En saison 2, Big Little Lies n’est plus un thriller (et ça lui réussit)

En saison 2, Big Little Lies n’est plus un thriller (et ça lui réussit)

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Par Florian Ques

Publié le

En évitant de tomber dans la surenchère, la mini-série HBO prouve que cette deuxième saison méritait de voir le jour.

Lorsqu’on apprenait, en novembre 2017, que Big Little Lies recyclait son étiquette de mini-série (comprendre une fiction composée d’une seule et unique saison) en annonçant son renouvellement pour une saison 2, tout le monde était sceptique. Son intrigue majeure était bouclée, sa fin était cohérente et satisfaisante. En prenant en compte que la série est l’adaptation d’un roman n’ayant lui-même pas connu de suite, la légitimité de cette seconde cuvée d’épisodes demeurait plus que discutable.

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De longs mois plus tard qui parurent une éternité, il faut se l’avouer , la saison 2 est là. Et après trois épisodes visionnés, on est soulagés de constater que, oui, elle a bel et bien une raison d’être. Pour la piqûre de rappel, la première fournée nous abandonnait avec nos habitantes préférées de Monterey, réunies sur le sable fin d’une plage californienne avec leurs gosses respectifs, un certain temps après la mort de Perry (Alexander Skarsgard), le mari de Celeste (Nicole Kidman) qui s’était avéré être le violeur de Jane (Shailene Woodley).

Oui, il s’en passe des choses à Monterey. Et le calme n’est pas près d’arriver puisqu’une tempête débarque en ville pour tout ravager sur son passage. Cette tempête prend l’apparence de Meryl Streep, qui rejoint cette deuxième saison sous les traits de Mary Louise (fun fact, il s’agit du véritable prénom de la star oscarisée), la mère du défunt déterminée à élucider les circonstances de sa mort jugées trop peu crédibles à son goût.

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La présence de Meryl Streep justifie-t-elle l’existence d’une saison 2 ? D’une part, oui, parce qu’une série avec Meryl Streep ne se refuse tout simplement pas. Sans surprise, l’actrice réussit à briller dans chacune de ses scènes, instillant une ambivalence bienvenue à son personnage. Tantôt maman endeuillée à fleur de peau, tantôt femme inquisitrice et manipulatrice, Mary Louise s’impose illico comme une menace sur laquelle il faut garder un œil. Bien qu’elle soit présentée comme une antagoniste pour les héroïnes de Big Little Lies, son image de mère qui se ment à elle-même et refuse de voir son fils comme un homme violent capable d’agressions sexuelles est étonnamment touchante.

En face d’elle, les autres actrices de la série continuent de sortir le grand jeu. Nicole Kidman excelle toujours autant dans sa façon d’incarner Celeste. Les ennuis ne sont pas terminés pour la désormais veuve, qui a du mal à encaisser la mort de Perry, ce qui donne lieu à une scène troublante à la fin du troisième épisode – on ne spoile rien, promis. Sans qu’elle ait une personnalité très marquée au demeurant, Celeste s’avère l’une des protagonistes les plus complexes de Big Little Lies, surtout de par son rapport à la violence.

Dieu merci, on peut toujours compter sur Maddie et Renata, aka Reese Witherspoon et Laura Dern, pour nous servir des joutes verbales gratinées à (presque) chacune de leurs scènes. Les échanges les plus jouissifs restent, jusqu’ici, ceux entre Maddie et Mary Louise, l’une ne pouvant pas voir l’autre en peinture. Quant à Renata, elle écope enfin d’une intrigue à elle seule, qui laisse présager une douce descente aux enfers pour ce personnage déjà constamment à vif.

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Mais celle qui devrait réussir à réellement tirer son épingle du jeu ici, c’est Bonnie. Plutôt en retrait durant la première saison, Zoë Kravitz a enfin de la matière pour développer un personnage plus nuancé et plus intéressant. Retranchée dans une solitude qui la ronge, Bonnie doit porter un lourd fardeau : celui d’avoir poussé Perry à sa mort dans les escaliers. Au vu de sa réaction presque animale et instinctive cette nuit-là, on supposait qu’il y avait une backstory pertinente à creuser. Car si Bonnie est la pacifiste très peace qu’elle est aujourd’hui, c’est sans doute parce qu’il y a des antécédents de violence physique dans sa vie. Ce début prometteur de saison 2 nous tend déjà quelques perches pour mieux comprendre ses origines.

On notera que la réalisation de Big Little Lies est toujours irréprochable, en particulier dans sa manière d’épouser la psychologie des personnages avec un montage cryptique, finement pensé. Car si Jean-Marc Vallée n’est plus derrière la caméra cette saison, Andrea Arnold (American Honey) reprend le flambeau avec aisance et ne déçoit pas. Au final, le seul reproche qu’on puisse faire à cette saison 2 tout juste inaugurée serait… ses perruques. Dans l’histoire du petit écran, trouver une perruque moins crédible que celle dont est affublée Shailene Woodley (Jane) relève quasi de l’impossible.

En tout et pour tout, on peut le dire : la saison 2 de Big Little Lies mérite d’avoir vu le jour. La série acclamée de HBO évite le piège dans lequel beaucoup de séries basées sur un mystère tombent. On pense à How to Get Away with Murder ou encore Riverdale qui, elles aussi, avaient pour fil rouge une mort non élucidée, avec le coupable révélé à la fin de la saison. La suivante, ces shows-là plaçaient la barre plus haut avec une nouvelle affaire au moins aussi impressionnante. Big Little Lies, elle, préfère se focaliser sur les répercussions de la mort de Perry, sans donner dans la surenchère mais plutôt dans la simplicité et dans l’humain. Il y a de quoi être optimiste.

La saison 2 de Big Little Lies est diffusée sur OCS en US+24 dans notre Hexagone.