Hate watching : Famous in Love, pourquoi ?

Hate watching : Famous in Love, pourquoi ?

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Par Florian Ques

Publié le

Envie de vous faire violence ? Mieux que l’autoflagellation, on vous propose la pas si fraîche Famous in Love, un concentré de clichés en série.

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Nous sommes en 2017. En cette ère de Peak TV, le petit écran accueille toute une pléiade de séries qui ne cessent de repousser les limites et démonter les idées préconçues. Aussi bien sur le plan scénaristique qu’esthétique, la sphère sérielle mute et est en constante évolution. Les mastodontes du game, HBO ou AMC pour ne citer qu’eux, ont clairement zappé de faire passer le mot à leur copine Freeform. Après avoir donné naissance aux médiocres Pretty Little Liars et Shadowhunters, la chaîne câblée américaine vient de mettre au monde une énième immondice : Famous in Love, une série aussi alléchante que son titre. Accrochez-vous.

Grâce à sa silhouette élancée et son visage symétrique, la jeune Paige Townsen décroche le premier rôle féminin de Locked, un blockbuster pour pucelles dans la même veine que Twilight. La série tente de nous faire croire qu’elle y parvient par son talent, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que l’héroïne joue (presque) aussi bien que l’ensemble du casting de Sharknado. S’ensuit alors le trope inévitable du teen drama : le triangle amoureux. Paige devient l’objet de l’affection de ses deux collègues sur le tournage, sans compter ses sentiments ambigus pour son colocataire aux abdos nettement plus marqués que son charisme.

Outre les déboires émotionnels de notre starlette en puissance, Famous in Love se dote d’un fil rouge des plus palpitants : Paige réussira-t-elle à concilier sa carrière d’actrice hollywoodienne avec ses études d’économie à l’université ? Vous l’aurez compris, on a vu mieux comme storyline majeure. Fort heureusement, le show régale avec des intrigues secondaires qu’on jurerait tirées d’une telenovela bas de gamme. On peut parler par exemple de Cassie, la BFF et colocataire de Paige, qui a un secret aussi terrible que son jeu d’actrice : elle fait la soubrette topless pour des vieux pervers ultrafriqués. Rappelons que les loyers sont pas donnés à Los Angeles, et aussi qu’il n’y a pas de sous-métier.

En revanche, y a-t-il des sous-séries ? En cinq épisodes visionnés, Famous in Love soulève la question. Pour Freeform, l’existence du show se justifie rapidement. Avec le clap de fin imminent des menteuses de Pretty Little Liars, la chaîne se démène pour lui dénicher un successeur. Pour ça, elle a voulu miser sur Bella Thorne, un temps it girl de Disney devenue influenceuse bankable sur Instagram. Cerise sur le gâteau, la série est inspirée du best-seller éponyme de Rebecca Serle. La recette du succès ? Tout le contraire.

À l’instar du yaourt (bio, évidemment) qui trône sur l’étagère de mon frigo, Famous in Love est, faute de meilleur terme, périmée. Avec son pitch convenu et superficiel, la série aurait davantage mérité sa place sur la CW au début des années 2000. Une production cheap, une réalisation trop classique, des prestations peu convaincantes… Famous in Love se traîne tellement de casseroles qu’il en devient difficile de lui reconnaître des qualités. Le show est coincé dans un entre-deux où elle est ni assez innovante pour capter notre attention, ni assez rétro pour maîtriser la carte de la nostalgie.

À contre-courant des teen dramas contemporains qui gagnent en profondeur, Skam et 13 Reasons Why en tête, le dernier bébé de Freeform fait preuve d’une vacuité déconcertante. Les enjeux sont inexistants, les interactions prévisibles au possible. Jusqu’ici rodée aux personnages de mean girl impitoyable, Bella Thorne fait de son mieux pour incarner l’archétype de la jeune ingénue. Malheureusement, tout le fond de teint arboré par l’actrice ne suffira pas pour masquer l’imperfection qu’est Famous in Love.

Par son échec cuisant, la série a le mérite de soulever une problématique pertinente. Les scénaristes de Freeform pensent-ils que les ados n’ont pas de critères qualitatifs ? On ne demande pas à Famous in Love d’être un vecteur de pensée philosophique (ça serait compliqué), mais au moins de faire preuve de maturité, aussi bien dans ses personnages que dans sa narration. Est-ce trop demander ?

Au bout du compte, pour reprendre les propos de ce sage Denis Brogniart, la sentence est irrévocable : Famous in Love s’est plantée et fait régresser le genre du teen drama d’au moins dix ans. Je regarderai cela dit le reste de la saison, tiraillé entre fascination et dégoût. Car Famous in Love est comme un accident sur l’autoroute. Tragique, choquant et difficile à regarder. Et pourtant, la faute à notre satanée curiosité morbide, on ne peut s’empêcher de garder les yeux rivés sur un tel carnage.

Famous in Love a démarré le 18 avril dernier outre-Atlantique, et l’intégralité de la saison 1 est disponible sur le site de Freeform.