The Flash : Barry a-t-il détruit sa série en même temps que sa timeline ?

The Flash : Barry a-t-il détruit sa série en même temps que sa timeline ?

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Par Adrien Delage

Publié le

La team Flash et les méta-humains sont de retour. Le season premiere de la saison 3, diffusé le mardi 4 octobre, nous a donné un premier aperçu du bouleversement temporel provoqué par Barry en saison 2. Retour sur cette déception scénaristique, avec spoilers.

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Après nous avoir abandonnés sur un haletant cliffhanger, Flash et ses acolytes reviennent pour affronter les méta-humains qui menacent Central City. On avait hâte de découvrir les conséquences du voyage dans le temps de Barry et d’assister à l’événement qui en résultait, Flashpoint. Dans le comics éponyme, le speedster perd ses pouvoirs et se retrouve dans un monde chamboulé, où ses amis sont devenus de tout autres personnes.

Si Grant Gustin est toujours aussi touchant de sincérité et convaincant dans le costume de l’Éclair rouge, ses compagnons ont plutôt déçu. La faute à une grave défaillance dans le scénario, qu’on peut interpréter comme un mensonge vu le teasing de la CW pour nous préparer à Flashpoint. Car du comics, cet épisode n’a que le nom.

Décryptage de ce season premiere au potentiel immense et à la déception équivalente.

Un Flashpoint sans virgule

Dans son nouveau monde, Barry est enfin pleinement heureux. Il bosse toujours pour la police scientifique, parvient à obtenir un rendez-vous avec une Iris qui ne le connaît pas dans cet univers parallèle et Kid Flash veille sur Central City, le libérant ainsi de ses responsabilités. De plus, ses parents sont tous les deux vivants.

Aveuglé par cette félicité qu’il n’aurait jamais pensé seulement toucher du doigt, Barry ne mesure pas tout de suite les conséquences de son voyage dans le temps. Seul Eobard Thawne, aka le Reverse-Flash, qu’il surveille et maintient enfermé dans une cage de verre, comprend le danger qui les menace. Le temps cherche à retrouver sa logique, quitte à détruire l’esprit et les pouvoirs des deux speedsters, seuls êtres conscients de l’univers parallèle dans lequel ils se trouvent.

La bonne nouvelle, c’est que Barry n’est pas poursuivi par un Dahaka vengeur qui cherche à rétablir l’ordre dans l’espace-temps. Non, ce sont ses souvenirs qui lui jouent des tours et s’évanouissent peu à peu, à chaque fois qu’il utilise sa Force véloce pour courir. C’est une opposition inédite que nous propose les scénaristes : Barry doit ralentir alors que le temps joue contre lui. Malheureusement, c’est l’une des seules qualités de ce season premiere décevant, où l’événement de Flashpoint est envoyé aux oubliettes au bout des quarante minutes de l’épisode.

Un twist catastrophique

On se disait bien que ce bouleversement temporel n’allait pas durer toute la saison. Primo, parce qu’on risquait de vite tourner en rond, et deuxio parce que le Berlantiverse se doit de rester cohérent avec les intrigues d’Arrow, Supergirl et Legends of Tomorrow pour assurer des crossovers dantesques. Le problème, c’est que les créateurs de la série ont décidé de jeter à la poubelle ce pitch en or en deux temps trois mouvements.

Si de nombreuses scènes de séries sont devenues cultes, on aimerait aussi en oublier certaines. Ce season premiere en contient une, qu’on pourrait qualifier de carrément ridicule. Lorsque Barry affronte le Rival, il est perturbé par ses pertes de mémoire. Il entend alors la voix d’Iris dans son oreillette. Encore une fois, son personnage est renvoyé au deuxième plan.

