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The Night Of a-t-elle besoin d’une saison 2 ?

The Night Of a-t-elle besoin d’une saison 2 ?

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Par Marion Olité

Publié le

La dernière pépite de HBO s’est achevée dimanche soir sur un épisode aussi sensationnel que potentiellement frustrant, selon ce que l’on attendait de The Night Of. Faut-il jouer les prolongations ? That is the question (avec spoilers). 

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Sans aller jusqu’à décréter, comme cette journaliste de Wired, que les séries en général ne devraient comporter qu’une seule saison, la question se pose légitimement pour The Night Of. Imaginée par ses créateurs dans un format mini-série, cette fiction composée de huit parties a connu un succès critique et public qui ne s’est pas démenti de tout l’été. Une aubaine pour HBO, pas franchement dans une forme olympique après les échecs de Vinyl et de la saison 2 de True Detective.

La chaîne câblée a demandé à Steven Zaillian de plancher sur une potentielle saison 2. Deux solutions s’offrent à lui : poursuivre l’histoire de Naz ou emprunter la voie très tendance de l’anthologie. D’un côté, l’épisode final a livré son lot de rebondissements (plus ou moins plausibles) tout en restant dans une certaine suggestivité. La seule chose dont on peut être sûrs dans cette histoire, c’est que la mort d’Andrea aura changé notre “licorne” (comme le décrit le personnage de Freddy) Naz à tout jamais. Pas seulement physiquement (même si c’est assez spectaculaire, entre boule à zéro, abdos de prof de fitness et tatouages partout).

Breaking Naz

Dans l’une des dernières scènes de la série, le jeune homme revient sur les bords de l’Hudson, là où quelque temps plus tôt, il avait emmené Andrea avant que la nuit ne tourne au cauchemar. Libre, mais hanté (et accro au crack). Le jeune homme timide aux yeux de Bambi restera traumatisé toute sa vie. Son futur est plus qu’incertain.

Son séjour à la prison de Rikers Island est une sorte de Breaking Bad en accéléré. A-t-il révélé la vraie personnalité de Naz ou l’instinct de survie l’a-t-il poussé à changer au plus vite, sans réfléchir, quitte à faire un peu n’importe quoi (du genre devenir une “mule”, c’est-à-dire un passeur de drogue) ? Le discours de The Night Of sur les méandres du système carcéral est clair comme de l’eau de roche : si tu n’es pas forcément un criminel en arrivant en prison, tu as toutes les chances de le devenir une fois derrière les barreaux.  

L’exploration des rouages du système, réalisée à hauteur d’homme, est édifiante. De ce côté-là, l’histoire autour du personnage de Naz peut-être considérée comme close. Quant à Jack Stone (John Turturo), il a prouvé par son vibrant plaidoyer qu’il était tout sauf un mauvais avocat. Et il a compris qu’on ne se débarrasse pas comme ça de cette saleté d’eczéma, mais c’est une autre histoire.

Je n’ai pas terminé The Night Of en étant sûre à 100 % de l’innocence de Naz ou de la culpabilité de ce mec vu dans Royal Pains (le beau-père est quand même super-louche, on est d’accord ?). Tout est question de point de vue. La série a l’intelligence de laisser au spectateur le choix de croire ce qu’il veut.

En arrêtant sa course au terme de ce huitième épisode, elle resterait ce polar presque parfait, sorti de nulle part.

L’anthologie, (fausse) bonne idée

Steven Zaillian pourrait aussi choisir de rester avec Jack Stone et de le faire s’occuper d’autres affaires. Mais à ce moment-là, celle de Naz ne semblerait plus aussi exceptionnelle et si personnelle pour l’avocat pince-sans-rire.

Certains personnages secondaires, comme l’incroyable procureure (interprétée par Jeannie Berlin), mériteraient de revenir, mais une anthologie n’aurait de sens que si la prochaine saison repart du point de vue d’un autre accusé. Sauf que là, on pense très fort à la série anglaise Accused, qui a le même concept. HBO doit aussi avoir en tête le fiasco de la saison 2 de True Detective. L’anthologie, ce n’est pas le jackpot assuré à tous les coups.

Si l’anthologie est risquée, il existe une option encore plus casse-gueule : poursuivre avec les mêmes personnages. Après tout, The Night Of laisse une porte grande ouverte à une saison 2 traditionnelle. La série a conservé une part de mystère et pointe du doigt un potentiel nouveau coupable. Et comment ne pas avoir envie de voir évoluer Naz, Jack, Helen Weiss ou Chandra ? Mais ce serait évidemment prendre un risque énorme : celui de se planter (et Dieu sait qu’une saison 2 n’est pas une sinécure, hein UnReal !) et de gâcher par là-même la saison 1.

D’autant que les séries en mode “whodunnit” (un terme anglais qui désigne ces fictions où l’on cherche le coupable) ont cette fatale tendance à perdre de leur charme dès lors qu’elles essaient d’étirer le temps ou de se poursuivre après que le tueur a été attrapé (cf. Twin Peaks, The Killing, Broadchurch, j’en passe et des meilleures).

Une série chassant une autre en ces temps de Peak TV, The Night Of risque aussi de rejoindre le panthéon de ces excellentes mini-séries, vite regardées vite oubliées, si elle en reste là. Face au succès des anthologies judiciaires type American Crime, la tentation est grande pour HBO.

Dans son format, The Night Of a tout de la mini-série (normal, elle a été pensée ainsi) : un season premiere et finale de une heure trente, puis six épisodes d’une heure chacun. Sept sur huit ont été réalisés par le showrunner, Steve Zaillian, très impliqué. Le sera-t-il autant sur une saison 2 ? Objectivement, The Night Of n’a pas besoin d’une saison 2. Tout est question d’envie (Peter and Sloane confirmeront).