Riverdale touche le fond, mais continue (malheureusement) de creuser

Riverdale touche le fond, mais continue (malheureusement) de creuser

Image :

© The CW/Netflix

photo de profil

Par Florian Ques

Publié le

Riverdale, ô Riverdale, que t’est-il arrivé ?

À voir aussi sur Konbini

Depuis la mise en ligne de son tout premier épisode, je défends Riverdale bec et ongles. C’est presque devenu un réflexe. J’affirme à qui veut l’entendre que, oui, Riverdale a ses défauts (et ils sont nombreux, c’est indéniable), mais qu’elle n’en demeure pas moins jouissive. C’est une série qui ne se prend pas au sérieux et qui, surtout, n’a pas la prétention d’être plus que ce qu’elle est. “Mais c’est pas réaliste comme série”, beuglaient les haters de mon entourage. No shit, bien sûr que Riverdale n’est pas réaliste. Son côté kitsch et over the top, souvent critiqué, contribuait à son charme.

Charme qui, à mon plus grand désarroi, s’est sérieusement érodé au fil de la diffusion de sa deuxième saison. Ce qui, un temps, était qualifiable de fun et décomplexé ne l’était plus. Et pourtant, je continuais d’être dans le déni. Après avoir ingurgité ma quarantaine de minutes hebdomadaire de Riverdale, de moins en moins digeste, je persistais à me dire que le suivant allait remonter le niveau et que, oui, la série avait encore des choses intéressantes à me raconter. Maintenant, je n’y crois plus et mes techniques d’autoconviction ne font plus effet.

À contrecœur, je le dis : Riverdale est devenue médiocre au possible. Et il y a plusieurs pistes de réflexion qui pourraient expliquer ce constat, à défaut de pouvoir le justifier. Une fois l’intrigue du Black Hood pliée (après la révélation la plus décevante de l’histoire des séries), le show s’est davantage axé sur le père de Veronica et ses sombres desseins pour la ville. C’est alors que débarquent les potes mafieux de Hiram Lodge, soit des types que Tony Soprano aurait dézingués en un claquement de doigts, dont un qui est surnommé Poppa Poutine. Poppa fucking Poutine. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que Riverdale donnait désormais dans le foutage de gueule pur et simple.

Ce qui était kitsch avant était devenu grotesque. Les références au soap opera avec lesquelles s’amusait volontiers Riverdale n’étaient plus : Riverdale était devenue un soap, et un mauvais en prime. Le (faux ?) frère maléfique qui resurgit. La querelle de gangs qui se règle en course de voitures façon Fast & Furious. Pire, les moindres réactions et répliques des personnages paraissent tout droit sorties d’un épisode des Feux de l’amour. Le tout est quand même sauvé par une réalisation toujours léchée et des acteurs qui ne s’en tirent pas trop mal.

Au-delà de tout ça, ma frustration pour Riverdale trouve son origine, en grande partie dans le traitement de ses personnages secondaires. Ou, plutôt, son absence de traitement, si on veut être exact. Depuis son pilote, la série tease une romance inachevée et constamment ressassée entre Kevin et Moose, le quarterback bisexuel et maqué des Bulldogs. Un épisode, on les voit échanger quelques lignes de dialogue. Puis, pendant plusieurs semaines, plus rien. Nada. Comme si le développement narratif entrepris avait été totalement avorté par les scénaristes, sans aucune explication pour les téléspectateurs.

Et ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Kevin, Cheryl, Josie, Reggie… tous ont pâti de ce manque de considération sidérant. Les personnages de couleur ou appartenant au spectre LGBTQ+ semblent servir davantage à remplir des quotas qu’à avoir une réelle substance. En réalité, c’est ça : Kevin et Cheryl, l’un homosexuel et l’autre supposément bisexuelle, font office d’appâts pour pousser les minorités, avides de représentation à l’écran, à regarder Riverdale. Sans jamais, évidemment, proposer des storylines pertinentes à la hauteur des personnages.

Après une succession de scènes toutes plus absurdes les unes que les autres (remember Jughead qui arrache son tatouage à Penny Peabody comme s’il était dans Sons of Anarchy), Riverdale a officiellement “jump the shark”, une expression anglophone propre au domaine télévisuel signifiant qu’un programme est parti tellement loin qu’il a perdu en qualité. Ici, la série de la CW se noie dans des intrigues qui pataugent et ne captivent pas. À ça vient s’ajouter le fait que cette saison 2 est composée de 22 épisodes au total, soit le double de la première. Un nombre bien trop conséquent, forçant les scénaristes à pondre des épisodes qui ressemblent plus à du remplissage qu’autre chose. On ne mentionnera même pas les “twists” (guillemets à mimer avec les doigts, s’il vous plaît) ridicules et obsolètes que propose cette salve d’épisodes.

Bref, c’est terminé. Mine de rien, cracher autant de venin, ça épuise. Alors, vas-y, Riverdale, réponds ! Que t’est-il arrivé ? Tu étais à ton meilleur lorsque tu t’attaquais aux tribulations lycéennes de tes personnages, ton volet sur le slut-shaming étant un exemple parfait d’épisode qui fonctionne à bien des égards. En t’éloignant de Riverdale High, tu as aussi pris tes distances avec ce qui faisait ton attrait. Ce n’est pas un adieu, car je vais continuer à te suivre, semaine après semaine. Juste avec un peu moins d’entrain. En attendant, Riverdale, ressaisis-toi !

Riverdale est diffusée sur Netflix en France à raison d’un épisode par semaine.