Marvel’s Luke Cage : Harlem Story

Marvel’s Luke Cage : Harlem Story

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Marvel’s Luke Cage

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Par Marion Olité

Publié le

Troisième justicier né du partenariat entre Marvel et Netflix, Luke Cage a débarqué vendredi 30 septembre. Est-il à la hauteur de Jessica Jones et Daredevil ?   

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Introduit dans la première saison de Marvel’s Jessica Jones, le personnage de Luke Cage (Mike Colter) a maintenant droit à son propre show. Exit Hell’s Kitchen. Soucieux de faire oublier un passé tumultueux, l’homme à l’épreuve des balles a élu domicile dans le quartier de Harlem. Cumulant les petits jobs alimentaires (plongeur, balayeur dans un salon de coiffure), il ne demande rien à personne. Mais quand son mentor, Pop, devient une victime collatérale du mafieux Cottonmouth (Mahershala Ali), Luke va devoir prendre une décision : se battre ou fuir.

Peu après l’annonce d’une série centrée sur Luke Cage, le showrunner Cheo Hodari Coker avait énoncé son ambition de produire le “The Wire de Marvel”. C’était certes un peu audacieux de sa part de sortir une référence aussi puissante tant de fois galvaudée, mais au vu du résultat, on comprend ce que le scénariste a voulu faire. Évidemment, Marvel’s Luke Cage ne dépeint pas le fonctionnement de la ville de Harlem de façon aussi précise, quasi documentaire, que ne le faisait David Simon avec Baltimore. Ce n’est pas le but.

Ici, il s’agit plutôt de trouver un équilibre entre les éléments exubérants des comics, le divertissement pur et dur et un univers inspiré de la réalité, où la bonne volonté des habitants de Harlem se heurte au business de politiques corrompus et des mafieux qui tiennent la ville à coups de règlements de compte, de racket et d’intimidation. Comme Daredevil et Jessica Jones, Luke Cage évolue dans un univers spécifique, qui n’appartient qu’à lui. Il fait face à des questionnements intrinsèques à sa condition de super-héros en devenir, mais son attachement à Harlem en fait aussi un leader de cette communauté également en plein doute.

Chacune des séries Marvel/Netflix aura réussi ce pari de proposer un univers à chaque fois adulte et personnel à chaque justicier. Le cahier des charges de Luke Cage est ainsi bien rempli : scènes d’action adaptées au style “bourrin” de ce personnage incassable, une galerie de méchants un poil too much et binaires mais qui fait du bruit et s’insère bien dans le style blaxploitation assumé, un accent mis sur la musique hip-hop et l’évocation de sujets de société.

C’est sur ce dernier point que la série se distingue vraiment de ses prédécesseurs. Avec une série qui se déroule à Harlem et un justicier afro-américain (quasiment une première) imperméable aux balles, Cheo Hodari Coker avait évidemment la matière pour développer la vie de cette communauté gangrenée par la violence, qui tente de garder la tête hors de l’eau. Le scénariste n’hésite donc pas à aborder des sujets comme le “N word”, un certain déterminisme social évoqué à travers la trajectoire de Cottonmouth ou encore le manque d’espoir qui amène le danger du populisme (dans une scène ou l’étranger Luke Cage met en avant les valeurs de solidarité et d’ouverture là où Cornell Stoke tente d’amadouer les foules à coup de paternalisme et de repli sur soi). En toile de fond, impossible aussi de ne pas penser au mouvement Black Lives Matter avec ce héros noir, vêtu d’un hoodie et souvent accusé à tort pour des crimes qu’il n’a pas commis.

Les fans du comics ne sont pas oubliés

Ce n’est pas toujours simple pour Cheo Hodari Coker de trouver la bonne balance entre l’univers complexe de Harlem et celui beaucoup plus simpliste du justicier Luke Cage qui fait face à différents bad guys. Parfois, on aura donc l’impression que ça ne va pas assez vite ou au contraire que la série prend un tournant tout d’un coup très comics alors qu’on écoutait, tranquille, les conversations des protagonistes dans leur “barber shop”.

C’est qu’il ne faut pas oublier non plus de faire avancer l’histoire et de proposer différents ponts entre les séries Marvel/Netflix, voire le MCU (Marvel Cinematic Universe). Les fans se feront un plaisir de noter tous les “easter eggs” (ils sont nombreux) présents dans cette première saison. Le plus gros d’entre eux est bien sûr la présence de Claire Temple (Rosario Dawson). Si l’actrice est parfaite, on n’a plus de doutes sur l’utilité de son rôle : si elle soigne les justiciers blessés, elle est surtout cantonnée à sortir des lapalissades du genre “ne fuis pas, les gens ont besoin de toi, bla, bla, bla…”. 

Si tout n’est pas parfait dans cette première saison, Marvel’s Luke Cage ne manque toutefois ni de style ni de profondeur. Et si dans cette version, il ne porte pas la fameuse chemise jaune des comics, la série devrait tout de même ravir les fans de la première heure.