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How to Get Away with Murder clôture une troisième saison en demi-teinte

How to Get Away with Murder clôture une troisième saison en demi-teinte

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Par Florian Ques

Publié le

Focus sur un troisième chapitre inégal où les défauts prennent le pas sur les qualités. Attention, spoilers.

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Fraîchement bouclée, la troisième salve de How to Get Away with Murder a été riche en rebondissements, mais ces derniers n’ont pas toujours réussi à séduire.

Un procédural sous couverture

À chaque saison son nouveau meurtre : tel est le procédé auquel nous a maintenant bien habitués How to Get Away with Murder. Avec trois fournées au compteur, la série made in Shondaland réserve son lot de bonnes surprises et de twists imprévisibles, en dépit d’une narration prémâchée et redondante. Les ingrédients changent mais la recette reste identique. Les élèves fétiches d’Annalise Keating (la prof de droit qu’il ne faut absolument pas avoir) s’impliquent dans des embrouilles improbables. Pour la faire courte, à chaque nouvelle salve d’épisodes, ils sont au fond du trou et continuent de creuser.

Si la saison 2 tentait de maintenir le niveau après l’affaire Sam en nous introduisant les Hapstall, leur histoire a très vite fait l’effet d’un pétard mouillé. La faute, sans doute, à un storytelling paresseux qui est également venu entacher la troisième saison. Le problème avec How to Get Away with Murder réside dans son format trop procédural, à la façon du “on prend les mêmes et on recommence”. En d’autres termes, la série s’est cloisonnée dans sa narration.

Cette dernière ne change tout bonnement pas. Un drame a lieu. On en apprend davantage avec des flashforwards (et un filtre bleu abusif). Un retournement de situation vient changer la donne. Retour au présent. Des flashbacks viennent mettre en lumière la vérité. Enfin, le season finale envoie du lourd en lâchant une info qu’on n’attendait pas. Voici la recette, relativement efficace, qu’utilise How to Get Away with Murder depuis ses débuts. Une recette qui commence à montrer des signes d’essoufflement.

Mais How to Get Away with Murder n’est pas la seule à se retrouver piégée par sa propre intrigue. Davantage de séries veulent démarrer sur les chapeaux de roue avec un point de départ high-level. Le but ? Agripper un public large le plus vite possible. Naît alors une volonté de surenchère, pour ne pas décevoir ses adeptes, au risque d’en faire trop. C’est souvent dans cette spirale infernale qu’atterrissent les shows débutant sur un meurtre.

Lors de sa saison inaugurale, Pretty Little Liars partait sur une bonne voie avec suffisamment de mystère et de storylines secondaires pour nous captiver. Par la suite, le teen show s’est perdu et a préféré opter pour un “toujours plus” étourdissant. La petite nouvelle Riverdale risque de tomber dans le même panneau. À l’image de ces dernières, How to Get Away with Murder a voulu démarrer trop fort et peine depuis à maintenir un quelconque équilibre, ce qui aboutit à du remplissage et des épisodes clairement inégaux.

Une intrigue sauvée par ses personnages

Si le bébé de Peter Nowalk se la joue “safe” au niveau de la narration, il en est autrement au niveau de ses protagonistes. En éliminant Wes, pilier des Keating 5, la série effectuait un pari audacieux. Sur bien des aspects, cette prise de risque aura porté ses fruits. Au sommet du podium : Laurel. Le développement du personnage, en particulier son deuil dans la seconde partie de saison, aura permis à son interprète Karla Souza d’étayer son jeu d’actrice et de faire davantage ses preuves.

En revanche, l’impact sur les autres membres de la bande était moindre. Comparé à des Michaela et Connor plus nuancés, Wes restait beaucoup trop lisse et, osera-t-on le dire, un brin insipide. Sa mort soudaine (et atroce, certes) ne réussissait pas à tirer suffisamment sur la corde émotionnelle. La faute à la série en elle-même, qui n’a pas pris le temps de montrer le groupe d’étudiants dans son intimité, de souligner ce qui pouvait les rapprocher (autre que brûler un cadavre dans les bois).

Quant à la génialissime Viola Davis, elle est toujours aussi excellente. En dépit de son acting hors pair, l’actrice fraîchement oscarisée incarne au bout du compte un personnage prévisible et répétitif. Annalise Keating est sûre d’elle, toute-puissante et imperturbable, avant qu’elle n’atterrisse au fond du trou. Alcool, dépression, deuil : tout y passe. Il suffit ensuite d’une scène où un autre personnage vient la secouer ou lui hurler dessus pour qu’Annalise pousse une gueulante et redevienne badass. Jusqu’à ce que ce cycle émotionnel recommence, encore et encore.

Sa relation avec Nate, l’éternel dommage collatéral de How to Get Away with Murder, s’est engoncée dans une redondance incompréhensible. Annalise continue de mettre en péril son travail, son intégrité, sa vie. Il se venge en lui crachant les pires insanités au visage, promettant de couper les ponts une bonne fois pour toutes. Avant de revenir, la queue entre les jambes, pour continuer à tenir un rôle dans sa vie. Cette idylle autodestructrice fait inévitablement écho à la tout aussi répétitive histoire d’amour entre Olivia Pope et le président dans Scandal, ce qui n’est pas nécessairement un compliment.

Et ce n’est pas seulement en ça que How to Get Away with Murder prend des airs de Scandal. Le twist final de la saison 3, révélant que le papa de Laurel était derrière le meurtre de Wes, rappelle la relation toxique entre Olivia Pope et son propre père, une sorte de mafieux aux intentions rarement louables. Somme toute, l’échiquier de la série continue de s’agrandir. Les enjeux risquent de grimper d’un cran pour la quatrième saison attendue à l’automne 2017. Il ne reste plus qu’à espérer que ces grands enjeux ne viendront pas éclipser le développement des Keating 5, en l’occurrence le vrai point fort de cette saison achevée il y a peu.