En écoute : la BO rock et psychédélique de la saison 2 de Legion

En écoute : la BO rock et psychédélique de la saison 2 de Legion

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Par Adrien Delage

Publié le

De Pink Floyd aux Rolling Stones en passant par Tame Impala et le Velvet Underground.

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Que le spectateur qui ose prétendre ne pas être perdu dans la saison 2 de Legion soit lapidé sur la place publique. Cette année, le showrunner Noah Hawley pousse encore plus loin la quête existentielle de David Haller en termes d’expérience visuelle, à travers des épisodes qui s’apparentent davantage à des exercices de style. Si on est parfois au bord de la saturation au niveau de l’étrangeté, un élément de sa mise en scène unique ne se trompe jamais : sa musique.

Si les voyages loufoques dans les cerveaux de David et ses camarades de la Division 3 nous font vivre des tripes sous LSD, Legion est aussi une expérience sonore. Noah Hawley est un grand amateur du rock des années 1960 et 1970, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des personnages se nomme Syd Barrett, hommage non dissimulé au membre fondateur de Pink Floyd disparu en 2006.

Non sans une certaine dose d’humour noir, la musique dans Legion sert principalement à créer un décalage avec une situation burlesque. Dès la scène d’ouverture du pilote, où le spectateur découvre en accéléré la vie de David Haller, de son état fœtal à sa tentative de suicide post-adolescent, Noah Hawley met cette séquence en opposition avec “Happy Jack” des Who. Un titre qui raconte l’enfance de Jack, un gamin frêle, sans super-pouvoir et persécuté par ses camarades, mais dont le moral est inébranlable. Tout le contraire de notre cher héros, physiquement surpuissant, mais mentalement instable.

The David Side of the Moon

En saison 2, le showrunner de la série nous fait (re)plonger la tête la première dans le trou du lapin blanc. Entre la Syd venue du futur, le combat d’esprit contre Farouk et la recherche de son corps ou encore les voyages spirituels dans le cerveau couleur d’éden de Ptonomy, Noah Hawley lâche la sauce et déverse toute sa culture musicale. Un orgasme sonore qui fait écho avec justesse au trip halluciné de ces nouveaux chapitres, entrecoupés par des leçons de pédagogie susurrées par la voix de Jon Hamm, magiques et exceptionnelles.

Dans le season premiere, le riff de “We Love You” des Rolling Stones côtoie la voix nasillarde de Perry Farrell de Jane’s Addiction dans “I Would For You”. Pour l’arrivée du Roi d’Ombre, vilain tout-puissant fringué comme un parrain italien, les personnages se dandinent sur “The Tra La La Song” des Banana Splits (peut-être le plus grand moment WTF de la saison pour l’instant). Et quand les effets du LSD commencent à redescendre, Noah Hawley nous repique à grands coups d’“Heroin” composée par le Velvet Underground.

Si le showrunner de Legion aurait dû naître dans les seventies, il apprécie également les mélodies indie rock de notre siècle. En témoigne ce passage fantasmagorique de l’épisode 4, sublimé par les guitares phaser de Tame Impala puis les cordes saturées de The National. Quant aux compositions originales, imaginées par Jeff Russo (Fargo, The Night Of), elles ne sont pas en reste quand il s’agit de sonoriser le style rétrofuturiste du show.

Éclectique, mais résolument rock et hypnotique, la musique de Legion est une forme de catharsis pour son créateur, qui prend un malin plaisir à nous transmettre toute la rage et la folie de son esprit. Ou bien est-ce celui de David ? De toute manière, Legion nous a appris qu’il fallait se perdre dans les méandres de la psyché pour mieux se retrouver.