Little Voice, la série feel good pour croire en son talent

Little Voice, la série feel good pour croire en son talent

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Par Marion Olité

Publié le

Avis aux amateur·rice·s de séries doudou et de ballades pop américaines.

Cette année 2020 pour le moins cauchemardesque est en train de nous vacciner des dystopies et autres thrillers sombres. Ajoutez à cela la douceur estivale et comme nous, vous avez peut-être davantage envie de passer un moment indolent et agréable devant un écran que de vous prendre la tête. Sans être complètement déconnectée de la réalité, Little Voice offre une sorte de parenthèse enchantée et musicale dans ce monde de brutes.

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Elle raconte les premiers pas d’adulte de Bess King, une jeune artiste qui cherche sa voie dans le monde de la musique à New York et compose ses propres chansons. En attendant de percer, elle vit de ses jobs de serveuse et baby-sitteuse pour animaux et s’occupe de son frère, sur le spectre de l’autisme.

Semi-autobiographique, Little Voice se base sur les souvenirs de Sara Bareilles (le titre de la série est un clin d’œil à l’un de ses albums), une compositrice et chanteuse très populaire aux États-Unis, qui a notamment cartonné en 2007 avec son hit “Love Song”. À travers le parcours de Bess (et le filtre de la nostalgie), elle se remémore ses débuts musicaux, ses doutes de jeune artiste et ses galères. La série est à l’image de sa musique : elle possède cette ambiance cosy, romantique et édulcorée, dans laquelle certain·e·s s’enrouleront comme dans une bonne couette, avec un plaisir non dissimulé, tandis que d’autres la trouveront insupportablement cucul.

La dramédie n’évite pas, en effet, les clichés de la jeune et jolie demoiselle sensible, rattrapée par la dureté de la vie, mais qui va triompher de ses épreuves et trouver l’inspiration et la confiance en soi. Telle une Miss France en devenir, Bess s’interroge sur les raisons de la haine des gens, se demande si l’espoir existe encore et son cœur balance évidemment entre deux jeunes hommes aussi fades que ridiculement beaux gosses.

Tout cela accompagné de titres originaux signés Sara Bareilles et garanti 100 % guimauve. Un peu comme un bouquin de développement personnel, un roman sentimental ou un compte Insta de self-love, il y a quelque chose d’à la fois attirant, d’inspirant et assez superficiel dans Little Voice. Un vrai paradoxe, alors que la série nous vend une héroïne à la recherche de son authenticité. Si son interprète Brittany O’Grady est très cute et juste dans le rôle principal, son personnage pour le moment trop lisse manque d’un grain de folie.

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Trouver sa voie et sa voix

Heureusement, un ton plus humoristique et grinçant affleure par-ci, par-là et de jolis moments de musique (un groupe de mariachis 100 % féminin, de la musique de rue…) viennent apporter personnalité et aspérités à cette série à la mignonnerie trop étudiée. Elle s’élève grâce à des protagonistes secondaires attachants : le père, Percy King, également artiste, qui chante dans les rues new-yorkaises avec ses acolytes et oscille entre rancœur et attitude de daddy cool, sa relation touchante avec son frère, inadapté à cette société (à moins que ce ne soit le contraire) ou encore, sa meilleure amie Prisha (Shalini Bathina) avec qui elle partage une colocation.

L’épisode 3, “Dear Hope”, évoque des sujets forts à la suite de l’agression homophobe dont est victime la jeune femme queer : la coutume des mariages arrangés en Inde et la peur de faire son coming out auprès de parents qui viennent “d’un monde différent”. On ne peut pas dire que les personnages de femme indienne-américaine et lesbienne courent les rues à la télévision (excepté Kalinda Sharma dans The Good Wife, qui est bisexuelle) ou au cinéma.

Plus largement, en dehors des love interests de Bess (deux mecs blancs, les moins intéressants, au terme des quatre premiers épisodes que nous avons pu visionner), Little Voice met en scène plusieurs personnages racisés, à commencer par son héroïne métisse et ça fait plaisir de voir une diversité naturelle s’installer à l’écran après tant de séries 100 % blanches, comme la jolie, mais très blanche Felicity en son temps, autre épopée de vingtenaires, produite par J. J. Abrams.

On espère que les prochains épisodes exploreront le ressenti de Bess en tant que femme métisse, mais rien n’est moins sûr, la série se concentrant, en ce qui la concerne, sur ses frustrations, sa sensibilité et ses élans amoureux. Et sur le “bel âge”, celui des rêves de grandeur et des premières désillusions, où la moindre déception se transforme en fin du monde personnelle.

Le joli message de Little Voice est clair comme de l’eau de roche : pour trouver sa voie et sa voix, il faut vivre, expérimenter, faire des erreurs et passer par des moments de doute où l’on a envie de tout lâcher et de se recroqueviller au fond de son lit, mais la beauté et les sources d’inspiration sont partout, pour peu qu’on y prête attention. Bien choisir ses proches, c’est aussi primordial et de ce côté-là, notre Bess est entourée d’ami·e·s bienveillant·e·s, toujours là pour la rassurer et l’encourager à persévérer dans son art. Qui sommes-nous pour dire non à un shot de bienveillance ?

La première saison de Little Voice est diffusée sur Apple TV+ depuis le 10 juillet.