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The Wire, la meilleure série de l’Histoire, a 20 ans : on vous la raconte en 20 scènes iconiques

The Wire, la meilleure série de l’Histoire, a 20 ans : on vous la raconte en 20 scènes iconiques

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© HBO/OCS

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Par Abdallah Soidri

Publié le

Si vous (re)lancez la série après la lecture de cet article, ne nous remerciez pas.

The Wire, aka la meilleure série de l’Histoire de la télévision, a fêté ses 20 ans ce jeudi 2 juin. Pour célébrer la double décennie de ce monument de la pop culture et du petit écran signé David Simon et Ed Burns, on vous le raconte en 20 scènes. Pas forcément les plus iconiques, ni les plus connues, mais celles qui, à nos yeux, font l’essence de ce show. Pour vous donner envie de (re)mater ce que la télé a connu de mieux.

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La scène d’intro (Saison 1 épisode 1)

Une série dont la toute première scène est un classique instantané, on en compte peu. The Wire réussit cette prouesse avec sa description cynique mais si juste de l’Amérique — et par extension des intrigues qui se déroulent à Baltimore, ville du Nord-Est du pays servant de décor à la série.

“Wars end” (Saison 1 épisode 1)

Aux États-Unis, on doit le concept de guerre contre la drogue (“War on Drugs”) à Richard Nixon. Trente ans plus tard, force est de constater que le pouvoir américain est loin de l’avoir gagnée… À moins qu’il ne s’agisse pas d’une guerre, mais d’autre chose. Le personnage de Carver, policier simplet au début de la série, ne dit pas le contraire. Dans un éclair de génie, il rappelle qu’il ne peut pas y avoir de guerre contre la drogue, car “les guerres se terminent”.

Scène d’échecs (Saison 1 épisode 3)

Alerte classique ! Une des plus grandes scènes de l’histoire de la télévision a lieu dans les premiers épisodes de la saison 1. On y voit D’Angelo Barksdale, responsable de sa propre zone de vente de crack, surprendre deux de ses “employés” en train de jouer aux dames sur un plateau d’échecs. Sacrilège ! Ni une, ni deux, “Dee” leur explique le jeu en utilisant une métaphore sur le trafic de drogue pour détailler le rôle des pions et des hommes de l’organisation Barksdale.

On comprend vite que les personnages de la série sont en fait tous sur un échiquier géant (Baltimore) et que leur rôle est souvent défini dès le départ. Une grille de lecture qui s’applique par la suite à d’autres sphères que la vente de stupéfiants.

“Fuck ! Fuck ! Fuck !” (Saison 1 épisode 4)

Une scène mythique, qui tient en un seul mot : “Fuck”. Quand les inspecteurs Jimmy McNutty et Bunk Moreland pénètrent sur les lieux du crime pour une reconstitution, ils n’ont que ces quatre lettres à la bouche en découvrant le fin mot de l’histoire. Malgré ce vocabulaire limité, on comprend absolument tout, et c’est la grande force de cette séquence. Shakespeare n’aurait jamais pu imaginer une scène pareille.

Omar, le grand méchant loup (Saison 1 épisode 9)

Le grand méchant loup des temps modernes. Quand Omar Little débarque dans les pavillons pour réclamer son dû, tout le monde s’écarte de peur de se faire balayer (fusiller) par ce Robin des Bois du ghetto. Rarement un personnage aura incarné avec autant de charisme la crainte et le respect. Dans cette scène, on a droit à un condensé de ce qui fait sa force. Une performance mémorable que l’on doit en grande partie au talent d’acteur du regretté Michael K. Williams.

Match de basketball (Saison 1 épisode 9)

The Wire est une série souvent louée pour son réalisme. Le travail de David Simon et Ed Burns pour montrer dans le détail ce qui se trame à Baltimore est saisissant. Cela ne concerne pas uniquement l’intrigue principale, mais aussi des moments de vie comme un simple match de basketball.

Quand les rivaux de l’Eastside rencontrent ceux de la Westside, ça donne une partie endiablée sur le playground et un échange mythique entre Avon Barksdale, à la tête d’un empire craint et respecté, et Proposition Joe, homme de (ba)goût et sosie non-officiel de Pat Riley ; et un pétage de plombs fleuri d’Avon. Un régal.

La mort de Wallace (Saison 1 épisode 12)

Une des scènes les plus tristes de toute la série, qui montre à quel point la rue est impitoyable pour les plus fragiles et à quel point elle peut détruire un solide trio d’amis. Celles et ceux qui n’ont pas été ému·e·s en voyant les larmes de Wallace n’ont pas de cœur. C’est dit.

Mème Wee-Bey (Saison 1 épisode 11)

Ce n’est pas la scène la plus marquante de la série, et pourtant c’est l’une des plus connues. Pourquoi ? Car la réaction de Wee-Bey après avoir appris que la femme touchée dans la voiture était une policière est devenue un mème iconique. Et rien que pour ça, on était obligé de la mettre.

Omar au tribunal (Saison 2 épisode 6)

Omar Little, celui qui vole les dealers, est au tribunal pour témoigner contre un homme de main de l’organisation Barksdale, les gros dealos de la partie Ouest de la ville. Interrogé par l’avocat de la défense, qui le compare à “un parasite”, le Robin des Bois des temps modernes le mouche en répliquant que lui aussi en est un. Stupeur de l’avocat au tribunal et applaudissement du public (nous). On adore.

