Don’t Trust the B—- in Apartment 23 ou le triomphe de la pop culture

Don’t Trust the B—- in Apartment 23 ou le triomphe de la pop culture

photo de profil

Par Marion Olité

Publié le

Si vous avez raté la comédie Don’t Trust the B—- in Apartment 23, il n’est pas trop tard pour découvrir sur Netflix cette hilarante sitcom pop, menée par la future Jessica Jones, Krysten Ritter.

À voir aussi sur Konbini

Elle n’a connu que deux petites saisons, mais l’injustement méconnue Don’t Trust the B—- in Apartment 23 a réussi à se frayer un chemin vers le cœur des sériphiles, en particulier des fans de Dawson et des amateurs de références méta.

Créée par Nahnatchka Khan en 2012 et lancée sur la (peut-être trop) sage ABC à la mi-saison, Don’t Trust the B—- in Apartment 23 est joueuse dès son titre, qui posa problème puisque le B— fait bien sûr référence à “bitch”. ABC censura le mot à l’époque. La longueur du titre et cette histoire de “B” fit que la série a cumulé les noms différents : Don’t Trust the Bitch in Apartment 23, Don’t Trust the B, Apartment 23 ou encore Don’t Trust the B—- in Apt 23. Voilà une série qui  rit d’elle-même avant même son premier épisode !

The Beek from the Creek

Le pitch du show annonçait pourtant une sitcom des plus classiques : deux filles aux personnalités diamétralement opposées vont devenir colocataires : la bitch du titre de la série, c’est Chloe (Krysten Ritter), une New-Yorkaise “party girl” qui a pour priorité de satisfaire ses désirs. Elle accueille une nouvelle coloc, la douce June (Dreama Walker), provinciale naïve qui débarque à NY pour poursuivre ses rêves. Évidemment, la bitch a aussi un cœur, et la gentille peut sortir les crocs à l’occasion.

Le petit supplément de fun, c’est que le “BFF gay mais en version hétéro” de Chloe (elle le décrit ainsi à June) n’est autre que James Van Der Beek, aka Dawson Leery himself. La mise en abîme et les blagues méta sur les déboires de l’acteur après la fin de la série culte des 90’s vont se multiplier pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.

Le comédien incarne une version surréaliste, égocentrique et en même temps touchante de lui-même. Un James qui porte des jeans beaucoup, beaucoup trop serrés : ABC a d’ailleurs joué avec cette blague lors du lancement de la série en lançant la parodie “Put your cheeks in a Beek“.  

Si les clins d’œil à Dawson’s Creek sont toujours savoureux (mention spéciale à l’épisode 1 de la saison 2, “A Reunion…”, dans lequel James décide de faire le deuil de la série en enflammant une barque chargée de souvenirs du tournage, sur la musique du générique “I Don’t Want to Wait”), les scénaristes ont d’autres idées à revendre. On assiste ainsi aux préparatifs de James avant sa participation à Danse avec les stars. Il veut donner des cours de cinéma parce que “si James Franco peut le faire, moi aussi !”. L’acteur prend visiblement son pied à démonter sa propre image. 

Nantis d’une célébrité avec laquelle ils peuvent s’amuser, les scénaristes enchaînent les références à la pop culture à un rythme effréné, comme dans cette scène qui cite pêle-mêle Indiana Jones, James Franco et le film Harvey Milk.

James Van Der Beek est aussi amené à rencontrer l’actrice Kiernan Shipka (Sally dans Mad Men) dans son propre rôle. On entendra également parler d’émissions américaines, de jeux vidéo, forcément de films en tous genres (eh oui, le film pop ultime, Pulp Fiction, est cité), de marques, de titres de magazines US, d’équipes de hockey…

En parlant de pop culture, la série a visé juste en embauchant Eric André dans un rôle secondaire. L’acteur fait depuis les beaux jours d’Adult Swim avec The Eric André Show et joue les BFF cool de Jay Baruchel dans l’irrésistible Man Seeking Woman.

En loser magnifique, James Van Der Beek aurait pu facilement éclipser la star du show si elle n’avait pas été interprétée par Krysten Ritter. Désormais connue pour un rôle bien plus dramatique, celui de Jessica Jones dans la série de Netflix, l’actrice fait des étincelles dans la peau de cette antihéroïne amorale à la répartie cinglante. Elle est servie par des répliques et situations aussi politiquement incorrectes qu’hilarantes.

Aussi géniale soit-elle et complètement en phase avec son temps, Don’t Trust the B—- in Apartment 23 paiera cher son impertinence. Diffusée n’importe comment sur ABC, elle est finalement annulée au terme de 26 épisodes. La chaîne ne proposera même pas à ses fans ses huit derniers épisodes montés et prêts à être diffusés. L’arrivée en intégralité du show sur Netflix a réparé cette injustice, et permet enfin aux sériphiles de découvrir cette pépite pop.