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Love Life, une anthologie contemporaine sur le dating, pour les millennials en mal d’amour

Love Life, une anthologie contemporaine sur le dating, pour les millennials en mal d’amour

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© HBO Max

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Par Florian Ques

Publié le

Tout juste lancée sur HBO Max, cette dramédie portée par Anna Kendrick est à la fois drôle, moderne et étrangement régressive.

La semaine passée, Netflix, Amazon Prime Video et consorts voyaient une nouvelle plateforme réclamer sa place sur le marché déjà ô combien concurrentiel du streaming. Elle répond au doux nom de HBO Max et en plus de puiser dans les archives de HBO (forcément) pour son catalogue, propose quelques productions originales. Au milieu de ses documentaires et autres émissions de compétition, sa toute première fiction scriptée s’intitule Love Life. Une anthologie faussement novatrice sur le dating, calibrée pour les millennials en mal d’amour.

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Créée par Sam Boyd – qui avait déjà creusé les affres des relations amoureuses dans la rom-com indé In a Relationship en 2018 –, Love Life se pare d’un concept simple. Chaque saison se focalise sur la vie sentimentale d’un seul personnage dans son entièreté, de son premier béguin à sa toute dernière relation. Ainsi, la série est ici inaugurée par les écueils amoureux de Darby, une jeune femme new-yorkaise évoluant dans le secteur artistique, justement incarnée par Anna Kendrick (Pitch Perfect entre autres).

Pour le moment, les trois épisodes rendus disponibles de Love Life fonctionnent selon des schémas en tous points similaires : Darby rencontre un homme, le feeling passe… jusqu’à ce qu’il ne passe plus et que leur début d’histoire soit tué dans l’œuf. Sur le papier, c’est assez rébarbatif, mais les choses deviennent plus intéressantes dès lors qu’on s’attarde aux motifs de rupture. C’est là que la série se révèle plus pertinente, d’autant plus qu’il devient facile de s’identifier à son héroïne et à ses tribulations. Concrètement, ce processus d’identification est crucial pour apprécier le visionnage de Love Life.

© HBO Max

La première fois, l’obstacle à sa relation est la distance, alors que son prétendant est contraint de déménager pour des raisons professionnelles. La fois suivante, la différence d’âge et de maturité apparaît être un biais insurmontable. Lors de celle d’après, Darby fait face à un jeune homme qui est un peu trop vite prêt à s’engager et à brûler les étapes. Pour peu qu’on soit familier·ère avec le milieu du dating et ses rouages, toutes les idylles avortées de l’héroïne de Love Life auront un goût de déjà-vu, surtout à l’ère hyperconnectée dans laquelle on évolue.

D’après certains journalistes américains ayant eu accès à la quasi-totalité de la saison, Love Life prend une tournure plus surprenante au gré des épisodes. Pour l’heure, cette anthologie nous laisse sur notre faim, dans le sens où elle ne propose rien de terriblement innovant. Un constat somme toute décevant, quand on sait que l’amour est un sujet vaste et continuellement en train d’évoluer avec les mœurs contemporaines. Aussi charmante Anna Kendrick soit-elle dans la peau de Darby – qu’elle réussit à rendre attachante, même dans ses pires moments –, son personnage est trop prévisible pour lancer de réels débats ou susciter un intérêt soutenu.

© HBO Max

Le plus dommage dans le fond, c’est que Love Life a pris la décision de se concentrer sur les déboires sentimentaux d’un seul protagoniste, là où les personnages secondaires – comme Sara, la meilleure amie de Darby, brillamment jouée par Zoë Chao – auraient mérité tout autant de place sur le plan narratif. Cette pluralité des histoires racontées aurait apporté une profondeur bienvenue à la série dans son ensemble qui se contente, autrement, de ressasser des trames vues et revues dans d’autres œuvres, sans y instiller quoi que ce soit de singulier.

En prime, bien qu’elle soit appelée Love Life, on déplore le fait que la série soit beaucoup trop centrée sur la vie amoureuse de Darby, là où elle aurait pu développer d’autres facettes de son quotidien. Elle évoque vaguement des ambitions professionnelles, mais celles-ci sont piétinées par sa quête obsessionnelle de l’être aimé. Il y a, en ça, quelque chose de désagréablement régressif, renvoyant aux comédies romantiques des années 2000, où les personnages féminins ne cherchaient que l’amour et pas grand-chose de plus. C’est dommage.

En fin de compte, malgré une tonalité fraîche et un casting efficace, Love Life peine à aller au bout de son potentiel, laissant une impression d’inachevé. Alors oui, il faudra attendre de voir la direction que prendra la série dans les sept épisodes restant. Néanmoins, ces débuts demeurent décevants, aux antipodes de ce qu’un Insecure a pu proposer d’exemplaire dès sa première saison. Quitte à opter pour une anthologie sur l’amour, on préférera peut-être Modern Love, disponible sur Amazon.

Love Life est diffusée depuis le 27 mai dernier sur HBO Max aux États-Unis et reste inédite en France.