The Resident veut (un peu trop) s’imposer comme l’héritier de Dr. House

The Resident veut (un peu trop) s’imposer comme l’héritier de Dr. House

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Par Florian Ques

Publié le

La série médicale peine à se réinventer et The Resident en est la preuve. Mais au fond, est-ce si grave que ça ? Attention, spoilers.

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Un hôpital, des patients et des docteurs. Ce sont les ingrédients inévitables d’une série médicale, sans oublier une bonne dose de mélodrame et des cas plus improbables les uns que les autres. Comme la majorité de ses homologues proposés ces dernières années outre-Atlantique (Code Black et The Good Doctor en ligne de mire), The Resident ne déroge pas à la règle et ne joue décidément pas la carte de l’originalité. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer, avec un personnage central qui n’est pas sans rappeler un certain Gregory House. En moins réussi, ça va de soi, car n’est pas Dr. House qui veut.

À l’instar de Dr. House, la petite nouvelle mise sur un personnage ambivalent, oscillant entre héros passionné et antihéros à la morale douteuse. Dans The Resident, Conrad Hawkins est un médecin qu’on veut nous vendre comme très cool. Parce qu’il est nonchalant, a des tatouages badass partout sur le corps et n’hésite pas à renverser sa canette de Red Bull sur la voiture d’un opportuniste mal stationné sur une place réservée aux handicapés. Dès les premières minutes du pilote, Conrad nous est présenté comme une sorte de prodige, adulé et à la limite de l’intouchable.

Alors, bien entendu, il faut lui ajouter un antagoniste, ici trouvable en la personne de Randolph Bell, le chef du service de chirurgie hypermédiatisé (on voit sa tête sur les bus de la ville, pour vous donner une idée). Tout-puissant à l’ego surdimensionné, il souffre d’un sacré complexe de Dieu, en dépit des nombreuses erreurs médicales dont il est coupable à cause d’un début de Parkinson. Dès lors, la dynamique de The Resident est instaurée, avec des combats de coqs entre Conrad et Bell en prévision. Et jusqu’ici, ça ne rate pas puisque chaque épisode propose la même formule.

D’autres personnages périphériques viennent graviter autour de ce duo incompatible, comme Devon, le nouvel interne qui déchante vite sous la tutelle de Conrad, et Nicolette, l’infirmière bienveillante et plan cul occasionnel de notre héros/antihéros. Bien qu’ils soient intéressants, ils parviennent à peine à compenser le capital sympathie quasi inexistant de Conrad, dont l’arrogance peut très rapidement fatiguer. Mais en réalité, l’aspect le plus intéressant de The Resident, ce n’est pas Conrad.

À compter du pilote, la série compte bien mettre en lumière les failles du système de santé américain, présentant le tout comme un business plutôt qu’un véritable service à vocation humaine. Ce parti pris est souligné dès la scène d’exposition de The Resident, alors que Bell fait foirer une opération et tue son patient, avant de faire chanter les infirmiers présents pour couvrir ce tragique incident. Le ton est donné, et le corps médical risque d’en prendre pour son grade.

Là où un show comme Grey’s Anatomy mise davantage sur le pathos et les drames interpersonnels, The Resident semble se focaliser sur les questionnements déontologiques qui vont de pair avec la profession médicale. À première vue, c’est une prise de position intéressante, mais la dichotomie un peu trop prévisible de l’humain contre la soif d’argent risque de vite s’épuiser. Au-delà de ça, une tonalité un peu trop pessimiste (comme c’est le cas actuellement) peut causer du tort à la série. Si The Good Doctor cartonne outre-Atlantique, c’est sans doute grâce à son côté idéaliste, dont The Resident devrait peut-être s’inspirer.

Au bout du compte, tout n’est pas à jeter dans The Resident. Manque-t-elle d’ambition ? Oui, un peu. Est-elle mauvaise pour autant ? Assurément, non. Cette énième série médicale ne renouvelle pas le genre et n’atteindra probablement jamais le niveau d’un Dr. House, mais elle reste tout de même efficace grâce à un ton engagé, un casting globalement charismatique (Matt Szuchry de The Good Wife et Emily Vancamp de Revenge par-dessus tout) et une réalisation un brin plus léchée que la normale. Et parfois, en matière de divertissement, on n’en demande pas davantage.

The Resident est diffusée sur la Fox aux States depuis le 21 janvier, et reste inédite en France.