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Shiri Appleby et Constance Zimmer : “UnReal est devenue beaucoup plus qu’une série sur la téléréalité”

Shiri Appleby et Constance Zimmer : “UnReal est devenue beaucoup plus qu’une série sur la téléréalité”

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Par Marion Olité

Publié le

L’explosif duo féminin de la série UnReal était de passage au Mipcom à Cannes en octobre dernier. L’occasion de coincer Shiri Appleby et Constance Zimmer pour faire le point sur la saison 2 était trop belle. Biiinge l’a saisie au vol. 

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Depuis le premier épisode, et ce moment où Rachel porte un T-shirt avec le message “This is what a feminist looks like”, on a beaucoup réfléchi à la notion de féminisme dans le show. Quel est votre point de vue sur la question ?

Shiri | On est vraiment ravies de se retrouver au cœur de ce débat. On sent impliquées et investies quand au sujet des droits des femmes, même si ce n’est pas le but du show non plus.

Constance | Je pense que la série a été considérée comme féministe, car nous ouvrons les yeux sur la façon dont les femmes sont traitées sur leur lieu de travail, mais aussi devant et derrière la caméra, la façon dont elles doivent constamment faire leurs preuves, deux fois plus que les hommes. Est-ce qu’elles agissent de façon féministe ? Pas forcément, parce qu’elles ne sont toujours tendres avec les autres femmes. Mais au final, elles pensent que les femmes devraient être traitées à l’égal des hommes. Et ça, c’est la définition même d’une féministe.

On se retrouve au cœur de tant de conversations autour des femmes devant et derrière la caméra, des débats auxquels on aurait jamais pensé avoir notre place au début. UnReal est devenu beaucoup plus qu’un show sur les coulisses d’une téléréalité. On est très fières de cela.

“Nous ouvrons les yeux sur la façon dont les femmes sont traitées sur leur lieu de travail”

Dans cette saison d’Everlasting, le bachelor est noir, chose qui n’est jamais arrivée dans la vraie téléréalité. Pensez-vous qu’UnReal puisse influer sur la vraie vie dans ce sens ? 

Shiri | Nous nous plaçons définitivement comme un miroir de ces téléréalités. Et je trouve que c’est déjà puissant de réussir à ouvrir les yeux des gens et à avoir ces conversations autour de ces émissions. Et je ne sais vraiment pas si on peut véritablement influer sur la façon dont ces shows sont faits. En tout cas, je trouve très cool qu’on ait pu lancer le débat là-dessus.

Constance | Et je pense que c’est ce que voulaient les producteurs et les scénaristes d’UnReal avant tout : provoquer le débat autour de cela. L’idée n’est pas de juger qui que ce soit, mais de braquer les projecteurs dans les recoins peu reluisants de ce business, habituellement passés sous silence.

Dans une interview accordée à Variety, Sarah Gertrude Shapiro a dit qu’il existait toujours trois couches à toutes les scènes avec Rachel : “Ce que Rachel pense qu’elle est en train de faire, ce que les autres pensent qu’elle est en train de faire, et ce qu’elle fait effectivement.”  Vous la voyez aussi de cette façon ? 

Shiri | Absolument, Sarah est vraiment dans la tête du personnage. Elle est très complexe, en termes d’émotions et sur sa façon de penser. Je me souviens d’une scène cette saison entre Rachel et Coleman [Michael Rady, ndlr] où elle est très en colère au début, puis elle apprend des informations et devient toute douce, avant de changer encore de comportement.

Elle avance comme un serpent et c’est vraiment fascinant pour moi. Mon esprit est toujours en ébullition quand j’incarne Rachel. On peut vraiment sentir quand elle arrive au point de rupture.

Arrivez-vous facilement à oublier Rachel quand vous terminez une saison ? 

Shiri | Non, pas du tout ! J’arrive facilement à avoir accès à elle, donc on pourrait croire que je m’en débarrasse tout aussi aisément. C’est faux, je dirais qu’il me faut bien au moins deux mois de transition après la fin d’un tournage pour m’en remettre. C’est presque comme une toxine. Merci de me poser cette question ! Personne ne me demande ce que ça fait de jouer un personnage comme Rachel. Elle est tellement folle ! [rires].

Quinn, de son côté, a des répliques cinglantes, aussi drôles que politiquement très incorrectes. Peut-on dire qu’elle représente une sorte de catharsis pour le téléspectateur ? 

Constance | Oui, complètement ! Je suis d’accord. Incarner un personnage qui dit aussi haut ce que tout le monde pense parfois tout bas, c’est très cathartique. Mais je ne pense pas à ça quand j’incarne Quinn. C’est juste qu’elle ne voit pas d’autre façon de s’exprimer. Elle est tellement fun à interpréter [rires].

