Le destin tragique du vin The Handmaid’s Tale, l’élixir au bon goût de scandale

Le destin tragique du vin The Handmaid’s Tale, l’élixir au bon goût de scandale

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Lot18

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Par Delphine Rivet

Publié le

L’entreprise qui a mis en vente ce breuvage, censé être un hommage aux héroïnes de la série, s’est vite ravisée quand Twitter a dénoncé cette douteuse récupération.

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Ce mardi, la société Lot18, en partenariat avec MGM, lançait en grande pompe trois vins, deux rouges et un blanc, à l’effigie des héroïnes de The Handmaid’s Tale : June/Offred, Emily/Ofglen et Serena Joy. Mais ne cherchez pas les bouteilles en question sur la boutique en ligne, le négociant les a rapidement retirées de la vente.

Créer une “collection” autour d’une série dans laquelle les femmes sont violées de façon rituelle et régulière est déjà, en soi, une opération marketing de très mauvais goût. Mais on plonge un peu plus dans le glauque en lisant les descriptions de chaque cuvée. Pour le pinot noir 2017 dédié à June/Offred, dont la torture, chaque semaine, nous donne envie de tout péter, le négociant parle d’un vin “riche et complexe […] qui restera longtemps avec vous après avoir fini votre verre, une expérience puissante que vous n’oublierez jamais”.

Même topo pour Emily/Ofglen, punie pour son homosexualité, mutilée et envoyée dans les camps de travail forcé et dont le cabernet sauvignon 2017 est un “hommage audacieux aux vallées de l’Oregon, qui possède des saveurs concentrées de cerise, de prune et de café lui conférant une note finale épicée et chaleureuse”. Sans oublier ce petit goût de vomi qui reste en bouche…

Et bien sûr, la dégustation ne serait pas complète sans une apparition de Serena Joy dont le bordeaux blanc 2016 est “sophistiqué, traditionnel et sévère” – jusque-là, personne ne les contredira – “et qui paraît d’abord avoir de la retenue, avant que quelques gorgées ne révèlent des couches supplémentaires de raisin blanc et de citronnelle faciles à aborder”.

Dès l’apparition des fameuses bouteilles, les réseaux sociaux se sont enflammés. Certain·e·s ont aussitôt tweeté leur désapprobation, pointant du doigt le goût douteux de cette opération marketing organisée avec la complicité du studio MGM qui produit The Handmaid’s Tale. Cette rédactrice en chef d’un site consacré à la littérature a choisi d’interpeller directement le diffuseur, Hulu, en lui proposant des alternatives un peu plus pertinentes, quitte à faire de l’argent sur l’oppression des femmes :

“Hey @hulu j’ai de meilleures idées de merchandising ! La bombe lacrymo The Handmaid’s Tale. Le stérilet The Handmaid’s Tale. Une énorme donation au Réseau national des fonds pour l’avortement de la part de The Handmaid’s Tale.”

Lot18 a, dans la même journée, retiré de la vente les vins problématiques. “Blessed be the fruit”, mais à l’avenir, merci de tenir Gilead bien loin de vos grappes de raisins.