Taken, la série : sans Liam Neeson, Bryan Mills casse des bras mais pas trois pattes à un canard

Taken, la série : sans Liam Neeson, Bryan Mills casse des bras mais pas trois pattes à un canard

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Par Adrien Delage

Publié le

Formatée et sans surprise, la série Taken reste un bon divertissement qui s’éloigne plus qu’on ne le pensait de la trilogie filmique originale. Attention, légers spoilers.

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Il est commun chez les sériephiles de détester les séries dérivées de franchises cinématographiques. Prequel, sequel, reboot, le recyclage contemporain pratiqué par les scénaristes ne plaît pas à tous les spectateurs. Ainsi, plusieurs adaptations se sont plantées au cours de ces derniers mois : Training Day, 24: Legacy, MacGyver… Seule Lethal Weapon est parvenue à créer la surprise. Toutes ces séries ont en commun d’être cent pour cent orientées action, quitte à sacrifier le jeu des acteurs et le scénario au passage.

En février 2017, une nouvelle série adaptée d’un film débarque sur le petit écran. Il s’agit de Taken, la trilogie musclée créée par Luc Besson, qui est d’ailleurs crédité en tant que cocréateur et producteur exécutif sur le show. Comme parti pris, le cinéaste français et le showrunner Alexander Cary ont choisi de rajeunir Bryan Mills. L’objectif pour les spectateurs est de découvrir un nouveau pan de son parcours, au cours duquel il a appris ses compétences au combat si particulières. Et c’est Clive Standen, aka Rollo dans Vikings, qui porte le lourd fardeau de remplacer Liam Neeson.

Plus reboot que prequel

Dans la série Taken, le verbe “prendre” n’a pas la même signification. Si c’était la fille de Bryan Mills qui se faisait enlever dans le premier film, l’agent de la CIA perd ici un membre de sa famille, en l’occurence sa sœur. Cette tragédie est le point de départ du pilote, l’événement déclencheur qui pousse Bryan à partir en vendetta contre les assassins de Cali. Dans le même temps, alors qu’il remonte la trace des meurtriers, une équipe de la CIA en profite pour le suivre afin de stopper un terroriste notoire.

De la trilogie Taken, la série n’a vraiment gardé que le nom. Si Bryan reste badass et que Clive Standen assure dans ce rôle de l’homme qui n’a plus rien à perdre, le pilote n’a pas le charme du premier film. Il faut d’ailleurs attendre les dernières minutes pour enfin entendre un os se briser. Toutes les scènes d’action de l’épisode, nerveuses et plutôt bien filmées, ne sont malheureusement pas à la hauteur du Bryan Mills que l’on connaît. Ces séquences fiévreuses sont très courtes et nous laissent sur notre faim. En revanche, la série sait où elle va et ne prétend pas être autre chose qu’une œuvre divertissante et musclée, tout ce qu’on attend d’elle en soit.

Autre problème majeur : les incohérences scénaristiques de la série avec les films. On s’attendait à regarder un prequel, mais la série Taken apparaît plutôt comme un reboot de la franchise. C’était en 2008 que Bryan Mills, alors âgé de la quarantaine, sortait de sa retraite pour sauver sa fille. Or, la série s’inscrit dans une période comprise entre 2015 et 2017, ce qui n’a aucun sens puisque Clive Standen est censé incarner un Bryan débutant. Ne vous attendez pas non plus à entendre de multiples références à la trilogie originale, ni même un “bon chance” des familles, si ce n’est un clin d’œil tordant à l’égard de l’enlèvement futur de sa fille dans le premier volet.

Cette scission avec la trilogie originale n’est peut-être pas plus mal. La série Taken a ainsi l’opportunité de vivre hors de l’appréciation des fans de la franchise filmique. Les scénaristes connaissent le sujet et l’action dans le pilote ne ralentit jamais, même si les seconds rôles sont pour le moment très stéréotypés (la trahison du meilleur ami, la cheffe intransigeante de la CIA, les méchants très méchants au physique basanés…). Toutefois, ces clichés restent bien moins saisissants que ceux de Training Day, le charisme de Clive Standen aidant de toute manière à faire monter la sauce.

Taken n’est pas une grande surprise. Formatée, sans éclat scénaristique mais bien rythmée et plutôt bien jouée, elle a toutes les chances de s’inscrire dans les lignées des sympathiques divertissements chargés à l’adrénaline. Reste à voir si les quelques flashbacks aperçus dans le pilote auront une raison d’être par la suite et si l’intrigue suivra le format déjà très exploité du procedural (une affaire à résoudre par épisode). On est également en droit d’attendre des scènes de combats un peu mieux chorégraphiées, où les nez et les bras cassés s’enchaînent aussi vite que les punchlines du Bryan Mills incarné par Liam Neeson.

En France, la saison 1 de Taken reste inédite.