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Cobra Kai : le sequel de Karaté Kid est un sympathique kick de nostalgie

Cobra Kai : le sequel de Karaté Kid est un sympathique kick de nostalgie

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© YouTube Red

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Par Adrien Delage

Publié le

34 ans après, le combat entre Daniel LaRusso et Johnny Lawrence reprend de plus belle.

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Époque de revival oblige, les nouveaux acteurs du monde des séries s’y mettent à leur tour. Encore indisponible en France (il devrait débarquer chez nous cette année) et assez peu médiatisé, YouTube Red, le service de streaming payant de la plateforme américaine, débarque avec le sequel d’un film culte des années 1980 : Karaté Kid. Après un reboot médiocre avec Jackie Chan et Jaden Smith en 2010, Cobra Kai s’avance comme le retour du combat entre deux vétérans, Daniel LaRusso (Ralph Macchio) et Johnny Lawrence (William Zabka).

Suite à sa défaite face à l’école du sensei Miyagi, Johnny a connu une longue et infernale descente aux enfers. Abandonné par son maître, il est devenu un quarantenaire dépressif de la classe ouvrière américaine. Un peu raciste et misogyne sur les bords, l’ancien élève de John Kreese enchaîne les boulots miteux sans aucune autre ambition que de boire de la bière avachi devant des films de sa belle époque et des flash-back de ses moments glorieux.

Au détour d’une course à l’épicerie du coin, Johnny voit un gamin se faire tabasser par des lycéens (les petites références du genre à Karaté Kid sont nombreuses dans la série). Quand sa voiture devient un dommage collatéral de l’affrontement, il décide de s’en mêler et rétame un par un les gamins, ce qui réveille sa soif pour le karaté. Revigoré, il décide d’enseigner l’art martial à Miguel, collégien frêle et timide qui va en tirer une leçon de vie et trouver une voie d’épanouissement.

Rocky à la sauce karaté

Au milieu des années 1980, Karaté Kid a tout simplement popularisé les arts martiaux aux États-Unis. À l’époque, le film a rencontré un succès commercial si important que de nombreux produits dérivés ont suivi. Le long-métrage a également connu une flopée de suites moins réussies voire catastrophiques, qui n’ont jamais terni le caractère culte du premier du nom. 34 ans après, le jeune scénariste Josh Heald a décidé de faire honneur à son enfance en remettant au goût du jour l’histoire de Daniel et Johnny.

Objectif réussi pour le bonhomme : Cobra Kai est le digne héritier de la franchise et fourmille de références et de fan service dont les aficionados du genre se délecteront. Si le show frôle souvent la série B, avec ses vannes basses du front, ses jeux d’acteurs médiocres et ses combats ultrachorégraphiés (mais moins “Power Ranger style” qu’auparavant), il défend une vague de nostalgie agréable qui nous ramène à l’enfance et les enseignements que nous confiait Miyagi à travers ses élèves (le dépassement de soi, la justice, l’honneur, le respect des autres…).

Malgré un script très prévisible, qui verra sûrement s’affronter Daniel et Johnny une nouvelle fois à la fin de la saison, Cobra Kai propose quelques bonnes idées. Tout comme Creed : L’Héritage de Rocky Balboa, spin-off de la franchise mythique, ou plus récemment le Jean-Claude Van Johnson de Van Damme, la série est baignée d’une atmosphère mélancolique. Ses personnages, des vétérans fatigués de la vie qui ont perdu la flamme de leur existence, sont des figures tragiques de la littérature, consumés par leur propre nostalgie.

Certes, Daniel et Johnny ne sont pas exempts de clichés, bien au contraire, mais ils portent les traces d’une vie pavée d’échecs (ou de regrets dans le cas du premier) sur les visages de leurs interprètes. À la manière de Sylvester Stallone encore une fois, ces références métafilmiques apportent du caractère et une certaine forme d’empathie à l’égard de ces losers qui n’ont toujours eu qu’une passion : leur budo, ou la voie du karaté.

Aussi insipide soit-il, Cobra Kai propose également un arc narratif qui se concentre sur les jeunes de la série. Cette dimension teen drama pas désagréable mais d’un autre âge (du puceau naïf à la mean girl en passant par le métalleux paria, tous les archétypes y passent) reste poussive. Si on y trouve quelques bonnes blagues et une BO pop/hard rock des 80’s savoureuse, c’est surtout le fardeau de la gloire passée que portent Daniel et Johnny sur leurs épaules qui capte notre attention.

Cobra Kai est une série pleine de défauts, avec une mise en scène à la limite de l’amateurisme, et c’est tant mieux. Elle s’inscrit dans une dimension nostalgique qui comblera les grands enfants, de ceux qui tentaient de reproduire devant leur écran le “crane kick” de la lutte finale entre Johnny et LaRusso. Le show embrasse le sous-texte fondamental du film (une leçon de vie pour les kids par les deux vétérans) pour mieux le retourner (une leçon de vie donnée par les kids aux deux vétérans). Le format judicieux de la série, répartie en 10 épisodes de 25 minutes, vous permettra d’ailleurs de ne pas bouder votre plaisir et d’apprécier le renouvellement déjà validé du show pour une deuxième saison.

En France, la saison 1 de Cobra Kai reste inédite.