Family Business, saison 3 : une dernière taffe de bouffonneries pour la route

Family Business, saison 3 : une dernière taffe de bouffonneries pour la route

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Par Adrien Delage

Publié le

Igor Gotesman fait ses adieux aux Hazan dans une ultime saison sacrément barrée et portée par des talents en grande forme.

Elle est loin l’époque où Joseph Hazan et sa famille cultivaient de la pastraweed pour sauver leur boucherie située dans le Marais. Après deux saisons plutôt drôles et efficaces, Igor Gotesman met fin à sa Family Business dans un troisième chapitre chargé de faire ses adieux aux Hazan. Cette comédie familiale et déjantée était déjà sans conteste l’une des meilleures séries françaises de Netflix, en tout cas bien plus aboutie (et moins problématique) que Plan cœur et l’hérésie Marseille. Il faut dire que la fiction relevée au THC pouvait se reposer sur un duo comique de grande classe, avec Jonathan Cohen et Gérard Darmon.

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Dans cette troisième et ultime saison, les Hazan sont confrontés à leur plus grosse galère depuis le lancement de la beucherie. Après s’être évadés de prison, ils tombent entre les mains de Catherine et son fils Léonard (Raphaël Quenard, génial), un ado psychopathe en manque d’affection qui souhaite vendre les organes de Joseph et ses proches à des mafieux russes. Dans le même temps, Aïda, Clémentine et Youssef mènent leur enquête à Paris pour retrouver et sauver les Hazan. Le temps est compté pour les bicraveurs amateurs qui ne se doutent pas que Catherine, la nouvelle copine de Gérard, joue double jeu avec eux.

Défoncés comme jamais

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Si les Hazan ont quasiment lâché le business de la weed, cette saison 3 est paradoxalement la plus timbrée des trois. Igor Gotesman pousse le bouchon très loin pour conclure sa série, autant au niveau des vannes que de l’action. Retenus par un cartel colombien (ou plutôt corse) contre leur gré, les Hazan sont au pied du mur et craquent complètement. Au cours des épisodes, on croise des champignons hallucinogènes, un pénis à la taille démesurée, un tigre affamé et des chirurgiens nazis tout droit sortis d’OSS 117 dans un joyeux bordel pas toujours très crédible mais assurément drôle.

Family Business peut surtout compter sur le talent de ses comédiens, deux en particulier. Il y a évidemment Jonathan Cohen et son timing de l’humour impeccable, irrésistible avec ses mimiques et ses grimaces clownesques. Mais cette saison, la palme de la vanne revient forcément à Louise Coldefy, l’interprète de la déjantée Clémentine, un personnage haut en couleur qui n’a jamais peur de penser à haute voix. L’actrice balance des punchlines tordantes à chaque apparition et crève l’écran avec des blagues de très mauvais goût, qui assurent clairement le spectacle dans cette ultime saison.

Jusqu’au-boutiste, ce dernier chapitre sur la vie des Hazan plonge foncièrement dans l’absurde, quitte à nous perdre parfois en chemin. Déjà à la base, on avait parfois du mal à adhérer au concept de la beucherie, mais le mélange entre comédie, série mafieuse et drame familial s’écarte définitivement de toute réalité dans cette saison 3. Igor Gotesman et ses comédiens se font plaisir et ça se voit à l’écran : scènes en hélicoptère, parodie de Koh-Lanta (avec Denis Brogniart en caméo, s’il vous plaît), fusillades, séquences hallucinées à la limite du scabreux… Les fans de la série sauront pleinement apprécier ce délire où tout est permis, métaphore d’un long, très long joint qui nous tient en défonce pendant six épisodes.

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La plus drôle pour la fin ? Oui et non, parce qu’on appréciait l’émotion de certains personnages secondaires, ici quasi absents, dans les premières saisons, Ludmila et Aure en tête. La présence d’une réflexion sur des discours sociaux contemporains (dépénalisation du cannabis, l’homosexualité d’Aure, les relations intimes chez les séniors) ont complètement disparu au profit de l’humour et de la vacherie. Même l’ultime séquence de la série est une vanne quand on aurait aimé assister à une scène de famille touchante entre les Hazan réunis. Les épisodes semblent parfois un peu rushés au profit de la déconne, même si le mojo de Family Business a toujours été finalement assez léger et naïf.

La recette au THC de la série nous laissera toutefois avec un bon souvenir, grâce à un casting percutant et des personnages attachants. Après Five, Igor Gotesman confirme son talent pour assembler des bandes de potes chaleureuses et nous faire croire pendant un temps que nous partageons leur vie. Family Business restera une buddy série sincère, drôle et doudou, que vous aimiez ou non planer devant votre écran en compagnie de Marie-Jeanne.

Les trois saisons de Family Business sont disponibles en intégralité sur Netflix.