Lena Headey accuse aussi Harvey Weinstein de harcèlement sexuel

Lena Headey accuse aussi Harvey Weinstein de harcèlement sexuel

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Par Marion Olité

Publié le

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“J’ai rencontré Harvey Weinstein pour la première fois au Venice Film Festival. Le film Les Frères Grimm y était projeté (durant le tournage, j’ai été sans cesse persécutée par le réalisateur Terry Gilliam). À un moment, Harvey m’a demandé de l’accompagner à la plage, j’ai marché avec lui, puis il s’est arrêté et a commencé à me faire des commentaires suggestifs, un geste, j’ai juste ri, j’étais vraiment choquée, je me souviens avoir pensé, c’est forcément une blague, j’ai dit quelque chose du genre : ‘Mais enfin mec ?!??’
Ce serait comme embrasser mon père !! Allons donc boire un verre, revenons vers les autres. Je n’ai plus jamais été dans un film Miramax par la suite.”

Malheureusement, l’histoire de Lena Headey ne s’est pas arrêtée là et l’actrice a dû refaire face au producteur quelques années plus tard, comme elle l’explique.

“La fois suivante, c’était à Los Angeles. Des années plus tard. J’avais toujours espéré qu’il n’essaierait plus jamais rien avec moi après mon rire et mon refus catégorique. Je croyais qu’il respectait les limites que j’avais posées, et qu’il voulait peut-être me parler d’un potentiel projet de travail.”

“Il m’a demandé de le voir lors d’un petit-déjeuner. Nous avons mangé, et parlé de films et de réalisation. Il m’a posé quelques questions sur l’état de ma vie amoureuse. J’ai redirigé la conversation vers un sujet moins personnel. Puis il est allé aux toilettes. Quand il est revenu, il a dit : ‘Allons dans ma chambre, je veux te donner un script à lire.’ Il a marché jusqu’à l’ascenseur et j’ai senti un changement d’atmosphère, tout mon corps est passé en alerte rouge, l’ascenseur montait et j’ai dit à Harvey : ‘Je ne suis pas intéressée par quoi que ce soit d’autre que le travail, s’il te plaît, ne pense pas que je monte avec toi pour une autre raison, il ne va rien se passer.’
Je ne sais pas ce qui m’a possédée à ce moment-là pour que je parle à voix haute, seulement la sensation impérieuse de faire passer ce message, ‘ne t’approche pas de moi’.”

“Il était silencieux après ça. Furieux. Nous sommes sortis de l’ascenseur et avons marché vers sa chambre d’hôtel. Sa main était dans mon dos. Il me faisait avancer, sans un mot, je me suis sentie complètement impuissante, il a voulu passer sa carte clé mais elle ne marchait pas, et il s’est vraiment mis en colère. Il m’a ramenée à l’ascenseur, on a marché à travers l’hôtel jusqu’à un voiturier, il me saisissait par l’arrière du bras, me tenant étroitement, il a payé ma voiture et m’a murmuré à l’oreille : ‘Ne parle de ça à personne, ni à ton manager, ni à ton agent’. Je suis rentrée dans ma voiture et j’ai pleuré.”

Lancée par les enquêtes du New York Times et du New Yorker, l’affaire Harvey Weinstein n’en finit plus de rebondir. Chaque jour, de nouvelles femmes témoignent et des proches du producteur, comme le patron d’Amazon, qui vient de démissionner après avoir été accusé de harcèlement sexuel par l’une des productrices de Man in the High Castle, ou l’acteur Ben Affleck, sont mis en cause.
Cette terrifiante affaire a eu le mérite d’ouvrir une brèche, dans laquelle de nombreuses femmes victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles ont pu s’engouffrer pour enfin s’exprimer sur leurs traumatismes. Et il y a du boulot, dans tous les milieux, comme en témoigne le hashtag #BalanceTonPorc en France.