scènes de combat est clairement charcuté même si ces dernières sont assez jouissives dans leur aspect over the top, qui rappelle les vibes de Spartacus et son déluge de sang et de violence grotesque mais spectaculaire.

Le ton exagéré et très (trop) sérieux de la série déteint sur la partition des acteurs, à la limite du surjeu sur certains passages. L’assurance et le charisme de David Morrissey prennent malgré tout le dessus, surtout quand il déclame des discours totalitaires sur l’Empire romain. Moins soapesque dans ses dialogues que Game of Thrones, Britannia mérite qu’on s’attarde plus loin que son (long) pilote afin de ressentir de l’empathie pour ces personnages abscons et mystiques.

En vérité, à la fin du premier épisode, on ne sait pas trop où le show nous emmène, si ce n’est au cœur de cette guerre entre humains et protagonistes féeriques qui sert de trame de fond. Ce joyeux bordel orgiaque, sanglant et spirituel évoque la saison initiale de Preacher, qui a fini par trouver son rythme de croisière. Car malgré ses nombreux défauts et son budget serré, Britannia est un show ambitieux s’inscrivant d’ores et déjà comme l’un des héritiers de Game of Thrones, quitte à sacrifier le spectaculaire pour un souffle plus épique et un traitement plus manichéen de ses personnages, dans la lignée du Seigneur des anneaux.

Reste à voir si son intrigue deviendra moins tentaculaire et plus limpide pour que l’on puisse davantage s’identifier aux personnages et si elle dépeindra avec pertinence le trope vu et revu – mais toujours fascinant – “Humans are the real monsters” (“les humains sont les véritables monstres”).

En France, la première saison de Britannia sera disponible le 26 janvier 2018 en intégralité sur Amazon Prime.