Quand Squid Game s’infiltre dans les cours de récré

Quand Squid Game s’infiltre dans les cours de récré

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Par Marine Pérot

Publié le

La série, déconseillée aux moins de 16 ans, touche un public bien plus large qu’elle ne devrait.

Depuis son arrivée sur Netflix il y a quelques semaines, la série sud-coréenne Squid Game n’a pas cessé de faire parler d’elle, pour le meilleur et pour le pire. Si Netflix se félicite de son succès (plus de 111 millions d’abonné·e·s ont déjà vu la série), ce dernier en inquiète d’autres, en particulier les éducateurs.

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En effet, plusieurs établissements scolaires en France ont déjà informé les parents d’élèves de l’influence négative de la série sur ces derniers et, à travers le monde comme en Belgique, au Québec et en Angleterre, des cas de violence ont été rapportés. Si le phénomène est relativement ponctuel dans l’Hexagone, il n’en reste pas moins qu’il existe, et qu’il rappelle l’importance d’être attentif à ce que les plus jeunes regardent.

Un effet de mode

Céline, directrice d’une école élémentaire en région parisienne, nous explique que, sans avoir observé de jeux violents dans la cour de son école, Squid Game est clairement le dernier sujet à la mode dont la plupart des enfants parlent. Si certains ont regardé la série avec leurs parents, d’autres ont déjoué le contrôle parental ou l’ont vu avec l’accord de parents qui ne voient pas en quoi la série peut poser problème.

Comme on en parle partout, Squid Game et sa violence sont accessibles au-delà de Netflix. Bien souvent, les enfants qui imitent la série ne l’ont pas forcément vue mais en ont entendu parler soit par le biais de leurs camarades, soit via des extraits disponibles en ligne sur une autre plateforme que Netflix, telle que YouTube ou TikTok.

Céline nous donne l’exemple d’une élève de CM2 qui a fait un dessin de la série ayant inquiété son institutrice. Interrogée sur le sujet, elle a admis avoir regardé la série avec son petit frère de CM1, et ce à l’insu de leurs parents, après en avoir entendu parler en ligne.

Sur Twitter, de nombreux utilisateurs expriment leur surprise quant au fait que des élèves de primaire parlent de la série, tandis que d’autres rapportent que les écoles de leurs enfants ont fait circuler des alertes au sujet de Squid Game, expliquant que les élèves jouent aux jeux de la série en imitant sa violence.

En Belgique, une école a signalé aux parents que les enfants “jouaient” à Squid Game pendant la récré, adaptant la version de 1, 2, 3 soleil de la série : les perdants reçoivent des coups.

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Sensibiliser pour mieux éduquer

“‘Squid Game’ est le haut de l’iceberg, la manifestation actuelle d’un phénomène qui n’est pas nouveau. C’est un reflet des dangers des écrans et des réseaux sociaux”, explique Céline.

Pour cette directrice, pas de mots envoyés aux parents comme ont pu le faire d’autres écoles, car la sienne n’a pas observé de débordement, et car certains sont venus d’eux-mêmes lui faire part de leurs inquiétudes. Céline et son équipe ont donc parlé de la série en classe pour aborder le sujet directement avec les élèves.

“Expliquer pourquoi c’est interdit aux moins de 16 ans, pourquoi c’est dommageable pour eux et, si leurs parents les laissent regarder et ne comprennent pas le problème, on essaye d’expliquer en quoi nous, ça nous pose souci.”

© Netflix

Céline voit dans la mode Squid Game une nouvelle occasion de sensibiliser les élèves et leurs familles à la question des écrans. “On pense que le travail est beaucoup plus profond. C’est un réel travail non pas sur Squid Game mais sur les écrans en général, auprès des enfants et des parents”, explique-t-elle.

Invité sur BFM TV le 19 octobre dernier, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a évoqué le sujet en rappelant que le contrôle parental est un élément important à mettre (ou à remettre) en place pour les parents.

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Mais contrôler l’influence des réseaux sociaux et de ce que les enfants peuvent y voir est une tâche difficile.

“D’un côté, on n’a pas vraiment de prise parce que les parents laissent faire, ayant eux-mêmes grandi avec ça, explique Céline. On arrive à une génération de parents qui a grandi avec les portables et les réseaux sociaux et n’y voit pas de mal.”

Pour elle, il est donc impératif de sensibiliser les enfants et d’impliquer leurs parents en revenant sur les raisons qui font que certains programmes, comme Squid Game, ne sont pas adaptés au jeune public. Comme le souligne Céline, Squid Game n’est pas le premier et ne sera pas le dernier phénomène de mode à exposer les enfants à des choses qu’ils ne devraient pas voir, alors l’importance de les éduquer sur le sujet n’est jamais négligeable.

La première saison de Squid Game est disponible sur Netflix.