Unbreakable Kimmy Schmidt n’est plus, et voilà pourquoi on va la regretter

Unbreakable Kimmy Schmidt n’est plus, et voilà pourquoi on va la regretter

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Par Delphine Rivet

Publié le

Pour encaisser le départ de Kimmy et ses potes, "dammit", on a compilé six raisons pour lesquelles elle va vraiment nous manquer.

#1. Des punchlines d’anthologie

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Unbreakable Kimmy Schmidt, dans la veine de 30 Rock (elle aussi cocréée par Tina Fey et Robert Carlock) a fait de la réplique qui tue un art de vivre. Aussi absurdes que méta, et toujours hilarantes, ces uppercuts humoristiques faisaient mouche à chaque fois grâce au talent des scénaristes, mais aussi à la maîtrise impeccable de ses interprètes. Si Kimmy a évidemment une place dans notre cœur pour ses punchlines à côté de la plaque, il faut bien admettre que Titus et Jacqueline étaient particulièrement bien servi·e·s à ce niveau.

Il nous est évidemment impossible de faire une compil’ exhaustive de ces grands moments de comédie, mais on en a choisi 4 qui représentent l’esprit doucement barré de ce joyeux foutoir coloré qu’était Unbreakable Kimmy Schmidt. Et ne nous en voulez pas trop mais on a gardé la VO, ces répliques chocs perdant franchement de leur fraîcheur à la traduction.

Saison 4, épisode 4 :

— Jacqueline White : “Titus, I’m going to give it to you straight.”

— Titus Andromedon : “Gross!”

Saison 2, épisode 9 :

Kimmy Schmidt : “All burps smell bad. They’re the farts of the face.”

Saison 3, épisode 2 :

Titus Andromedon : “I’m not overreacting. I’m doing what any reasonable person would do in this situation — I’m lemonading.”

Saison 1, épisode 3 :

Jacqueline Voorhees : “If you want to get anywhere, you need to be blond and white.”

#2. Sous la farce, des sujets très sérieux

Unbreakable Kimmy Schmidt, ça n’est pas que de la gaudriole. Non, messieurs dames ! On a tendance à faire passer ça au second plan – parce qu’après tout, on est là pour se marrer –, mais la série a abordé des sujets très délicats au cours de ses quatre saisons. Sans jamais perdre de vue qu’elle était une comédie, elle a fait passer le message, parfois en pervertissant les codes ou en renversant (intelligemment) le point de vue. L’un des premiers sujets abordés n’était pas vraiment un pavé dans la mare : la gentrification. Cette lutte contre la boboïsation d’un quartier et la hausse des loyers qui va avec, était personnifiée par Lillian, habitante historique de ce pâté de maisons typiquement new-yorkais.

En mai 2017, alors qu’elle lance sa saison 3, Unbreakable Kimmy Schmidt évoque le harcèlement sexuel dans le milieu du show-business. Titus est alors la victime, figée par la peur et le dégoût, de la marionnette Mr. Frumpus. Quelques mois plus tard, le scandale Harvey Weinstein éclatait au grand jour et la vague #MeToo s’abattait sur Hollywood. En saison 4, la série revient sur le traumatisme de Titus et décompose les sentiments très contradictoires, notamment la culpabilité, que peuvent ressentir les victimes. La storyline fait aussi écho au témoignage de l’acteur Terry Crews, agressé sexuellement par un ponte hollywoodien.

La série s’est aussi illustrée par son traitement du PTSD, le syndrome post-traumatique dont souffre Kimmy pour avoir été kidnappée et séquestrée dans un bunker pendant 15 ans. Si le mot “viol” n’a pas été prononcé avant la saison 3, il n’en reste pas moins que, oui, Kimmy est une survivante. Elle doit apprendre à gérer son traumatisme, qui se manifeste de manière imprévue lorsqu’elle devient intime avec un homme. La saison 4 est aussi l’occasion pour elle de mettre un nouveau clou dans le cercueil de la masculinité toxique. En pleine ère post-MeToo, la série ridiculise les MRA (Men’s Rights Activists, des militants masculinistes de la pire espèce qui refusent de voir les femmes comme leurs égales). Et c’est forcément jouissif.

#3. Parce que Titus Andromedon

Ce que l’acteur Tituss Burgess a apporté à Unbreakable Kimmy Schmidt est inestimable, et son personnage, qui s’appelle aussi Titus (avec un “s” en moins), est incontestablement une version de lui-même. Comme lui, le comédien n’a pas vraiment brillé au cinéma et, comme son alter ego fictif, il a usé les planches de Broadway (il a été Sebastian dans La Petite Sirène) et des productions locales (Into the Woods). Son parcours télé n’est pas vraiment jalonné de grands rôles non plus, mais c’est à Tina Fey qu’il doit sa première vraie percée comique. Et non, on ne vous parle pas d’Unbreakable Kimmy Schmidt.

