À lire : Negan, le comics sur les origines du psychopathe de The Walking Dead

À lire : Negan, le comics sur les origines du psychopathe de The Walking Dead

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© Image Comics/Delcourt

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Par Adrien Delage

Publié le

Delcourt vient de traduire en français la mini-série Here’s Negan, qui retrace les premiers pas du leader des Sauveurs dans l’apocalypse zombies.

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Les nouvelles n’étant pas très joyeuses du côté de la série The Walking Dead, autant se tourner vers les comics. Et cela tombe bien puisque Delcourt, l’éditeur français de la saga littéraire, sort un one shot longtemps attendu dans l’Hexagone : Negan. Comme son nom l’indique, ce comics est une mini-série qui retrace les origines de l’homme à la batte, de ses jours heureux avec sa femme Lucille jusqu’au début de la fondation des Sauveurs. L’ouvrage est bien évidemment mené par l’équipe habituelle, à savoir Robert Kirkman au scénario, Charlie Adlard à l’encrage et aux dessins et Cliff Rathburn pour la balance des gris.

Cette mini-série est une adaptation française de Here’s Negan, sortie sur le sol américain chez Image Comics en avril 2016. Delcourt avait profité du Free Comic Book Day (FCBD) pour en dévoiler quelques pages dans son édition 2018 avant de commercialiser l’intégralité de l’histoire en deux versions, une simple et une deluxe. Le titre est étoffé de trois stand-alone sympathiques mais assez anecdotiques sur le passé du Gouverneur, de Michonne et de Tyreese, qui n’étaient jamais parus dans nos contrées. Voilà qui devrait vous contenter en attendant un potentiel spin-off sur Negan, pour lequel milite activement Jeffrey Dean Morgan.

Negan : A Walking Dead Story

Avant l’arrivée du cataclysme, Negan était un coach sportif de la classe moyenne américaine. Marié et joueur de ping-pong émérite, il s’exprimait déjà à travers sa verve légendaire et vulgaire (“Avec un poignet aussi faible, il me faudrait au moins trois photos de ta mère pour pouvoir envoyer la purée”, lance-t-il à un de ses étudiants pour l’humilier dès les premières pages). Mais le Negan des débuts est un homme infiniment moins cruel, qui tente de s’intégrer dans une société où il ne se sent pas à son aise.

Rapidement, il fait face à une épreuve. Sa femme Lucille est atteinte d’un cancer incurable qui lui vaudra de longues nuits d’insomnie. Petit à petit, Negan s’éloigne d’elle en trouvant d’autres partenaires sexuelles, Lucille n’étant plus capable de partager des rapports intimes. Le premier twist surgit alors : sa femme est consentante et ne veut pas priver son mari des plaisirs de la vie à cause de sa maladie. Mais fou amoureux d’elle, Negan met un terme à ces relations futiles pour se concentrer sur sa femme et ses derniers jours à vivre, jusqu’au drame de l’apocalypse zombie.

Comme chaque survivant présent depuis longtemps dans The Walking Dead, le futur rival de Rick passe par la case morbide du meurtre d’un mort-vivant. Se sentant d’abord comme un assassin, Negan se retrouve incapable d’achever sa femme zombifiée puis sombre dans la mélancolie et la solitude. Ses airs patibulaires cachaient donc bien une profonde blessure qui ne guérira jamais vraiment. Par la suite, le récit du comics nous montre comment les éléments emblématiques de sa personnalité et de son physique se sont forgés pour arriver au Negan que l’on connaît aujourd’hui.

On pense évidemment à sa batte de base-ball, à l’origine du nom “Sauveur” qui décrit sa communauté ou encore à sa rencontre avec Dwight, le visage encore frais et lisse. Si les fans et lecteurs seront ravis d’en apprendre davantage sur la mythologie du personnage, d’autres seront moins enclins à découvrir une explication par trait de caractère (comme l’origine des barbelés sur Lucille, marrant mais un poil too much). Ainsi, la perte du mystère entraîne paradoxalement une forme de démythification de l’antagoniste, à la manière du récent spin-off de Star Wars sur le personnage de Han Solo.

Am, stram, Glenn

Si le trait granuleux de Charlie Adlard fonctionne toujours aussi bien, notamment dans les scènes de violence où la psychopathie latente de Negan pointe le bout de son nez, le dessinateur est un peu moins appliqué que sur la série régulière. C’est surtout gênant avec les survivants qui croisent le chemin de l’homme à la batte au cours de son périple, qui ont tendance à tous se ressembler. Rien à redire en revanche sur les gris de Cliff Rathburn, qui instaurent un climat pesant et de plus en plus noir au récit, symbole de la descente aux enfers de Negan.

Le comics met en avant de manière pertinente et captivante la dualité entre le leader des Sauveurs et Rick. Le shérif a toujours tiré les autres vers le haut, quitte à transformer les plus faibles en meneurs en tirant le meilleur de leur individualité (Carol, Glenn, Maggie, Andrea dans les comics…). A contrario, Negan ne veut pas de faibles dans sa communauté, en raison de ses différents passages catastrophiques où des inconnus l’accompagnent avant de se faire trucider par les rôdeurs. Il pense son peuple comme un seul bloc, qui fonctionne comme un troupeau rouleau-compresseur.

La force du récit de Negan réside essentiellement dans sa transformation en mâle primitif et autoritaire. Robert Kirkman nous offre un passage jouissif vers la fin du comics, où l’homme à la batte explose la tronche d’un homme misogyne après une remarque pédophile. Le toisant d’un regard sinistre, se tenant au-dessus de sa victime écrasée par terre comme de la confiture, un œil gisant dans le sang et la cervelle comme un signe funeste du destin de Glenn, Negan se retrouve à présent, on le comprend, dans une zone grise, consumé par le chagrin et la putréfaction d’un monde qui en a trop demandé à un banlieusard un peu bourru.

©Delcourt

Le comics Negan est disponible aux éditions Delcourt en deux versions, une simple et une collector, dans toutes les bonnes crémeries.