Lorsqu’il entend ces encouragements, Barry reprend du poil de la bête et dissipe les tornades (visuellement moches) du Rival, parvenant ainsi à le vaincre. Cette scène, qui joue beaucoup trop sur l’émotion, va à l’encontre de l’évolution de Barry. Après avoir affronté deux speedsters surpuissants, subi une deuxième absorption de particules électriques pour retrouver ses pouvoirs et survécu à une tempête spatiale, il était sur le point d’échouer face à un Jay Garrick du pauvre. Et les incohérences d’écriture de l’épisode ne s’arrêtent pas là.

Décidément, l’écurie cinématographique DC semble échouer péniblement sur les twists dramatiques. Dans Batman v Superman, c’était le nom de Martha qui avait ouvert les yeux à Bruce Wayne au cours de son combat contre l’Homme d’acier. Dans The Flash, Barry décide simplement de sacrifier sa mère une nouvelle fois pour retourner dans sa timeline d’origine. Pire, lorsqu’il revient finalement dans son foyer auprès de Wally et Joe, il sourit et s’offre une bière alors que le clan West lui rappelle la mort récente de son père.

Dans les deux cas, il est évident que l’argument de la continuité scénaristique se justifie. Si Batman tue Superman, la Justice League perd un de ses membres fondateurs. Si Barry redevient normal, la série n’a plus aucune raison d’être. Mais les scénaristes auraient dû trouver un twist plus crédible plutôt que de faire passer Barry pour un être faible et égoïste. Dommage, surtout que c’est par la profondeur de son écriture qu’on avait trouvé The Flash bien meilleure que sa grande sœur Arrow.

Des personnages uniformes

Autre point décevant alors qu’il fait la force de The Flash depuis la première saison : ses personnages secondaires. L’événement Flashpoint a pourtant chamboulé l’univers de chacun d’entre eux. Joe est alcoolique et dépressif, Wally incarne désormais le speedster de Central City et Cisco est devenu l’homme le plus riche des États-Unis. Ces profonds changements de personnalité laissaient à penser que nos héros (et donc les acteurs derrière) allaient proposer une nouvelle version de leurs protagonistes.

Et pourtant, Cisco a beau être célèbre et riche, il reste l’éternel geek qui fait étalage de ses références ciné à chaque épisode. Il incarne le quart d’heure “humour” de l’épisode alors qu’il apparaît d’abord comme un chef d’entreprise arrogant, avec un caractère à des années lumière du Cisco de Terre-1.

Caitlin ne sert toujours autant à rien et la pauvre Danielle Panabaker, son interprète, le confirme dans ses dialogues (“Bon je peux y aller maintenant ?“). Le spectateur le ressent et c’est franchement gênant à regarder. Quant à Iris, plus axée que jamais dans le mélodrame, elle est à la limite du supportable. Bref, on aimerait que les scénaristes arrêtent de considérer les personnages féminins de la série comme la dernière roue du carrosse.

Même du côté des méchants, une valeur sûre jusque là dans The Flash, on tombe à la renverse. Le Rival est bien pâlot face à la noirceur d’un Zoom ou la cruauté d’un Reverse-Flash. Alors que la série nous avait habitués à redoubler d’ingéniosité quand il s’agissait d’introduire des vilains, on assiste cette fois au combat du lièvre contre la tortue.

Bien sûr, la séquence de fin laisse présager l’arrivée d’un nouvel ennemi intéressant, le Doctor Alchemy. Mais on est en droit d’attendre un antagoniste fort et surprenant, comme les scénaristes nous y avaient habitués dans les premières saisons, notamment avec le bestiaire impressionnant (Gorilla Grodd et King Shark en tête de lice) du multiverse de The Flash.

Heureusement, tout n’est pas à jeter dans ce season premiere. Les échanges entre Barry et Eobard Thawne sont captivants et on prend plaisir à revoir Matt Letscher (Her) dans ce rôle. Le passé du Reverse-Flash va de nouveau pouvoir être approfondi par les scénaristes et on espère que Barry cherchera à prendre sa revanche sur lui. Après ce fiasco, finalement, on se dit que Barry a bien fait de revenir dans le passé. Car c’est en restant sur ses bases solides que la série se défend le mieux.