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Les débuts sanglants et ultra-référencés d’American Horror Story: 1984

Les débuts sanglants et ultra-référencés d’American Horror Story: 1984

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©Kurt Iswarienko FX

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Par Marion Olité

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Derrière toi !

Après des mois de teasing alléchant (en particulier pour les amateurs du sous-genre horrifique du slasher), la neuvième saison d’American Horror Story, sous-titrée “1984”, a enfin débuté sur la chaîne FX. Que se passe-t-il cette fois-ci dans le monde cauchemardesque de Ryan Murphy et Brad Falchuk ? Les deux showrunners ont remonté le temps pour nous raconter l’histoire d’une bande de jeunes qui décident de partir de Los Angeles pour jouer les animateurs de colo au Camp Redwood, évidemment paumé au fin fond de la forêt, sinon ce n’est pas drôle.

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Sur place, ils découvrent que les lieux ont été le théâtre d’un horrible massacre perpétré 14 ans plus tôt par un serial killer. Répondant au pseudo de “Mister Jingle”, ce croque-mitaine à la démarche claudicante et au ciré noir (que l’on reconnaît au tintement de son trousseau de clés), s’est mis à massacrer tous les jeunes du camp un beau jour de l’année 1970. Depuis, le monstre a été envoyé dans un asile psychiatrique. Et évidemment, dans ce premier épisode d’exposition, il s’échappe et commet ses premiers méfaits.

Bienvenue à Camp Redwood

Du génial générique à cette scène d’introduction magique avec les jeunes protagonistes (incarnés par Emma Roberts, Billie Lourd, Gus Kenworthy, DeRon Horton et Cody Fern) en plein cours d’aérobic, on a rarement vu un hommage aux productions des années 80 aussi fun et minutieux. Bodies pastel, shorts moule-bites, musique électro et attitudes over the top sont au programme. Cet épisode correspond peu ou prou aux 20 premières minutes d’un film d’horreur de type slasher. Tout va assez vite et les scènes volontairement clichées s’enchaînent : la bande se rencontre et décide cinq minutes après de fuir LA tout l’été en partant au Camp Redwood. Après un arrêt à une station-service où un mec leur dit de faire demi-tour, ils heurtent un homme avec leur van (un clin d’œil évident à Souviens-toi… l’été dernier)Sauf que l’homme n’est pas mort. Une fois que les jeunes l’ont fait monter dans le van, tout le monde se rend sur le lieu maudit.

Le blessé est bizarre et effrayé, tandis que Brooke (Roberts) qui a tous les atouts de la parfaite final girl (l’héroïne de ce genre de productions, celle qui voit tous ses potes se faire massacrer et réussit à triompher du serial killer) rencontre une première fois Mr. Jingle. Si certains passages – notamment le tout premier, un flash-back sur le massacre de 1970 – peuvent faire flipper, cette séquence où la jeune femme se casse la figure toutes les 10 secondes et finit couverte de boue de la tête aux pieds est plutôt du genre hilarante. On est à deux doigts de la parodie du genre Scary Movie – mais en plus léché et rétro.

© FX

Comme dans tout bon slasher qui se respecte, Ryan Murphy plante le décor de sa sanglante histoire. D’ailleurs, il en montre presque trop : en 45 minutes chrono, on sait tout des origines du tueur, qui, sacrilège, montre carrément son visage. L’histoire est pour le moment des plus convenues. En attendant de vrais rebondissements, ce qu’on aime vraiment dans ce premier épisode, c’est quand la série va à fond dans le pastiche, notamment à travers le personnage de Trevor, une caricature de masculinité exacerbée. Loin de son rôle de prof gentil et un peu coincé de Glee, Matthew Morrison est hilarant et méconnaissable en Musclor crypto-gay qui sait rester longtemps en apnée quand il s’agit de faire un cunni à une femme au fin fond d’un lac.

Pour le reste, les hommages aux classiques Halloween (Michael Myers est interné dans un hôpital psychiatrique et s’en échappe, comme Mr. Jingle) et surtout Vendredi 13 (même intrigue centrale autour du camp de Crystal Lake, où sévit Jason Voorhees) s’enchaînent. Le tout est saupoudré de clins d’œil à la vraie vie et à la franchise American Horror Story.

En effet, avant de partir à Redwood, Brooke est victime d’une agression perpétrée par Richard Ramirez, aka “The NightStalker”. Ce criminel a été jugé IRL coupable de 13 meurtres en 1989. Le personnage, incarné par Zach Villa, était déjà apparu dans la saison AHS: Hotel sous la forme d’un fantôme. Et c’est bien lui qui a suivi la jeune femme pour faire des dégâts à Redwood et que l’on aperçoit dans le dernier plan de ce season premiere. La dernière scène où elle se rend dans une cabine téléphonique qui ne cesse de sonner a des airs de Scream anachronique. Elle clôt un épisode fun, méta et efficace, à défaut d’être original.

Que nous réservent les scénaristes d’AHS pour la suite de la saison ? Vont-ils tuer Brooke dans le prochain épisode, réalisant ainsi un clin d’œil au culte Psychose d’Alfred Hitchcock, qui osa tuer son héroïne au bout de 45 minutes ? Ou au contraire, va-t-elle devenir elle-même une tueuse ? Le twist serait savoureux, d’autant plus qu’Emma Roberts incarnait la cousine psychopathe de Sydney Prescott dans Scream 4. Maintenant que les bases sont posées, on espère que cette saison ne se contentera pas d’avancer au rythme des références au genre du slasher mais en fera au contraire exploser les contours. Car le plus gros risque de l’œuvre pop et méta, c’est bien celui… de l’ennui.

En France, American Horror Story est diffusée sur Netflix et Canal+.