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Jen et Judy reviennent en pleine forme dans la saison 2 de Dead to Me

Jen et Judy reviennent en pleine forme dans la saison 2 de Dead to Me

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Par Florian Ques

Publié le

Avec un tandem d'actrices toujours au diapason, la dramédie piquante de Netflix maintient le cap.

Parfois, on se dit qu’une distribution bien choisie suffit à faire d’une série un succès. Ça aurait pu être le cas de Dead to Me, dont la saison inaugurale débarquée l’an passé s’était présentée comme une honnête réussite, principalement grâce aux performances stellaires de Christina Applegate (Up All Night) et Linda Cardellini (Bloodline). Bien qu’elle reposait sur ce duo, la fiction de Netflix s’était distinguée par son équilibre très juste entre drame et comédie. Équilibre qui est, thank God, encore au rendez-vous dans une deuxième salve réjouissante.

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Sans surprise, cette saison 2 reprend exactement là où la précédente s’était achevée, soit avec le cadavre de Steve (James Marsden) flottant à la surface de la piscine. Jen et Judy n’ont alors qu’une mission : camoufler ce meurtre par tous les moyens, tout en essayant elles-mêmes d’accepter ce qu’il s’est passé ces dernières semaines, mais tout se complique lorsqu’un proche du défunt réapparaît subitement et qu’une nouvelle femme fait son entrée dans la vie de Judy, menaçant de tout chambouler.

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Là où la première saison faisait état d’une certaine timidité en faisant reposer son fil rouge sur un seul twist majeur, cette deuxième cuvée de Dead to Me met les bouchées doubles. Les révélations improbables s’enchaînent au gré des épisodes, plaçant la série dans une sorte d’univers presque surréaliste tellement les concours de circonstances deviennent grotesques. Malgré tout, la sauce prend. Ce côté over the top fait écho aux moments les plus jouissifs de Desperate Housewives et est rendu suffisamment crédible par ses deux comédiennes principales.

Là encore, Christina Applegate et Linda Cardellini donnent tout. Leur alchimie est toujours plus palpable, consolidant une amitié fusionnelle captivante, d’autant plus qu’il est rare de voir un lien platonique aussi solide se créer dans une œuvre de fiction. En plus d’être à l’origine de nombreux moments d’hilarité au fil des épisodes grâce à leurs caractères toujours aussi opposés, Jen et Judy héritent de développements scénaristiques qui leur sont propres.

Sous cette façade désopilante, Dead to Me parvient à instiller ce qu’il faut de réalisme et de drame pour proposer une réelle substance : en l’occurrence, Jen baisse un peu les armes pour dévoiler une facette plus vulnérable de sa personnalité et aborder à cœur ouvert la haine qu’elle éprouve envers sa personne. Quant à Judy, elle doit faire face à toute la pression qu’elle a emmagasinée ces dernières années et qu’elle a longtemps enfouie sous ses airs de bonne samaritaine constamment enthousiaste. Bien qu’ils méritent d’être creusés plus amplement, leurs mécanismes psychologiques confèrent à la série une dimension réfléchie des plus appréciables.

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La force de cette saison 2 réside aussi dans les personnages périphériques qui gravitent autour de ce tandem infernal. De son côté, Jen voit sa relation conflictuelle avec son fils adolescent, Charlie, gagner en complexité. C’est un développement bénéfique, dans le sens où Dead to Me avait jusqu’alors plutôt négligé son rôle de mère. Judy, elle, fait la rencontre de Michelle, impeccablement jouée par Natalie Morales (Santa Clarita Diet). Leur idylle florissante permet à la série comme aux personnages de souffler un peu et de miser sur une légèreté qui fait du bien.

Pourtant très hétéro à ses débuts, Dead to Me s’offre un virage plutôt queer-friendly avec ces nouveaux épisodes et le fait avec une aisance déconcertante. En effet, l’orientation amoureuse de Judy n’a jamais été explicitement détaillée et le public l’avait donc supposée uniquement attirée par les hommes, à tort. L’exploration de la sexualité de Judy est néanmoins présentée comme un non-sujet : il n’y a pas de remise en question existentielle chez le personnage, pas de mélodrame gratuit. Elle est attirée par Michelle, tout simplement, sans qu’il y ait de débat à avoir. Un constat rafraîchissant.

Sans être la fiction la plus innovante de sa génération, Dead to Me continue d’être un divertissement plaisant, assez addictif et capable d’émouvoir sérieusement dans ses meilleurs moments. Si le script tient la route et propose des sentiers scénaristiques pertinents à explorer, il est tout de même sublimé par le duo toujours brillant Applegate/Cardellini. On émet quelques réserves quant à l’avenir de la série sur la durée, mais telle qu’elle est, Dead to Me est une douceur dont on ne se lasse pas.

La saison 2 de Dead to Me est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 8 mai 2020.