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The Crown pousse les portes du palais et nous invite dans l’intimité de la famille royale

The Crown pousse les portes du palais et nous invite dans l’intimité de la famille royale

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Par Delphine Rivet

Publié le

C’est ce vendredi 4 novembre que sort The Crown sur Netflix. Dix épisodes durant lesquels on pousse les portes du palais, on observe le cabinet du ministre par le trou de la serrure et on s’invite dans l’intimité de ces personnages historiques.

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Un nouveau règne

Elle n’a pas tout à fait 26 ans que la jeune Élisabeth Windsor s’apprête déjà à monter sur le trône d’Angleterre. Un rôle auquel son père George VI, qui vient de décéder des suites d’un cancer du poumon, ne l’a pas préparée. La voici donc propulsée dans une autre résidence, avec des responsabilités sans précédent, offerte à son peuple et jetée en pâture à des politiciens qui se rêvent Premiers ministres à la place de Churchill.

Durant ses premières années de règne, Élisabeth II d’Angleterre va apprendre à faire passer ses besoins après ceux de sa nation. Et autour d’elle, d’autres vont souffrir de ces nouvelles priorités, en particulier son époux Philip. Lors de notre rencontre avec Peter Morgan, ce dernier nous expliquait :

“Plus vous approchez votre loupe, plus vous cherchez, plus les histoires deviennent intéressantes. Et il ne s’agit pas que d’Élisabeth, ça concerne aussi toute sa famille et l’impact que la couronne a eu sur ces gens.”

Cette jeune reine, interprétée avec force et délicatesse par Claire Foy, est autant l’héroïne de The Crown que le point d’entrée, pour le spectateur, entre Buckingham Palace et le 10 Downing Street. La série proposée par Netflix, dont la première saison est composée de 10 épisodes, est la vision d’un homme : Peter Morgan.

Le scénariste, nommé aux Oscars pour le script du film Frost/Nixon, poussait déjà les portes du palais royal avec The Queen en 2006, dans lequel Helen Mirren interprétait Élisabeth II à l’aube du 21e siècle. Et déjà, Peter Morgan offrait plus à voir que le destin d’une monarque. Il répète l’exercice avec The Crown, où l’accent est mis sur les relations parfois tendues entre la Reine et son Premier ministre, Winston Churchill.

Le politicien, magnifiquement joué par John Lithgow, est un héros de guerre, éminemment respecté par le peuple, mais usé et subissant les assauts constants de ses adversaires et autres prétendants au poste. Il sera surpris de trouver en Élisabeth une femme déterminée, réfléchie et pas si facile à domestiquer.

Dans l’entourage proche de la jeune reine, son mari Philip Mountbatten, incarné par un Matt Smith bouillonnant de l’intérieur, se voit imposer des sacrifices qu’il n’était pas prêt à faire. Voilà que cet homme, plutôt moderne pour son époque, doit renoncer à son nom et prendre celui de sa femme.

Les petites histoires dans la grande Histoire

The Crown traverse l’Histoire en focalisant son attention sur les petites histoires, celles que l’on connaît moins, et pour cause : certaines sont des interprétations tout droit sorties de l’imagination de Peter Morgan. La série, qui se défend d’avoir la moindre valeur documentaire, a toutefois pris un soin tout particulier à reconstituer les décors, les costumes (de toute beauté) et à rejouer les discours les plus poignants.

Stephen Daldry, réalisateur sur The Crown et à qui l’on doit notamment les films Billy Eliott et The Hours, s’est confié à nous sur cette approche la plus fidèle possible, mais laissant également la place à la vision d’auteur :

“Ce n’est pas un docu-drama. On n’essaie pas d’imiter des gens réels. Nous avions un merveilleux groupe de chercheurs et d’historiens. C’est une sorte de reconstruction dramatique de l’histoire. Il peut y avoir plein d’interprétations autour de cette femme incroyable et de sa famille.”

Dans un trait d’humour so british, son compère Peter Morgan renchérit :

“D’ailleurs, en anglais on dit HIStory, mais en fait c’est HERstory !”

Et cette reconstitution a un coût : on parle d’un budget de 112 millions d’euros ! Et chaque centime, pardon, chaque pence, se voit à l’écran, même si la production a dû trouver des décors de substitution pour filmer Buckingham ou le 10 Downing Street. Le tournage s’est même exporté jusqu’en Afrique du Sud pour raconter le voyage d’Élisabeth et Philip au Kenya.

Visuellement, The Crown est sublime jusque dans les moindres détails. Un luxe qui permet d’autant plus aux scènes d’intimité, celles où la Reine fait part de ses doutes et de ses peurs à son mari, de sortir du lot. Des instants délicats, en suspension, et d’un naturel désarmant.

On pense notamment à l’épisode 4 qui revient sur un pan peu connu de l’histoire du pays : un brouillard toxique sans précédent s’abat sur Londres et paralyse la ville. Churchill passera, en une cinquantaine de minutes, de l’homme borné et sûr de lui que l’on connaît (“C’est juste un brouillard, ça passera”), à un être tombé de son piédestal quand il réalise les conséquences de son arrogance.

Il faut bien sûr avoir un penchant pour les séries historiques pour aimer The Crown, dont les épisodes sont parfois un peu longuets et cérémonieux. Mais les scènes contemplatives, ces petites choses sans importance que Peter Morgan et Stephen Daldry ont tenu à nous montrer, font partie du décorum.

Reste une première saison visuellement splendide et dont le casting magnifie chaque seconde à l’écran. Le deuxième volet du règne d’Élisabeth est déjà en plein tournage et, de l’aveu même du scénariste et du réalisateur, on y verra Margaret se marier, la Grande Bretagne entrera en guerre, et Charles deviendra un personnage plus important en grandissant.

“Il va dans la pire école pour garçons qu’on puisse imaginer”, nous dit Stephen Daldry. Peter Morgan nous confie que les Kennedy feront une apparition, ainsi que le général de Gaulle : “Et nous l’avons dépeint de la plus flatteuse des façons !”, nous dit-il avec malice.