Preacher vire dans l’horreur et la sorcellerie pour son début de saison 3

Preacher vire dans l’horreur et la sorcellerie pour son début de saison 3

Image :

© AMC

photo de profil

Par Adrien Delage

Publié le

Au menu d’Angelville : “transpoil”, piment de scorpion et céréales Boo Berry. Attention, spoilers.

À voir aussi sur Konbini

Après un passage mouvementé à La Nouvelle-Orléans, le trip divin du trio de Preacher a été brusquement stoppé. En cause, l’assassinat de Tulip par Lara Featherstone, qui a laissé Jesse et Cassidy traumatisés. Consumés par le chagrin mais pas abattus, le pasteur du Texas et le vampire irlandais ont pris la route vers une bourgade lugubre de la Louisiane appelée Angelville. Là, ils espèrent trouver un moyen de ramener la tueuse à gages d’entre les morts et lever le voile sur une partie du passé de Jesse.

En saison 2, Seth Rogen, Evan Goldberg et le showrunner Sam Catlin ont musclé leur game pour faire de Preacher la série la plus déjantée et blasphématoire de la décennie. Dans la plus pure tradition du comics signé Garth Ennis et Steve Dillon, le trio à la tête de la série s’est permis de rendre Jésus trisomique, faire des vannes sur les prépuces, déguiser Dieu en chien SM et donner vie au terrifiant Herr Starr, froidement incarné par Pip Torrens. Forcément, en saison 3, les fans les attendent au tournant et espèrent encore être surpris par le voyage initiatique et (littéralement) infernal de Jesse, Cassidy et Tulip.

Le season premiere avance sur un rythme plutôt lent qui permet d’étendre la mythologie de Preacher et d’explorer la vie passée du pasteur. En effet, on découvre dans “Angelville” ses tuteurs, auteurs des meurtres de ses parents : la sorcière Gran’ma et ses inquiétants sbires Jody et TC. Trois nouveaux personnages qui sont campés avec beaucoup de malice par Betty Buckley (Split), Jeremy Childs et Colin Cunningham (le génial Julian Slink de Blood Drive).

Retour au purgatoire

Comme dans les comics, les scénaristes de Preacher n’ont pas fait traîner la révélation : Tulip est plongée dans le purgatoire, sorte d’antichambre de l’enfer où les âmes errantes revivent un souvenir traumatisant, avant d’être ressuscitée par la magie de Gran’ma. Une fois encore, la série est visuellement très inspirée pour représenter ses concepts spirituels. Le purgatoire de Tulip ressemble au salon de son enfance, où elle était perdue entre la prostitution de sa mère et la violence d’un père absent et amateur d’armes.

Dans ces séquences, Preacher fait appel à notre culture du cinéma d’horreur et du fantastique à travers des références de mise en scène : les coups de hache de Shining, la grand-mère spectrale d’Insidious, l’ambiance morbide de la saison Coven d’American Horror Story, l’atmosphère afro-politique de Get Out, le chat du Cheshire d’Alice au pays des merveilles… Ce season premiere vire carrément dans le macabre voire le sordide pour mettre en parallèle la situation de Tulip et Jesse : les deux personnages sont rattrapés par leur sombre passé et devront s’en sortir en l’affrontant.

Si l’épisode est assez verbeux pour introduire ce nouvel univers, il ne lésine pas sur les effusions de sang. Le combat entre Jody et le prêtre est particulièrement violent, mis en avant par une réalisation nerveuse et des plans ingénieux (la caméra qui tremble sous le poids de la camionnette soulevée par Jody). La série d’AMC a toujours été excellente en termes de scènes musclées (qui n’a pas été traumatisé par le coup de la tronçonneuse en saison 1 ou le massacre à répétition du motel en saison 2 ?) et nous voilà prévenu·e·s sur la dangerosité qui rôde à Angelville.

En revanche, on en attend un peu plus quant au traitement narratif des personnages. Un des enjeux majeurs de la saison 2 a été révélé à Jesse en ce début de saison : Cassidy est épris de Tulip et le trio s’embarque dans un triangle amoureux pas franchement excitant. Le choix scénaristique est assez perturbant quand on sait qu’aucune mention n’est faite dans les comics à ce sujet, et que Joseph Gilgun est bien plus performant en comic relief conspirationniste qu’en Baudelaire atteint de spleen à l’eau de rose.

Hormis ce petit détail, la saison 3 de Preacher a toutes les chances de faire passer un cap à la série et devenir la meilleure de toutes. Elle devra pour cela lâcher quelques pistes sur son MacGuffin divin, continuer à remuer les codes de la moralité et de la bien-pensance à la télévision, et surtout éviter de s’égarer en chemin avec des sous-intrigues rasoir, comme en a souffert la deuxième saison. Mais tant que le trio poursuit sa dynamique, on a juste à apprécier son road trip qui sent bon la magie noire et l’humidité des mangroves en trempant nos Boo Berry dans un bol de whisky.

En France, la saison 3 de Preacher est diffusée en US+24 sur OCS Choc.