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Dans Sneaky Pete, le mensonge est l’arme favorite de Giovanni Ribisi et Bryan Cranston

Dans Sneaky Pete, le mensonge est l’arme favorite de Giovanni Ribisi et Bryan Cranston

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Par Delphine Rivet

Publié le

Sans promo tonitruante au préalable, mais avec Bryan Cranston au générique, Sneaky Pete a fait une arrivée remarquée dans le catalogue Amazon.

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En septembre dernier, Amazon mettait en ligne le pilote de Sneaky Pete sur sa plateforme Prime Video, un thriller léger et habile, sur fond de petites embrouilles et grosses arnaques. Aux commandes, un duo de choc : David Shore, ex-showrunner et créateur de Dr House, et Bryan Cranston, qu’on ne présente plus. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas contenté d’un rôle de producteur exécutif, puisqu’il incarne aussi Vince, l’antagoniste de notre héros. Mais, croyez-le ou non, l’acteur multi-récompensé pour sa partition dans Breaking Bad n’est pas l’attraction principale de Sneaky Pete.

L’arnaque de sa vie

Après avoir soumis son pilote aux votes de ses abonnés, Amazon a donc commandé une saison complète de dix épisodes, qui viennent d’être mis en ligne (mais, de façon totalement incompréhensible, ne sont toujours pas disponibles sur la version française de la plateforme). Si on n’en attendait pas grand chose, la surprise fut plutôt bonne.

Quelques heures séparent Marius Josipovic (Giovanni Ribisi) de sa sortie de prison. Pourtant, il a franchement des envies de meurtre face aux incessants bavardages de son compagnon de cellule qui ressasse ses souvenirs d’enfance, dans une ferme du Connecticut. Et soudain, une épiphanie : il décide finalement de ne pas étrangler le prolixe Pete, mais plutôt de prêter une attention toute particulière à ses histoires.

Une fois le nez dehors, Marius, qui a visiblement des ennemis dont il aimerait se cacher — en particulier un certain Vince (Bryan Cranston) comme on l’apprendra plus tard — saisit l’opportunité que Pete lui a servie sur un plateau. Ce dernier étant au trou depuis vingt ans, et risque d’y rester encore un bon moment, Marius lui vole son identité. Direction le Connecticut, dans la famille de Pete, qui ne l’a pas vu depuis son adolescence et accueille à bras ouverts l’imposteur.

La belle arnaque de ce “Sneaky Pete” (littéralement, le “Pete sournois”) peut alors commencer, empilant les mensonges les uns après les autres. Ce qui ne facilite pas les choses, c’est que la famille en question à une affaire de “bail-bonds”. La fonction n’a pas d’équivalent français, mais disons qu’ils sont employés par les représentants de la justice (juges, avocats, police, etc.) pour récupérer des sommes dues ou des personnes en fuite. Bref, ce sont des sortes de chasseurs de prime.

La matriarche, Audrey (merveilleuse Margo Martindale), semble toutefois plus suspicieuse que les autres par “le retour” de Pete. Mais, consciemment ou non, elle va taire ses doutes et accepter ce (faux) petit-fils qui a des souvenirs vivaces de son enfance à la ferme. Julia (Marin Ireland), une cousine, est quant à elle bien plus prompte à lui faire confiance et l’embarque en mission. Un duo efficace auquel on va d’ailleurs rapidement s’attacher.

Une série discrète mais diablement divertissante

Si le pilote, au moment de sa mise en ligne en septembre 2016, n’a pas fait beaucoup de vagues, c’est parce qu’il est apparu en plein ramdam de la rentrée sérielle, où toutes les chaînes traditionnelles tirent à boulet rouge, à grand renfort de campagne promo à gros budget, pour attirer le plus de monde devant leurs nouveautés. Les pilotes Amazon soumis aux votes du public sont un peu considérés comme l’un des recoins de l’industrie. La critique s’y intéresse, bien sûr, mais après avoir vu les séries plus rutilantes des networks.

Et on ne va pas se mentir, sans la présence de Bryan Cranston au générique, Sneaky Pete serait passée inaperçue. Pourtant, l’ex-Walter White sait se faire suffisamment discret dans la série pour ne pas faire d’ombre à Giovanni Ribisi, véritable révélation dans ce rôle d’arnaqueur brillant et ultra-attachant. Vince, quant à lui, appartient au passé de Marius/Pete, et demeure une ombre menaçante dans le présent. Glaçant dans ce rôle de bad guy, Bryan Cranston n’en fait ni trop, ni pas assez pour renvoyer la balle à Ribisi.

Car c’est bien dans l’empilement des mensonges, et l’identité secrète qui ne tient qu’à un fil, que la série construit son suspense et son intensité dramatique, le tout entrecoupé par des moments plus légers, voire carrément drôles. Tout du long, Sneaky Pete maintient un rythme soutenu et invite au binge-watching. La série s’illustre par un concept simple, des personnages secondaires qui s’étoffent assez rapidement, et un Giovanni Ribisi qui donne corps à son personnage avec une aisance désarmante. Sneaky Pete a beau ne pas faire de vagues, elle ne laisse aucun répit à son spectateur, et suscite immédiatement l’empathie avec des personnages touchants et faillibles. Vous auriez tort de passer à côté de cette belle arnaque.