Osmosis : l’amour sous algorithmes manque de passion

Osmosis : l’amour sous algorithmes manque de passion

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Par Florian Ques

Publié le

Pour sa troisième série hexagonale, Netflix nous demande jusqu'où nous sommes prêt·e·s à aller pour dénicher l'amour.

L’amour, pour beaucoup, c’est un peu l’aboutissement d’une vie : il n’y a qu’à voir le mythique “happily ever after” que nous matraquent les comédies romantiques made in Hollywood, ou encore l’offre pléthorique d’applis de rencontre dédiées à nous trouver un·e partenaire, pour un soir et plus si affinités. Mais souvent, dénicher l’être aimé s’apparente à un parcours du combattant. C’est laborieux, il faut faire des compromis, faire face aux doutes… Bref, un vrai casse-tête.

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Et si mettre la main sur notre âme sœur – la vraie, l’ultime, l’unique – était subitement plus simple ? C’est ce que propose Osmosis, la technologie miraculeuse au cœur de la série du même nom. Grâce à un implant neuronal et un algorithme dûment élaboré, elle peut assigner à tout individu la personne qui lui correspond. Le prix ? Sacrifier ses données personnelles. Quant à savoir si on accepterait ou non, c’est bien la question qu’Osmosis aimerait qu’on se pose.

Derrière cette technologie controversée, on retrouve un frère et une sœur. D’un côté, Paul, plutôt en charge de la partie business, croyant dur comme fer au potentiel révolutionnaire d’Osmosis. De l’autre, Esther, plus mesurée mais tout aussi fascinée par les promesses de ce processus de matchmaking haut niveau. Autour d’eux gravitent de nombreux personnages secondaires, y compris les premiers cobayes d’Osmosis avant que celle-ci ne soit accessible au grand public.

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Sur le papier, Osmosis – basée sur la websérie éponyme d’Arte Creative sortie en 2015 – a toutes les cartes en main pour proposer une réflexion extensive aussi bien sur les dérives technologiques que sur l’état des relations amoureuses à l’ère du tout-connecté. En soi, c’est un peu ce qu’avait réussi à faire, avec beaucoup de cœur, l’épisode “Hang the DJ” de Black Mirror, un parallèle inévitable au vu de la thématique commune.

Le hic, c’est que la série est en proie à une crise identitaire, et ce dès ses deux premiers épisodes (les seuls que Netflix a accepté de dévoiler en avant-première). Tantôt drame familial, tantôt thriller, tantôt récit d’espionnage, Osmosis joue sur tous les tableaux en fusionnant divers genres, sans pour autant en maîtriser un plus qu’un autre.

Ces deux premiers volets négligent la partie technologique pour trop se focaliser sur les enjeux personnels de Paul et Esther, là où on préférerait mille fois suivre les bêta-testeurs d’Osmosis dans leur quête éperdue de l’amour avec un grand A. En d’autres termes, la nouvelle série française de Netflix effleure son propos au lieu de l’explorer pleinement. Une occasion manquée ? Certes, mais pas totalement.

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Il y a aussi du bon dans Osmosis, à commencer par la création plutôt réussie d’un Paris ancré dans un futur proche hyperconnecté. Cela passe par des décors en extérieur globalement soignés, un code vestimentaire réfléchi mais aussi des lieux innovants qui mériteraient d’être davantage exploités, à l’instar d’un sex club où la réalité virtuelle est reine. Lorsque la série assume à fond son côté série d’anticipation, c’est là qu’elle révèle son véritable potentiel.

Sur la forme, Osmosis est de bon augure pour la fiction hexagonale. Elle affiche une diversité notable au niveau du casting tout en se montrant progressiste au niveau des personnages. Bien qu’Agathe Bonitzer et Hugo Becker soient impeccables sous les traits d’Esther et Paul respectivement, on regrette de ne pas s’attarder davantage sur les personnages périphériques, car c’est en eux que résident aussi bien la force émotionnelle de la série.

“Il n’y a pas de jugement de valeur dans Osmosis, il y a une réflexion mais on laisse le téléspectateur se faire sa propre idée”, a avancé Aude Albano, productrice, lors de la projection du show à Séries Mania. Et en réalité, c’est peut-être bien ça qui risque de lui faire défaut. Si Osmosis avait bénéficié d’un parti pris tranché, elle aurait évité de se perdre dans une narration éparse et décousue. À la place, on tient une œuvre incertaine de sa propre identité et qui laisse un goût âpre d’inachevé.

La première saison d’Osmosis est disponible dès maintenant en intégralité sur Netflix.