Channel Zero : un conte horrifique perturbant à la sauce creepypasta

Channel Zero : un conte horrifique perturbant à la sauce creepypasta

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Par Adrien Delage

Publié le

Syfy s’attaque à la série d’anthologie avec Channel Zero, dont le pilote pose les bases d’une intrigue moderne et terrifiante.

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En cette ère de Peak TV, les chaînes agrandissent leur catalogue à défaut de développer des séries vraiment originales. Reste pourtant Syfy, qui, entre la fantastique The Magicians, la vampirique Van Helsing et la dystopique Aftermath, part de tous les côtés. Cette fois, elle s’attaque à la série horrifique d’anthologie façon American Horror Story avec Channel Zero.

Channel Zero surfe sur la nostalgie des 80’s, comme le dernier hit de l’été signé Netflix, Stranger Things. Dès le premier épisode, on s’aperçoit que la série est parsemée de références aux années 1980 et d’hommages au cinéma d’horreur. Les enfants y tiennent d’ailleurs un rôle prépondérant, car le mystère se façonne autour d’eux.

En s’imprégnant des légendes urbaines contemporaines, Channel Zero parle des peurs mélancoliques rencontrées pendant l’enfance. La phobie du noir, de l’inconnu et les dangers de la télévision en font un monde cauchemardesque : celui des parents, qui ont perdu la créativité de leur imagination. Et cette dernière compte bien venir se venger en leur foutant une frousse monumentale.

Des creepypastas qui coupent l’appétit

Candle Cove, c’est avant tout une émission fictive censée avoir été diffusée pendant deux mois en 1979. Le show pour enfants est devenu une véritable légende urbaine, aussi appelée creepypasta. Un mot-valise anglophone qui vient des termes “effrayant” et “copier-coller”, pour les textes copiés puis diffusés sur Internet. En résumé, les creepypastas sont des histoires d’épouvante devenues virales. La plus célèbre reste sans nul doute le mythe du Slender Man.

La première saison de Channel Zero introduit le personnage de Mike (Paul Schneider, très bon en type dépressif), un pédopsychiatre traumatisé au cours de son enfance. Alors qu’il vient de sortir d’un séjour en hôpital psychiatrique, il se met à faire des cauchemars où il revoie les personnages de Candle Cove, une émission étrange qui serait à l’origine de plusieurs meurtres d’enfants.

Il faut dire que les protagonistes du show, des marionnettes toutes plus terrifiantes les unes que les autres, n’inspirent aucune confiance. The Skin Taker en premier lieu, un squelette aux yeux énormes qui est le méchant de l’émission et veut faire du mal aux autres personnages.

Lorsque Mike retourne à Iron Hill, ville rurale de son enfance, il remarque alors que l’émission est de nouveau diffusée. Persuadé que cette dernière est à l’origine de la mort de son frère et de disparitions d’enfants à la fin des années 1970, il commence à enquêter pour comprendre les sinistres événements qui se cachent derrière Candle Cove.

Il découvre rapidement que le show et les meurtres d’enfants sont connectés. En effet, les adultes sont incapables de regarder l’émission — ils voient seulement des “flocons de neige”, ou parasites, comme si la réception était mauvaise.

 De l’épouvante plus que de l’horreur

De nombreuses références au cinéma d’horreur sautent aux yeux du spectateur averti. The Ring en premier lieu, par rapport à la terreur qu’inspirent les écrans de télévision. Le monstre entièrement constitué de dents, joliment réalisé, évoque le monde onirique d’Alice aux pays des merveilles — s’il avait rencontré l’univers sombre de Tim Burton en tout cas.

Difficile également de ne pas éviter les comparaisons avec des séries horrifiques actuelles, à commencer par American Horror Story. Le format de l’anthologie renforce cette idée. Toutefois, ce serait une erreur de juger l’un par rapport à l’autre. Contrairement à son homologue diffusé sur FX, Channel Zero est plus sobre dans son approche esthétique de l’horreur.

De plus, Nick Antosca, le créateur de la série, joue la carte du hors-champ, du flou artistique et des images subliminales pour transmettre au spectateur un sentiment de malaise et d’épouvante constant. Comme si la réalité, en même temps que l’enquête de Mike, tournait peu à peu au cauchemar. Cette simplicité d’exécution favorise à la fois la compréhension de l’intrigue et fascine immédiatement. À la fin du pilote, on a absolument envie de connaître la suite derrière l’émission Candle Cove et les origines du monstre de dents.

Moins névrosée que les monstruosités d’American Horror Story, plus originale que l’intrigue de The Exorcist, Channel Zero aura beaucoup d’histoires à nous raconter tant qu’on se risquera à explorer les méandres d’Internet, corne d’abondance de creepypastas obscures et terrifiantes.