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6 réalisatrices de série féministes et engagées à suivre de près

6 réalisatrices de série féministes et engagées à suivre de près

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©Showtime/HBO

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Par Emma Couffin

Publié le

De Ilene Chaiken à Michaela Coel, en passant par Lena Dunham, les femmes derrière l’écran font évoluer la représentation des femmes au cinéma.

Devant et derrière l’écran, les hommes sont encore surreprésentés au cinéma par rapport aux actrices, réalisatrices et productrices… À l’écran, le héros est encore aujourd’hui un homme blanc hétérosexuel cisgenre. C’est seulement en 1976 que Joan Darling devient la première réalisatrice à être nominée aux Directors Guild of America Awards pour l’épisode “Chuckles Bites the Dust” du sitcom The Mary Tyler Moore Show, diffusé sur CBS.

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Depuis, les femmes ont imposé leurs vues au grand écran. À l’instar de Shonda Rhimes, Jane Campion ou encore Nicole Kassell (The Leftovers), jetons un œil sur quelques réalisatrices de séries féministes à suivre de près.

#1 Ilene Chaiken

En réalisant The L Word en 2004, Ilene Chaiken révolutionne la représentation des corps féminins à l’écran en apportant un regard neuf et éclairé sur la communauté LGBTQ+. Cette toute première série télévisée américaine queer fait l’effet d’une bombe dans un paysage télévisuel très hétéronormé. La série est révolutionnaire, tant par les personnages qu’elle met en scène que par sa volonté de représenter des scènes de sexe lesbien dans toute leur authenticité et toute leur diversité.

10 ans après la diffusion de son final, la série culte a le droit à une suite, The L Word: Generation Q, dirigée par Marja-Lewis Ryan, en 2019. En février dernier, on apprenait d’ailleurs avec joie qu’elle était renouvelée pour une troisième saison.

#2 Maria Schrader

Actrice, mais aussi scénariste et réalisatrice allemande, Maria Schrader jouit d’une réputation sans faille. Jurée à la Berlinale de 2000 et membre du jury du 9e festival Séries Mania en 2018, elle offre un travail admirable sur Unorthodox, qui lui vaut le prix de la meilleure réalisation pour une mini-série aux Primetime Emmy Awards 2020.

Et pour cause, cette série dramatique haletante dépeint avec délicatesse le quotidien d’une jeune femme de 19 ans issue de la communauté juive hassidique de New York. Tiraillée entre le respect de la tradition et le désir de découvrir d’autres horizons, Esty est un symbole de résilience. Elle finira par se défaire de l’étau familial pour connaître un monde meilleur en Europe.

L’adaptation au cinéma de la biographie de l’autrice américaine Deborah Feldman (Comment j’ai fait scandale en rejetant mes origines hassidiques) nous a bouleversés. Schrader opte pour une mise en scène innovante, opérant des va-et-vient entre le présent oppressant d’Esty sur lequel pèse la perspective du mariage forcé et sa future vie à Berlin, une fois libérée de ses jougs familiaux. On admire ce nouveau regard porté sur l’émancipation féminine, un sujet tabou dans une société ultra-conservatrice.

#3 Michaela Coel

I May Destroy You est une série dramatique britannique à la réalisation coup de poing écrite, créée et codirigée par Michaela Coel. Cette dernière y tient d’ailleurs le rôle principal, celui d’Arabella, une jeune autrice noire à succès qui essaie de se reconstruire après avoir subi un viol. Décrit par le New York Times comme étant “la meilleure série pour un monde anxieux”, I May Destroy You a été encensée par la critique, raflant tous les prix aux Bafta 2020. Aux Emmy Awards en 2021, la série valut à Michaela Coel de remporter le prix du Meilleur scénario.

Dénué de tout artifice, ce drame présente des scènes d’une violence inouïe. La réalisatrice y interroge la notion de consentement, tout particulièrement au sein de la communauté queer. Une série courageuse et puissante, nécessaire pour dénoncer les agressions sexistes et sexuelles.

#4 Lena Dunham

À seulement 35 ans aujourd’hui, Lena Dunham réinvente les codes des teen series. Alors qu’elle se fait remarquer avec son film indépendant Tiny Furniture en 2010, c’est la série Girls qu’elle chapeaute à 26 ans qui lui vaut une renommée internationale sans précédent.

Loin de présenter des ados superficielles de Gossip Girl ou les trentenaires désœuvrées de Sex and the City, la série Girls décrit le quotidien d’un groupe d’amies de façon très réaliste. Des amitiés naissantes aux premiers émois, des galères quotidiennes aux premières expériences professionnelles, Girls présente enfin la vraie vie des millennials. On y admire le talent de Lena Dunham : une mise en scène épurée et une façon inédite d’importer le mouvement mumblecore dans l’univers des séries. Surtout, c’est sa vision féministe qui nous touche et son rapport au corps qui nous surprend. On avait alors rarement, voire jamais, vu des scènes de sexe aussi crues.

Parfois accusée de white feminism pour avoir surreprésenté des femmes blanches, Lena Dunham aura néanmoins eu le courage de présenter le nu dans toute sa simplicité, comme nulle autre ne l’avait fait auparavant.

#5 Joey Soloway

Transparent, c’est le nom de la série avant-gardiste de Joey Soloway lancée en 2014. Une série touchante aux thématiques actuelles comme l’identité de genre, le consentement, la reconnaissance des personnes transgenres… Si la dernière saison a souffert des accusations formulées par plusieurs actrices trans à l’encontre de l’acteur cisgenre Jeffrey Tambor, iel aura su mener cette série lumineuse avec brio, mettant en avant des personnages trans jusqu’à présent laissés dans l’ombre. Engagé·e pour la défense de la cause LGBTQ+, le·la réalisateur·ice non-binaire a gagné un Emmy en 2015 et 2016 pour Transparent.

#6 Jessica Hobbs

En septembre 2021, Jessica Hobbs reçoit le prix de la Meilleure réalisation dans la catégorie série dramatique aux Emmy pour l’épisode “War” de The Crown. Lors de la 73e cérémonie des Emmy Awards, elle déclare : “Peu de femmes ont la chance de remporter ce prix. Je sens que je suis un chemin déjà tracé par des personnes vraiment extraordinaires et je suis véritablement honorée du chemin qu’elles ont parcouru.” Ce soir-là, The Crown s’est une fois de plus attirée tous les honneurs, remportant pas moins de sept prix. Inspirée (en partie) de faits réels, cette saison mêle les destins de trois icônes britanniques : la reine Elizabeth, la Première ministre Margaret Thatcher à la tête du parti conservateur et la princesse Diana.

Après avoir fait ses débuts au cinéma australien, Hobbs a travaillé sur la série dramatique britannique Broadchurch. Depuis, elle évolue au gré des créations de la BBC One comme les séries River, Apple Tree Yard ou encore The Split.