C’était dans 30 Rock, elle aussi coproduite par Robert Carlock et Tina Fey. Il y interprète D’Fwan, personnage haut en couleur, gay “loud and proud”, et pilier de la fausse téléréalité Queen of Jordan. Coïncidence amusante, D’Fwan avait même son propre vin, D’Fwine. Quelques années plus tard, Titus Andromedon est né, et avec lui la désormais cultissime chanson “Peeno Noir”, un hommage au “pénis noir”, qui deviendra un vin (commercialisé pour de vrai !) sobrement nommé “Pinot by Titus”.

Sans lui, Unbreakable Kimmy Schmidt ne serait pas la même. Personnage méta par excellence, il est LE maître absolu de la référence pop culturesque (“The Internet talks like Chandler”), a une hygiène de vie des plus douteuses (“I’ll have a water, two sugars”), et rêve de gloire sans avoir à fournir le moindre effort (“But I already did something today!”). Bref, Titus, c’est nous, en mieux. Il nous a aussi offert les meilleurs moments musicaux de la série et sa parodie de Lemonade rivalise avec l’originale de Beyoncé.

#4. Des moments musicaux cultissimes

Avant de découvrir son potentiel musical, avec de nombreuses parodies et des clips plus kitsch les uns que les autres, Unbreakable Kimmy Schmidt nous a séduit·e·s d’entrée de jeu avec son générique. Cette série, c’est l’élue. Celle qui a rendu totalement inutile, voire offensante, la présence du bouton “passer l’intro” sur Netflix. Imaginé par le compositeur Jeff Richmond, qui avait déjà officié sur 30 Rock, ce générique rentre dans le crâne pour ne plus jamais en sortir… et ça nous va très bien comme ça, merci. Que celui ou celle qui, là tout de suite, n’a pas envie de crier “Those females are strong as hell”, nous jette la première pierre !

Évidemment, on ne peut pas ne pas mentionner “Peeno Noir”, dont la popularité dépasse même celle du générique. Caviar ! Cette chanson, c’est une ode de Titus au pénis noir. Myanmar ! Pas besoin de picoler pour se déhancher sur son rythme entêtant. Roseanne Barr ! Le jeu de mots avec le vin a d’ailleurs porté ses fruits puisque Tituss Burgess a sorti un millésime très spécial, comme on vous le disait plus haut.

Titus, encore lui, a aussi bougé son booty sur une parodie de Lemonade, l’album de 2016 de Beyoncé qui était accompagné d’un long clip expérimental. Le titre s’appelle ici “Furiousity” (bah quoi, c’est Titus, il a le droit d’inventer des mots okay !) et reprend les codes du morceau “Hold Up”, de la robe jaune à froufrous à la batte de base-ball. Parmi les autres grands moments musicaux d’Unbreakable Kimmy Schmidt – on ne peut hélas pas tous les mettre –, on pense aussi à “Takeda Lullaby”, qui partait pour être drôle et s’avère finalement être tout à fait poignante ; ou encore “Six White Complainers”, savoureuse satire du générique de Friends.

#5. Des guests stars hilarantes

© Netflix

On ne peut pas parler d’Unbreakable Kimmy Schmidt sans évoquer les nombreux caméos de stars, parfois dans leur peau, parfois non. Le premier, qui d’ailleurs tient plus du rôle récurrent que du guest, c’est Jon Hamm. L’acteur a donné vie au super creepy révérend Richard Wayne Gary Wayne durant les quatre saisons de la série prouvant, s’il en fallait, que Don Draper est encore meilleur dans le registre comique.

Les trois premières saisons nous ont gâté·e·s avec des apparitions de Martin Short, dans la peau très tendue et botoxée du Dr. Grant (prononcez “Franff”), de la future apprentie sorcière Sabrina, aka Kiernan Shipka, qui incarnait la demi-sœur un peu pénible de Kimmy, ou bien de Zosia Mamet, notre Shoshanna préférée, en hipster soûlante.

On pense aussi à Joshua Jackson, éternel Pacey de Dawson, en caissier nommé Purvis, à Jeff Goldblum, qui, quant à lui, jouait un psy sur une émission voyeuriste du type C’est mon choix, ou encore à l’incroyable Maya Rudolph, sous la perruque de Dionne Warwick, qui a donné des envies de meurtre à Titus durant sa croisière.

La saison 4 n’était pas en reste, et Unbreakable Kimmy Schmidt a notamment convoqué ce bon vieux Punisher, alias Jon Bernthal, dans la peau d’un mystérieux inconnu épiant les faits et gestes de Titus. Ronan Farrow, dans son propre rôle, apportait son expertise sur le mouvement #MeToo, et Zachary Quinto jouait l’impitoyable rival de Jacqueline… avec un twist ! Toute une galerie de personnages et de visages connus, prêts à ne surtout pas se prendre au sérieux, qui ont illuminé quatre saisons de cette formidable série.

Bye, Kimmy. Tu vas nous manquer !