Ragnarök revisite les mythes nordiques dans une série électrisante

Ragnarök revisite les mythes nordiques dans une série électrisante

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Par Florian Ques

Publié le

C'est une entrée en matière réussie (bien qu'un peu laborieuse) pour la nouvelle série norvégienne de Netflix.

Suivant son projet incessant de conquête mondiale, le géant du streaming qu’on ne présente plus s’est invité en Norvège pour filmer sa dernière série originale. Dans le sillage de Home for Christmas – une dramédie mélo tournée à Oslo –, dévoilée en décembre dernier, Netflix reste en terres scandinaves avec Ragnarök. S’adressant aussi bien aux fanas de blockbusters qu’aux féru·e·s de teen dramas, cette production audacieuse dano-norvégienne devrait être promise à un bel avenir.

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Ayant pour ambition de remettre la mythologie nordique au goût du jour avec une modernité résolue, Ragnarök s’intéresse à Magne, un ado introverti, contraint de déménager dans la ville fictive d’Edda avec sa mère célibataire et son frère marginal. Très vite, notre héros blondinet va comprendre que tout n’est pas ce qu’il semble être dans cette bourgade faussement idyllique et qu’un désastre écologique guette toute la zone. Alors qu’il développe des capacités hors du commun évoquant celles d’un certain Thor, Magne devra se dépêcher d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Sur le papier comme à l’écran, Ragnarök réunit tous les ingrédients d’une histoire super-héroïque : un outsider bienveillant choisi pour être l’élu destiné à sauver le monde (rien que ça), en se confrontant à un groupe d’antagonistes coriaces. On connaît la rengaine et pourtant, cette formule traditionnelle fonctionne ici, principalement grâce aux rivaux de Magne.

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Face à lui, les Jutul, une famille des plus instables qui règne en maître sur tout Edda, puisqu’elle contrôle plus ou moins toute l’industrie locale (et donc, les ressources). Le père est un businessman stoïque, la mère est la dirlo du lycée de la ville. Quant aux enfants, ce sont bien entendu les ados populaires du bahut, incarnés avec brio par Theresa Frostad Eggesbø et Herman Tømmeraas, tous deux croisés dans Skam, à jamais dans nos cœurs. Malgré leur côté Twilight (impossible de ne pas penser aux Cullen en les voyant), on adhère vite à leur potentiel de vilains – puisqu’eux quatre sont les géants, soit les ennemis jurés des dieux nordiques comme Thor et compagnie.

Vous l’aurez pigé, Ragnarök est donc en réalité une redite de la mythologie scandinave, opposant une nouvelle fois les géants aux nouveaux dieux. Le terme “Ragnarök” renvoie d’ailleurs à une idée de fin du monde inéluctable, causée par ce choc des titans. À l’écran, les signes de cette apocalypse imminente sont aussi adaptés aux questions contemporaines : l’environnement est menacé, des dérèglements climatiques s’opèrent… De façon pas aussi creusée qu’on l’aimerait, la série se veut outil de sensibilisation écologique. C’est appréciable, mais trop superflu pour qu’on puisse réellement en tirer des leçons utiles.

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Néanmoins, si son propos en filigrane n’est pas tout à fait maîtrisé, Ragnarök brille à d’autres niveaux. En ligne de mire, sa photographie, qui sublime les paysages norvégiens avec des plans d’ensemble saisissants. La série ne lésine pas non plus sur le gore, comme pour prouver que c’est une série ado, oui, mais une série ado qui veut être plus que ça. On ne peut qu’être admiratifs du travail d’Adam Price, créateur du show, lequel se renouvelle du tout au tout en proposant une série aux antipodes de ce qu’il a pu produire jusqu’ici, à savoir Borgen ou encore Au nom du père. Il prend ici un double risque, s’essayant aussi bien au teen drama qu’au récit fantastique, et vise juste dans les deux cas.

Ce qui est déplorable au bout du compte, c’est la durée de cette saison. En six épisodes, Ragnarök a à peine le temps de poser les bases de son univers, nous mettant tout juste l’eau à la bouche qu’elle tire déjà sa révérence. Cette fournée inaugurale aurait mérité de creuser davantage ses personnages secondaires (bien que présents sur la photo plus haut, certains ados écopent d’un temps à l’écran ridicule), mais on va supposer qu’Adam Price a un plan bien défini sur plusieurs saisons.

En alliant les codes de la fiction super-héroïque avec ceux de la série ado et surtout, en trouvant un juste équilibre entre les deux, Ragnarök a tout pour être le prochain hit de Netflix. Pour peu qu’elle éclaircisse sa portée écologique et qu’elle dynamise un peu son rythme de croisière, la suite devrait nous réserver de belles choses. Les bases, solides, sont posées. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts (ou prier les dieux nordiques pour un renouvellement express, au choix).

La première saison de Ragnarök est disponible en intégralité sur Netflix.