Curon, la nouvelle sensation horrifique et italienne de Netflix

Curon, la nouvelle sensation horrifique et italienne de Netflix

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Ⓒ Loris T. Zambelli/Netflix

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Par Adrien Delage

Publié le

Curon, la dernière série horrifique de Netflix, nous plonge dans une maison hantée lugubre en pleine campagne italienne.

Netflix lance officiellement la saison des frissons de l’été avec Curon, sa dernière production sérielle horrifique. Une création italienne intégralement tournée dans la province autonome de Bolzano, située dans le nord de l’Italie, qui mélange les codes de la maison hantée à ceux du teen drama. Une recette qui a déjà montré ses preuves à de nombreuses reprises et qui pourrait bien faire patienter les fans du genre, en attendant l’arrivée prochaine de Ju-On: Origins et le retour de The Haunting of Hill House.

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Curon tient son nom d’un petit village pastoral de l’Italie profonde. Anna et ses deux enfants Mauro et Daria, des faux jumeaux, retournent dans la maison où elle a été élevée. Une bâtisse brinquebalante et ancienne, étrange et inquiétante, où sa mère est morte dans des circonstances suspectes des années plus tôt. Rapidement, les deux adolescents se rendent compte que leur famille n’est pas la bienvenue à Curon, même de part de leur grand-père qui cherche à les chasser. Mais alors qu’ils prennent goût à la vie rustique du village, leur mère disparaît soudainement sans laisser de trace.

Clocher immergé et maison hantée

Ⓒ Loris T. Zambelli/Netflix

Dans son approche de l’horreur et du fantastique, Curon répète les tropes classiques de la maison hantée : des bruits dans les murs, des lumières qui clignotent, un jeu de mise en scène avec les ombres… La série italienne n’apporte rien de vraiment novateur dans le genre mais le fait avec efficacité. Elle profite surtout de son cadre exceptionnel, la commune champêtre de Curon Venosta, pour créer une atmosphère malsaine et littéralement glaçante. Ainsi, le froid est un élément perturbateur qui revient ponctuellement dans le show, comme le symbole de la vie qui quitte ces personnages de façon sournoise.

Curon transforme son cadre bucolique en un véritable cauchemar, ce qui n’est pas sans rappeler notre série frenchie Marianne, annulée au bout d’une seule saison. On retrouve d’ailleurs de multiples similitudes entre les deux œuvres, à travers la métaphore du rabbit hole : le trou dans la forêt de Marianne dans le show de Samuel Bodin et un clocher à moitié immergé dans Curon. Ces deux lieux concentrent la partie fantastique de la série, et servent autant d’un aimant de fascination que d’un repoussoir lugubre pour nos héros.

Clairement, la série italienne ne fait pas dans l’originalité et recopie les us et coutumes de ses prédécesseurs. Difficile de ne pas penser à The Haunting of Hill House et Locke & Key à la vue de ce sombre manoir, qui concentre des traumas et des fantômes du passé d’Anna. Là encore, Curon explore des thématiques liées au deuil et à la famille, dont la question : “comment surmonter la perte d’un proche lorsqu’on a cherché à fuir la réalité de sa mort pendant toute sa vie ?”

Un sujet certes dur et captivant, mais dont le show peine à tirer une véritable source d’émotions dans laquelle le spectateur peut s’imprégner. À croire que le foyer des Crain avait déjà soufflé toute notre empathie avec ses personnages bouleversants à fonction d’allégories sur le deuil.

Cauchemar dans un cadre bucolique

Ⓒ Loris T. Zambelli/Netflix

Pourtant, les jeunes acteurs de Curon s’en sortent plutôt bien, à commencer par Federico Russo et Margherita Morchio, les interprètes de Mauro et Daria. Lui est chétif, malentendant et timide, elle est rebelle, progressiste et tête brûlée. Ensemble, ils forment un duo attachant amené à se confronter à l’héritage familial laissé par leurs parents. C’est une nouvelle métaphore régulièrement utilisée dans les séries d’horreur : le coming of age à travers un élément fantastique.

Malheureusement, le show varie entre le passable et le vraiment pas bon quand il surfe du côté du teen drama. Entre des situations d’ados très clichées et des dialogues assez pauvres, Curon ne parvient pas à convaincre et surtout à faire ressortir des personnages secondaires intéressants. Sur le même point, la série déçoit par sa BO franchement obsolète, qui oscille entre morceaux électro pop et instruments à corde, souvent incohérents avec les scènes en question. Oui, le style baroque et parfois à la limite du grotesque du cinéma italien ne plaira pas à tout le monde, même si la série est dans l’ensemble très imprégnée des codes américains (visionnage boulimique à la Netflix oblige).

Malgré ses défauts gênants, Curon reste une série prenante et séduisante. Elle prend son temps pour cultiver son mystère, n’abuse pas du fantastique et des jump scare, et se pose parfois à la limite du contemplatif. Elle se repose alors sur une photographie superbe, bleutée et onirique, notamment lors des séquences près du lac noir. La brume environnante, la quiétude du paysage et l’humidité ambiante nous transportent presque par moments dans l’univers de Stephen King, où un cauchemar terrifiant vient cogner à la porte d’une réalité calme en apparence. 

La première saison de Curon est disponible en intégralité sur Netflix.