La série La Vague est une adaptation efficace (mais prévisible) du film original

La série La Vague est une adaptation efficace (mais prévisible) du film original

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Par Florian Ques

Publié le

Nous, la Vague s'impose comme un divertissement efficace, à défaut de justifier son existence en tant que reboot.

Pour d’obscures raisons, La Vague est un des rares longs-métrages allemands qui s’est bien exporté dans le reste de l’Europe et plus spécialement en France. Beaucoup, comme moi, l’ont sans doute découvert dans le contexte scolaire, lors d’une sortie ciné encadrée par le lycée. Le choc de son visionnage a été tel que ce film de Dennis Gansel est longtemps resté dans un coin de ma tête. Alors quand Netflix annonçait la mise en chantier d’un reboot en série, j’étais enthousiaste. Enthousiaste, mais forcément sceptique.

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Inspiré d’une étude expérimentale ayant eu lieu à Palo Alto en 1967, le film La Vague (ou Die Welle en version originale) montrait comment un professeur de lycée a créé sans le vouloir un mouvement dictatorial au sein de sa classe. Dans la série revisitée par Dennis Gansel lui-même, ce n’est pas tout à fait le même schéma. Ici, on suit Tristan, nouveau venu dans un lycée allemand, qui n’a pas de mal à se faire remarquer. Anticonformiste, énigmatique, calculateur… De fil en aiguille, cet étrange ado va réunir un petit groupe d’outsiders. Ensemble, ils veulent lutter contre les injustices du monde contemporain. C’est ainsi que naît la Vague, mouvement de rébellion a priori innocent… jusqu’à un certain point.

Vous l’aurez compris, Nous, la Vague fait abstraction du professeur, pourtant personnage clé dans le long-métrage originel. Au lieu de ça, c’est à Tristan, un ado clairement tourmenté mais tout de même charismatique, que revient le rôle d’instigateur. Est-ce crédible ? En partie, oui. La mise en place de la Vague en tant que mouvement révolutionnaire a du sens grâce à la bande qui entoure Tristan. Tous, ou presque, ont une rage en eux : ils sont remontés contre le système, contre les diktats, contre la pression sociale. Tous et toutes ont une raison légitime de rejoindre la Vague qui transparaît aisément à l’écran.

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Comme un doigt d’honneur au capitalisme et à tout ce qu’engendre ce dernier, Tristan et ses potes entreprennent plusieurs opérations pour faire passer leur message. Ils vandalisent des espaces d’affichage publicitaire pour dénoncer l’objectification du corps féminin. Ils dénoncent la violation des droits des animaux en s’infiltrant dans un abattoir. Des actions engagées qui font écho aux préoccupations de la jeunesse actuelle. En ça, ce reboot de La Vague trouve sa légitimité puisqu’il est en adéquation avec son temps.

En prime, le récit est prenant. Après un premier épisode en petite forme, la série trouve vite son rythme de croisière et instaure une narration haletante qui incite au binge-watching. Les six chapitres de Nous, la Vague s’enchaînent ainsi avec une certaine facilité grâce à un scénario bien ficelé qui tient la route. Malgré tout, d’autres aspects trahissent les faiblesses de la série.

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À commencer par ses intrigues un peu trop manichéennes. Qu’on ait vu le film allemand ou non, cette première saison de Nous, la Vague est cousue de fil blanc, de l’évolution des personnages à la dérive progressive du mouvement. On voit chaque prétendu twist venir à dix kilomètres. Le pire reste tout de même l’idylle façon Roméo et Juliette qui unit les deux personnages principaux : Tristan, le bad boy incompris qui a fait de la taule, et Léa, la fille de riches bien-pensante. Dans le genre amants maudits, on a connu hautement plus passionnant que leur histoire fadasse.

La série est bien plus captivante lorsqu’elle s’éloigne des carcans du genre ado pour se muer en fiction engagée et dénonciatrice. Les deux genres se mélangeraient peut-être mieux si elle daignait s’attarder sur ses personnages secondaires plutôt que sur son tandem central un peu trop lisse.

Pour celles et ceux qui ont vu (et aimé) La Vague, la version diffusée sur Netflix se présente comme une redite. Pas forcément superflue, mais pas tout à fait nécessaire non plus. La seule réelle plus-value de ce reboot sériel est sa dimension plus militante, en accord avec les questionnements contemporains. Cette première saison plante surtout les graines pour des fournées supplémentaires qui risquent d’être plus osées que celle-ci (et moins déjà-vu, on l’espère). C’est en tout cas une réussite honnête pour la plateforme américaine en terres germaniques, dans les pas de Dark et Dogs of Berlin.

La première saison de Nous, la Vague est disponible en intégralité sur Netflix à l’international.