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Blood and Water, un Beverly Hills sud-africain soigné mais prévisible

Blood and Water, un Beverly Hills sud-africain soigné mais prévisible

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© Netflix

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Par Florian Ques

Publié le

La dernière proposition de Netflix, made in Afrique du Sud, laisse un petit goût de déjà-vu... pourtant pas si déplaisant que ça.

Comment ça, un énième teen drama ajouté au catalogue interminable de Netflix ? Il faut croire que oui et il n’est pas le seul, d’ailleurs. En effet, la semaine passée, le géant de la SVoD a proposé deux nouveautés : la première, Control Z, se présente comme un ersatz mexicain d’Élite, avec un petit côté Veronica Mars jamais véritablement maîtrisé. Bref, une perte de temps qu’on ne ressassera pas. En revanche, on a plutôt envie de parler de la seconde, Blood and Water, qui se montre tout de suite plus séduisante, malgré ses fondations irrémédiablement familières.

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Avec la métropole sud-africaine du Cap en toile de fond, Blood and Water s’intéresse à Puleng, une lycéenne au passif familial pour le moins troublant. Elle n’a en effet jamais connu sa sœur, Phume, puisque celle-ci aurait été kidnappée dès sa naissance. Mais lorsqu’elle fait la rencontre fortuite de Fikile, une élève populaire dans un établissement privé huppé, Puleng est convaincue d’avoir retrouvé sa sœur. Elle va alors infiltrer l’école Parkhurst, afin de se rapprocher d’elle et élucider le mystère, mais il se pourrait que d’autres secrets refassent surface entre-temps.

Sur le papier, cette nouvelle production originale Netflix fait écho à The Lying Game, une série ado Freeform adaptée d’un roman de Sara Shepard (l’autrice des livres Pretty Little Liars) et annulée au bout de deux saisons. En réalité, elle fait surtout penser à une histoire pas commune, mais pourtant véridique : celle de Cassidy et Miché, deux jeunes femmes qui se rencontrent par hasard au Cap… et découvrent via un test ADN qu’elles sont sœurs, Miché ayant été adoptée illégalement par celle qu’elle pensait être sa mère, comme le détaille le média Bustle.

© Netflix

De toute évidence, la thématique du trafic d’enfants est au cœur de l’intrigue de Blood and Water, mais on se rend vite compte qu’elle n’est que prétexte pour servir une série ado des plus classiques. Bien que l’investigation effrénée de Puleng soit l’ancrage de la série, celle-ci propose avant tout des mélodrames lycéens, des coucheries scandaleuses et des règlements de comptes sur la place publique (ou à défaut, sur les réseaux sociaux). Impossible de ne pas faire le lien avec Beverly Hills.

On troque les plages californiennes pour celles tout aussi idylliques du Cap, on remplace la jeunesse dorée de Beverly High par celle de Parkhurst College. L’affaire est dans le sac. Bien qu’elle se déroule dans un endroit du globe peu exploité sur le petit écran, Blood and Water reprend des codes télévisuels très américains, avec l’usage d’archétypes que de nombreux teen shows ont poncés au fil du temps. Même si elle peut sentir le réchauffé à plusieurs moments, la série s’impose comme un divertissement efficace et plutôt léché dans l’ensemble.

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Car si elle ne constitue pas une offre pleinement innovante comme une certaine Euphoria de HBO, Blood and Water mobilise de réels efforts dans sa photographie, surtout dans sa façon de mettre en lumière les peaux noires (un peu comme Insecure le fait si bien). La série devrait, à elle seule, démonter pas mal d’idées reçues que le public peut avoir sur l’Afrique du Sud à travers ses décors et les choix esthétiques les mettant en valeur. Autrement dit, elle parvient à rendre son récit prévisible bien plus captivant qu’il ne l’est, grâce à un travail appréciable sur la forme.

Si elle n’ose que très peu de choses au bout du compte, on soulignera l’inclusion d’un personnage secondaire pansexuel, tiraillé entre son attirance pour un garçon et une fille. Il est rare que la notion de pansexualité soit expliquée et encore moins montrée sur la petite lucarne. Malgré tout, ça ne va pas plus loin que ça au rayon des éventuelles prises de risques.

Au fond, ce n’est pas grave. Sans être une proposition novatrice, la deuxième production sud-africaine de Netflix – après la convaincante Queen Sono – a tout d’une série ado louable, portée par une jeune distribution pas encore totalement juste, mais pleine de promesses. Les bases sont posées pour une potentielle seconde salve d’épisodes, en espérant que le succès soit au rendez-vous côté public. Ça devrait être le cas.

La première saison de Blood and Water est disponible en intégralité sur Netflix.