Le grand cru des webséries du Festival Séries Mania 2016

Le grand cru des webséries du Festival Séries Mania 2016

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Par Adrien Delage

Publié le

Seize créations originales sont en lice pour remporter le prix de la meilleure websérie internationale du Festival Séries Mania. Biiinge vous présente sa sélection.

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La crème des webséries internationales, toutes récentes ou proposées en avant-première, sont réunies dans cette compétition organisée par Séries Mania. Les internautes sont invités à voter directement sur le site de l’événement. Vous pourrez aussi profiter des séances proposées en salles au Forum des Images pour choisir votre production favorite.

Cette sélection présente un joyeux mélange des genres, de la comédie à la science-fiction en passant par des essais dramatiques ingénieux. La sélection nous fait voyager de la France à la Belgique en passant par l’Allemagne, la Corée ou encore le Canada. La compétition est rude.

En attendant le verdict du public, voici les webséries qui nous ont le plus touchées, étonnées et surtout, celles auxquelles nous croyons.

Meilleure surprise

Lily Fever, de Seong Ho Yoon, Jae Yoon Choi et Kwan Su Park (Corée)

Chanteuse au sein d’un groupe, Kim Kyung Ju souhaite partir à l’étranger avec un artiste qu’elle admire. En allant chercher son passeport chez un ami, elle rencontre Jang Yeon Joo, une jeune femme mystérieuse qui lui fait rapidement des avances. Une relation amoureuse se noue entre les deux femmes.

Cette petite bombe rafraîchissante et pleine de bonne volonté traite des rapports lesbiens. L’euphorie des acteurs et la bizarrerie des actions nous entraînent dans un univers coloré et intriguant. En dépit des quelques expressions locales qui nous échappent, la série reste captivante et se regarde avec facilité.

A noter que la star du groupe coréen Fiestar, Jei, véritable idole au pays du Matin calme, joue un rôle dans la websérie. Une chose rare, sachant que les célébrités asiatiques sont plutôt méfiantes vis-à-vis des projets traitant de l’homosexualité, sujet toujours très polémique en Corée. 

Meilleurs décors


Bang Baaja Baaraat, du studio Y-Films (Inde)

En Inde, un jeune couple moderne souhaite se marier, mais la rencontre entre leurs deux familles complique les préparatifs. Issus de milieux sociaux différents, les deux jeunes gens, symboles d’une jeune génération occidentalisée, vont devoir affronter les traditions et les différences qui opposent leurs proches.

Cette interprétation contemporaine et orientale de Roméo et Juliette est portée par un couple d’acteurs indiens très convaincant. Le cadre, lisse et esthétique, épouse à merveille le côté mainstream de cette production qui cherche à renverser les codes de la culture indienne : le sexe est présent de manière audacieuse, des coutumes deviennent des niaiseries tordantes, et les personnages, un brin siphonnés du cerveau, donnent l’impression de sortir d’une comédie romantique occidentale.

Bien écrite, la websérie nous fait voyager dans des décors lumineux et variés, où l’on embrasse une Inde urbaine, poétique et franchement sexy grâce à des plans somptueux.

Meilleure atmosphère

Beard Club, de Pablo Pinasco & Sébastien Nadaud (France)

Beard Club raconte le parcours initiatique et mystique de deux flics désabusés. Sur une énième scène de crime, ils découvrent une femme assassinée, portant une barbe postiche. Cette mise en scène criminelle, quasi burlesque, va les renvoyer à leur propre passé.

Ce thriller psycho-lyrique est la rencontre étonnante entre une ambiance lynchienne et l’esthétique de Wes Anderson. L’ensemble est d’une précision technique remarquable. Les plans sont soignés, le jeu d’acteur rigoureux et l’atmosphère angoissante nous plongent pleinement dans l’enquête du duo.

Mention spéciale au travail réalisé sur la lumière. Composante indispensable de la série, elle favorise l’entrée dans cet environnement oppressant.

Meilleure critique de la société


Translantics, de Britta Thie (Allemagne)

Dans la ville cosmopolite et connectée qu’est Berlin, l’artiste Britta Thie et deux de ses amies peignent le portrait d’artistes influencés par le développement des technologies. Avec ses amies, Thie interroge ironiquement les conséquences de ce monde stimulé par les réseaux sociaux et d’interminables mises à jour.

