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Patricia Moore : entre adolescence, premiers amours et cannibalisme

Patricia Moore : entre adolescence, premiers amours et cannibalisme

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© Blackpills

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Par Florian Ques

Publié le

Dans la lignée de l’acclamé Grave, la prochaine production Blackpills croque le cannibalisme à pleines dents dans le thriller anxiogène Patricia Moore.

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Le cannibalisme, ça fait peur (à raison, on ne va pas se mentir). Dans les salles obscures, cette pratique alimentaire peu commune est souvent dépeinte comme une atrocité, ce qui explique son omniprésence dans les films de genre horrifique à l’instar de The Green Inferno ou encore la franchise cheap des Détour mortel. Mais, depuis quelque temps et grâce au petit écran essentiellement, le cannibalisme est abordé de manière plus humaine et pragmatique.

Peuvent en témoigner des séries comme le carton The Walking Dead ou encore plus récemment The Terror, qui présente le fait de manger son prochain comme une nécessité et l’ultime recours de l’humanité. Tout droit venue du pays des kangourous, Patricia Moore entend apporter son propre éclairage sur le sujet.

Présentée à la dernière édition du festival Séries Mania, le show se penche sur l’héroïne du même nom, une ado en pleine puberté qui sillonne le bush australien à bord d’un camping-car avec sa famille. Celle-ci est composée de sa mère psychorigide, son oncle calculateur et son petit frère à la candeur déconcertante. Si les Moore ont opté pour ce mode de vie itinérant, c’est bien parce qu’ils fuient la secte cannibale à laquelle ils appartenaient… et dont ils ont d’ailleurs conservé l’addiction première.

“C’est une histoire de famille depuis le début, avant même d’être sur le cannibalisme, affirme Blake Fraser, créateur polyvalent de cette série digitale. Je voulais explorer la vie d’une famille dont les membres avaient l’impression d’appartenir les uns aux autres”. Un pitch qui n’est pas sans nous évoquer le Grave de Julia Ducournau, acclamé dès sa sortie en 2017. Le sentiment de codépendance entre Patricia et les autres Moore est palpable dès les premiers épisodes, focalisés sur leur quête de chair humaine pour calmer leur appétit. Mais tout se complique lorsque l’adolescente développe un crush pour Toby, un lycéen du coin.

C’est là que Patricia Moore gagne en complexité, Toby personnifiant le besoin d’émancipation de notre héroïne tourmentée. D’ailleurs, si l’on prend davantage de recul, le cannibalisme peut être perçu comme une métaphore des liens familiaux, qui peuvent nous combler comme sérieusement nous bouffer. Dans le cas présent, c’est plutôt la seconde option, Patricia devant composer avec une famille qui compte bien diriger ses moindres faits et gestes.

Sur le plan visuel, la prochaine série de Blackpills affiche une réalisation léchée, avec des influences photographiques revendiquées par son créateur allant de Gregory Crewdson (pour l’ambiance) à Raymond Depardon (pour les paysages désertiques). En dépit de son format court (9 épisodes d’une dizaine de minutes), Patricia Moore s’impose comme un thriller familial maîtrisé, couronné par un casting trois étoiles avec l’excellente Danielle Cormack (Wentworth) dans un rôle principal.

Patricia Moore sera prochainement disponible sur l’application gratuite Blackpills.