Transferts, une série d’anticipation qui court après l’immortalité

Transferts, une série d’anticipation qui court après l’immortalité

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Laurent Thurin-Nal / Laetitia Lagache

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Par Delphine Rivet

Publié le

Une série qui questionne son époque, ses mœurs et sa morale

Transferts ne survit pas au passage du script à l’image

Car, comme pour Trepalium, si l’ambition de Transferts est louable – a fortiori dans un paysage télévisuel français qui dédaigne magistralement les séries de SF – elle se heurte à des problèmes structurels qui font s’effriter ce monde pourtant minutieusement construit. Des défauts que l’on retrouve, hélas, dans bon nombre de productions françaises. De belles idées, de belles distributions, une production léchée, mais des dialogues poussifs, et une dramaturgie à qui les codes de l’écriture sérielle semblent échapper.
La France a un attachement viscéral à sa littérature et à son cinéma, qui font partie de son identité. Elle n’a, en revanche, pas de culture sérielle à proprement parler, coincée qu’elle est entre son complexe d’infériorité par rapport aux États-Unis et un attachement presque sacré à son Histoire. Elle a trop longtemps regardé de haut le huitième art pour espérer le comprendre. L’écriture en épisodes, en trois actes avec des arcs narratifs majeurs et mineurs, des cliffhangers, des twists, une montée dramatique savamment dosée… Épouser une méthode approuvée depuis plus d’un demi-siècle, ça n’est pas sale. Ce n’est pas parce qu’on suit un canevas et des ressorts scénaristiques mille fois usités qu’on ne peut pas produire une œuvre originale et pertinente.
Force est de constater que la télé française, même quand elle ose s’aventurer dans les séries de genre (ce que l’on ne cessera de saluer), peine à réussir son passage de la page du script à la mise en bouche, par les acteurs, des dialogues. Comment donner vie à des personnages réalistes si ceux-ci parlent comme on écrit ? Mais le salut viendra peut-être d’une nouvelle génération de scénaristes, biberonnés, non seulement aux séries américaines, mais aussi aux méthodes, plus proches de nous (en termes d’histoire et de contraintes), de la télé anglaise ou scandinave.
La première saison de Transferts, divisée en six parties, est diffusée sur Arte à partir de ce jeudi 16 novembre (les trois premiers épisodes), dès 20 h 55.

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