Décrite comme un mélange entre Girls et les créations de Ryan Trecartin selon Arte Creative, diffuseur de la websérie, Translantics est un ovni visuel. Plus proche du projet artistique que du contenu divertissant, la série peint les émotions, les relations de cette génération dite “digital native”, qui vit au rythme de l’avancée des nouvelles technologies.

La réalisatrice Britta Thie a passé 20 années de sa vie à explorer et tenter de comprendre ce rapport entre internet et les être humains. A l’aide d’animations 3D, de discours théoriques, de photographies réelles ou de représentations virtuelles de l’art, la websérie nous invite à réfléchir sur l’évolution de nos rapports et la digitalisation de nos consciences. Brillant et stupéfiant d’originalité.

Meilleure comédie


The Skinny, de Jessie Kahnweiler (Etats-Unis)

Avec un humour parfois noir, “The Skinny” suit le parcours de Jessie, une Youtubeuse féministe qui doit affronter sa boulimie et le retour de désintoxication de son petit copain. Jessie demande aux autres de l’honnêteté alors qu’elle ne l’est pas envers elle-même.

En faisant le pari d’utiliser des thèmes sensibles (la boulimie) pour en faire un show rempli d’humour, Jessie Kahnweiler s’est surpassée. L’enthousiasme dont elle fait preuve pour se moquer d’elle-même et de sa maladie est communicatif.

La créatrice utilise les contusions physiques et les affronts du quotidien pour s’en moquer et créer un effet de surprise comique qui fait mouche à chaque fois. Le girl power frappe très fort dans cette websérie, où la catharsis mise en scène saura vous faire rire à gorge déployée.

Meilleur thriller


Burkland, une websérie de Gregory Beghin, Belgique.

Au cours de leur voyage de noces, Julia et Jack se sont arrêtés dans un diner américain le long de la route. Depuis, on ne les a jamais revu. Burkland, c’est une petite bourgade aujourd’hui abandonnée. Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut regarder les images d’un smartphone retrouvé sur place, celui de Julia. Lou, une jeune journaliste déterminée est en possession de ces images et est bien décidée à enquêter sur le mystère de Burkland !

Dés le début de l’épisode pilote, les créateurs nous invitent à vivre l’expérience sur notre smartphone. Une mise en abyme judicieuse vu le pitch de la série, centré autour d’images d’archives dudit objet. La scène d’introduction est agrémentée d’une musique proche de l’Outlaw Country de Willie Nelson, qui nous plonge avec efficacité dans cette exode vers l’inconnu.

Au premier abord, cette série a tout d’une production en provenance des studios d’AMC. Et pourtant, Burkland est le résultat d’un jeune réalisateur malin. L’utilisation de mouvements de caméra ultra-rythmés, proche du “found footage”, tantôt à l’épaule, tantôt filante et spectrale, font naviguer la rétine du spectateur. Franchement flippante, sans forcément tomber dans les représentations nanardesques de la création dystopique, cette websérie est un road-trip d’épouvante assumé, qui donne illico envie de découvrir la suite.

Meilleure réalisation


American Dream, Barthélemy Grossmann (France)

Cette websérie dont on vous avait déjà parlé il y a quelques mois tient toutes ses promesses de réalisation et de casting. American Dream est encadrée par les mains expertes de Barthélemy Grossmann (la saison 2 des Lascars, Verso), qui s’est entouré d’un casting grand luxe pour cette production : Nassim Lyes Si Ahmed et Alexandre Achdjian des Lascars, Mahamadou Coulibaly (la saison 4 de Falco, Banlieue 13 Ultimatum), le rappeur Chop Black et la participation exceptionnelle de Michael Madsen (!!!) aperçu récemment dans Les Huit Salopards.

Dopée à l’humour noir et aux scènes d’actions efficaces, American Dream bénéficie d’une belle mise en scène, portée par une exigence d’écriture qui transpire à l’écran. La bande son, parsemée de tracks hip-hop made in Chop Black, est aussi très lourde. Une réussite totale.

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