“A n***a with a library card” (Saison 2 épisode 10)

Brother Mouzone est le tueur à gage le plus classe de l’Histoire : costume parfaitement taillé, nœud papillon, lectures pointues et conscience élevée. C’est aussi l’auteur de l’analyse la plus profonde sur le racisme aux États-Unis : “Quelle est la chose la plus dangereuse en Amérique ? […] Un n*gro avec une carte de bibliothèque.” On vous laisse méditer.

Toute la saison 2

Oui, ce n’est pas une scène à proprement parler, mais une saison entière. Alors pourquoi la mettre ? Parce que c’est peut-être la meilleure des cinq, avec son intrigue sur les docks et ce qu’elle raconte sur les conséquences de la désindustrialisation et les ravages de la gentrification. S’il devait n’y en avoir qu’une à regarder, ce serait celle-là. Et dire que vous aimez la saison 2 de The Wire donne 1 000 points pour vous la raconter en société. L’extrait ci-dessous est tiré de l’épisode 5.

“Prez” tue un policier noir (Saison 3 épisode 9)

Roland Pryzbylewski est un des personnages avec l’évolution la plus intéressante. De policier pistonné hautain et maladroit à professeur de maths plein d’empathie, il n’a cessé de s’améliorer, mais son parcours comporte de grosses zones d’ombre. Dans la saison 3, on le voit s’engager dans une course-poursuite dans les ruelles sombres de Baltimore et tirer sur un homme noir qui s’avère être un policier en civil. L’illustration en une scène des biais racistes qui gangrènent la société américaine.

Omar braque Marlo dans une partie de poker (Saison 4 épisode 4)

Omar Little n’a peur de rien, pas même de braquer une partie de poker entre gangsters. Même quand, dans celle-ci, on trouve Marlo Stanfield, le nouveau boss sans cœur de la ville. Quand ce dernier lui balance “c’est mon argent”, Omar lui répond un cinglant “l’argent n’a pas de propriétaire, seulement des gens pour le dépenser”. Jean-Luc Mélenchon aime.

“Amorce cette p*** trois fois” (Saison 3 épisode 4)

Prendre une leçon de vie devant une tondeuse à gazon, voilà ce qu’on trouve dans The Wire. Fraîchement sorti de prison après de longues années derrière les barreaux, Cutty ne sait pas s’il doit retourner dans le game ou trouver un travail honnête. Penchant un temps pour la seconde option, on le voit galérer à amorcer un tondeuse, alors qu’il bosse pour un paysagiste. Son employeur, ancien taulard lui aussi, en profite pour lui faire la leçon sur la difficulté de retourner à la vie civile, avant de terminer son speech ainsi : “Amorce cette p*** trois fois.” Iconique.

“I bleed red, you bleed green” (Saison 3 épisode 8)

Avon Barksdale et Stringer Bell règnent sur Baltimore avec leur business de trafic de drogue. Mais l’amitié entre les deux se heurte aux convictions de chacun : Avon est porté sur la rue et la conquête des corners, quand Stringer se voit comme un véritable chef d’entreprise. “Je saigne rouge, tu saignes vert”, dira d’ailleurs Avon à son ami, après une dispute. Les capitalistes de la street en PLS.

Une journée à 40 degrés (Saison 3 épisode 3)

Si vous passez une journée banale, durant laquelle rien d’exceptionnel ne se passe et que vous aurez oubliée demain, vous vivez “une journée à 40 degrés [Fahrenheit, soit 4 degrés Celsius, ndlr]”. Selon Stringer Bell, c’est le genre de journée banale que ses hommes de main lui offrent un peu trop à son goût.

Herc cherche une casquette sur le côté (Saison 3 épisode 2)

The Wire est aussi une série comique. La preuve avec cette petite scène dans laquelle l’inspecteur Herc — pas le couteau le plus aiguisé du tiroir — demande à un jeune où trouver des casquettes avec les visières sur le côté. Le gars n’a pas capté qu’il faut juste la tourner sur la tête, et quand on lui donne l’explication, sa réaction est à mourir de rire. 

Bodie et McNutty talk (Saison 4 épisode 13)

Scène émouvante entre Bodie, le personnage qui symbolise le plus la rue, et McNutty, un des meilleurs policiers de la ville. On est dans la saison 4 et les deux se connaissent depuis longtemps. Assis sur un banc, les deux ennemis discutent comme de vieux amis qui se verraient pour la dernière fois. Malgré tout ce qui les oppose, il n’y a que du respect entre les deux. Là aussi, on a été ému.

Snoop au magasin de bricolage (Saison 4 épisode 1)

Encore un grand moment de télévision. On y voit le personnage de Felicia “Snoop”, féroce tueuse à gage de Marlo, s’extasier devant un pistolet à clou dans l’équivalent américain de Leroy Merlin. S’ensuit une conversation entre spécialistes sur le meilleur gun et on comprend vite que Snoop sait vraiment de quoi elle parle. Et quand on comprend pour quoi elle compte l’utiliser, la scène est encore plus savoureuse.

Le final de la série (Saison 5 épisode 10)

“La vie est un perpétuel recommencement”, disait le stratège athénien Thucydide. Une citation devenue maxime magistralement illustrée dans la dernière scène de The Wire. Pendant plus de 4 minutes, on voit le cycle de la vie faire son œuvre à Baltimore, où malgré toute la bonne volonté du monde, les habitants sont condamnés à assumer les mêmes rôles que leurs prédécesseurs, le tout sur le générique de la série. Mieux que toutes les scènes post-génériques de l’Histoire, et une rare conclusion réussie pour une série.

En France, les cinq saisons de The Wire sont disponibles en intégralité sur OCS à la demande.