Le personnage de Quinn peut presque être vu comme un prolongement de celui de Dana Gordon dans Entourage, déjà une femme de poigne avec un grand franc-parler, qui n’hésitait pas à rembarrer les hommes.  

Constance | Oui, on peut définitivement établir un parallèle entre les deux. Ce sont deux femmes dans le contrôle, qui sont au top dans leur carrière. Et elles n’y sont pas arrivées en faisant semblant de se comporter d’une manière qui ne leur ressemble pas. Mais elles sont aussi différentes. Quinn dépasse de loin n’importe quel personnage de femme forte que j’ai pu interpréter dans ma carrière. Parce qu’elle n’en a juste rien à foutre de savoir ce que les gens pensent d’elle. Tous mes autres personnages en avaient un minimum quelque chose à faire. Elle non.

C’est assez jouissif de jouer un personnage pareil, parce que je ne suis pas du tout comme ça.

“Les scénaristes avaient préparé de gros rebondissements. Certains ont fonctionné, d’autres non”

Durant la saison 2, on apprend un certain background traumatisant concernant Rachel. On savait que sa mère n’était pas très cool, mais là, c’est définitivement une très très mauvaise mère. Connaissiez-vous son secret depuis le début ? 

Shiri | Vous savez, je ne crois même pas que ce soit vrai. Je pense que quelque chose de très traumatisant lui est effectivement arrivé. Sa mère lui dit à un moment de ne pas révéler son passé, sinon personne ne l’aimera. Je pense que Rachel a inventé cette histoire, l’a révélé à Coleman pour voir comment il allait réagir. Pour moi, elle ne faisait que tester Coleman. En tout cas, c’est comme ça que j’ai appréhendé le personnage.

À mon avis, ce qui lui est arrivé est dix fois plus grave que ce qu’elle a révélé. C’est une femme profondément complexe.

Pendant la saison 2, Quinn dit à un moment à Madison à propos d’Everlasting : “Il faut toujours augmenter la tension, les enjeux, et compliquer l’histoire.” Ne pensez-vous pas qu’UnReal a été soumise aux mêmes lois ? Je pense notamment à la scène d’humiliation de “Hot Rachel”.

Shiri | Je pense que vous avez raison. Les scénaristes avaient préparé de gros rebondissements. Certains ont fonctionné, d’autres non.

Constance | Mais quand on pense “oh mon dieu, ils ont été beaucoup trop loin”, notamment sur la fameuse scène avec “Hot Rachel”, le lendemain de la diffusion de cet épisode, il est arrivé la même chose dans l’émission de téléréalité Bachelor in Paradise. L’une des candidates s’est fait dessus. Et ils ont tout montré ! Soudainement, on s’est demandés nous-mêmes : quelle est la limite ? Après ça, j’ai eu un regard différent sur ce débat-là.

Vous êtes toutes deux plutôt enthousiastes sur une saison 3 axée sur une bachelorette ? 

Shiri | Ah oui, j’ai dit cela lors de la cérémonie des Emmys. Avec Constance, on pense que ce serait fun de faire quelque chose de différent, de voir les filles dans ce nouvel environnement, de bousculer un peu tout ça pour voir ce qui va se passer. On aimerait beaucoup, mais en réalité, on n’a aucun indice sur ce que les scénaristes préparent [depuis cette interview, il a été confirmé il y a peu que la saison 3 aura sa “bachelorette”, ndlr]. 

Constance | Si on est là pour de nombreuses années, disons dix ans pour rêver un peu, on pourra vraiment tout inventer, tant qu’il y a une émission de téléréalité dedans. Ce sera le jeu.

Pour cette troisième saison, c’est Stacy Rukeyser qui prend les rênes de showrunneuse. C’est la troisième en trois ans. Comment le vivez-vous ? 

Constance | Très bien ! Nous sommes très excitées de voir Stacey à la tête du show. Elle est présente depuis le premier jour de tournage d’UnReal. Et pour être honnête, on n’a pas tant que ça affaire aux showrunneurs, parce qu’ils sont installés à Vancouver et nous à Los Angeles.

Shiri | On prend tellement de plaisir tous ensemble. Nous sommes tous liés et nous avons travaillons avec l’un ou l’autre des scénaristes, mais cela n’influe pas sur la nature du show. Ça ne le changera pas.

La première saison d’UnReal a été diffusée sur NRJ12 en France. La saison 2 n’a pas de date de diffusion chez nous. Aux États-Unis, c’est la chaîne Lifetime qui diffuse la série.