Living with Yourself ou la double crise existentielle de Paul Rudd

Living with Yourself ou la double crise existentielle de Paul Rudd

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Par Florian Ques

Publié le

Après avoir aidé à vaincre Thanos, celui qu'on connaît sous les traits d'Ant-Man fait face à un nouvel ennemi : son propre clone.

Avouez-le. On s’est tous surpris à imaginer, au moins une fois, ce à quoi pourrait ressembler notre quotidien si l’on avait un double. Une copie à l’identique de nous-mêmes. Avec la même apparence, la même façon de respirer, de parler, de penser. Pour les plus narcissiques d’entre nous, cette rencontre avec un autre soi serait une aubaine, un rêve devenu réalité. Pour d’autres, la définition même de l’angoisse. Miles Elliot, l’alter ego de Paul Rudd dans la nouvelle série de Netflix Living with Yourself, se situerait plutôt dans cette deuxième catégorie de personnes.

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Créée par Timothy Greenberg, Living with Yourself fait donc les présentations avec Miles, un quadra équipé d’un air blasé à toute épreuve. Il s’épanouit de moins en moins dans son travail de concepteur-rédacteur pour une grande boîte de marketing. Le constat, navrant, est similaire pour sa vie amoureuse, au grand dam de son épouse Kate qui voit les fondations de leur couple s’étioler. Bref, c’est pas trop la joie pour ce brave Miles.

Démuni, il décide de se rendre dans un spa dont les mérites lui ont été vantés par un de ses collègues. Après avoir payé une somme astronomique, direction le soin. C’est plusieurs heures plus tard que Miles se réveille, nu, laissé pour mort dans un emballage plastique, au beau milieu d’une forêt. Quand il réussit à rentrer chez lui, il se rend compte qu’un clone a pris sa place. Une copie conforme, à quelques détails près : ce Miles 2.0 est une version améliorée de lui-même. C’est là que les ennuis commencent et que les premiers doutes se forment.

En seulement huit épisodes d’une demi-heure, Living with Yourself se place dans le même répertoire que deux autres dramédies estampillées Netflix : Maniac et Russian Doll. Deux œuvres au format similaire qui, chacune à leur manière, auscultent des questionnements existentiels liés à la condition humaine, le tout à travers un concept issu de la science-fiction. Et si elle n’est pas aussi léchée ou fascinante que ses aînées, Living with Yourself n’en demeure pas moins efficace.

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Sa réussite est en (très) grande partie due à Paul Rudd. Connu du grand public pour sa participation aux longs-métrages Marvel – et révélé bien avant ça dans Clueless, ne l’oublions pas –, l’acteur insuffle ce qu’il faut d’humanité dans son jeu pour qu’on ressente d’emblée de l’empathie. Et ce, aussi bien pour le Miles original que son clone, presque plus touchant avec la candeur qui le caractérise. La relation tendue entre les deux fonctionne, scène après scène, jusqu’à un face-à-face puissant, aussi bien littéralement que symboliquement.

C’est bien là que réside la force de Living with Yourself : les deux Miles mettent en exergue la dualité d’un seul et même être humain, soulignant sa complexité, ses nuances, ses qualités comme ses défauts. À travers la thématique du clonage, la série s’impose comme une exploration métaphorique des conflits internes à une personne. Et d’ici la fin de la saison, il est clair que c’est aussi une série sur la volonté d’être un meilleur individu.

Vendue ainsi, Living with Yourself peut avoir l’air éminemment austère mais c’est tout le contraire. Malgré des visuels assez ternes, la série sait mobiliser de nombreux ressorts comiques pour que son visionnage soit loin d’être pesant. Le quota entre humour et drame est globalement maîtrisé, un peu comme dans Russian Doll (là encore, la comparaison est inévitable).

Mais aussi plaisante que soit la saison inaugurale de Living with Yourself, cette dernière se présente tout de même comme un amuse-bouche, une entrée en matière pour ce qui semble être une œuvre bien plus étendue et généreuse. Tout porte à croire que Timothy Greenberg et son équipe de scénaristes ont des idées bien précises sur la direction que va prendre la vie de Miles (et Miles 2.0). Sans être forcément mémorable, Living with Yourself revisite tout de même avec brio la crise de la quarantaine et coche toutes les cases pour s’élever en tant que divertissement louable poussant à réfléchir. Ah, et on a déjà dit que Paul Rudd était excellent là-dedans ?

La première saison de Living with Yourself est disponible en intégralité sur Netflix.