En saison 6, The 100 essaye (pas toujours avec succès) de remettre les compteurs à zéro

En saison 6, The 100 essaye (pas toujours avec succès) de remettre les compteurs à zéro

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Par Delphine Rivet

Publié le

Faire table rase du passé, tout en ne changeant presque rien... c'est un concept.

Si The 100 nous a prouvé un truc depuis ses débuts, c’est qu’elle n’a pas peur de repartir de zéro ou presque. Une idée qui séduit à chaque fois, mais dont l’exécution laisse parfois à désirer, comme en témoigne la très oubliable saison 5 qui souffrait de nombreux défauts, notamment celui d’avoir rendu des personnages que l’on aimait profondément jusqu’ici parfaitement antipathiques (Octavia en tête, suivie de près par Clarke, Raven et Abby).

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L’excuse de la survie a bon dos, il est vrai, et pousse les scénaristes à prendre de mauvaises décisions en espérant qu’on se range tous et toutes derrière cette notion rédemptrice du “on a fait ce qu’on devait faire pour survivre”. En saison 6, on ne change pas seulement de décor, on emménage carrément sur une nouvelle planète : Alpha. Le reste des survivants sorti de son hibernation de 125 ans et quelque se sépare en deux : ceux qui restent à bord du vaisseau, et ceux qui partent explorer ce nouvel Eden repéré par Monty et Harper avant de mourir.

The 100 remet les compteurs à zéro et se permet quelques clins d’œil à ses débuts, comme lorsque Clarke dit à Bellamy que, cette fois-ci, c’est son tour d’être le premier à mettre un pied sur cette planète habitable. Dans le pilote de la série, sorti en 2014, c’est Octavia qui sautait à pieds joints hors de la navette. Et comme lors de cette première saison, ils vont devoir appréhender un environnement qui leur est hostile.

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Pourtant, Clarke propose de laisser les armes à l’intérieur du vaisseau. Alors, on a beau être des pacifistes, le fait que l’ancienne Wanheda ne trouve pas pertinent de se protéger en débarquant sur une planète dont elle ignore tout dépasse un peu l’entendement. C’est vrai qu’elle a essayé de toutes ses forces, en saison 5, de rester à l’écart des conflits, trop marquée par son passé guerrier et souhaitant plus que tout épargner le même destin à la jeune Maddi. Tout de même, il est ici question de survie. C’est même la seule chose qui préoccupe The 100. You should know better, sis!

Il est intéressant de noter qu’à la différence de la saison 1 où nos survivants découvraient l’existence d’une autre civilisation, primitive, en se faisant attaquer par celle-ci, c’est une autre approche qu’adopte la série dans ce season premiere. Ils débarquent dans un village coloré, avec des infrastructures, visiblement civilisé mais désert.

Leur premier contact avec cette population, c’est à travers leur culture et les objets qu’ils chérissent. Malgré les indices laissés sur leur chemin, ils vont quand même mettre un temps fou à comprendre que de mystérieuses éclipses provoquent des accès de rage incontrôlable.

“La saison 6 est la plus grosse remise à zéro qu’on ait pu faire jusqu’ici. D’une certaine façon, on change tout ce que vous connaissez. Même sur le plan thématique, on a voulu rafraîchir tout ça. Donc avant, c’était : jusqu’où on irait pour survivre. Et maintenant, c’est plutôt : est-ce qu’on peut faire mieux ? Ils ont des comptes à rendre pour ce qu’ils ont fait” racontait Jason Rothenberg, le showrunner de The 100 à Entertainment Weekly.

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On reste très mitigé sur ce season premiere. D’un côté, on aime la capacité qu’a The 100 à rebattre les cartes régulièrement et à bousculer les dynamiques en place. Mais il est de plus en évident que cette réinvention est surtout cosmétique : c’est le vernis qui change, le fond, lui, reste désespérément statique. Jason Rothenberg tombe dans son propre piège puisqu’au fond, si les personnages ont connu de nombreuses évolutions, la série, elle, n’a pas tant changé que ça.

L’illusion du renouveau ne tient qu’aux changements de décors successifs, mais on en revient toujours aux mêmes thématiques, justement : la survie, le sacrifice, la morale, la rédemption, la culpabilité et le poids du leadership. Clarke ne s’est toujours pas pardonné, personne ne fait confiance à Murphy, Raven n’a pas droit au bonheur, etc.

Les épisodes qui suivront nous diront ou non si nous avons eu raison de nous méfier. Le coup de la nouvelle communauté, on nous l’a déjà faite avec les Grounders, puis les habitants reclus de Mount Weather… C’est assez cocasse que nos survivants réalisent seulement maintenant que ce sont eux, les aliens. Ils l’étaient déjà sur Terre, techniquement, mais passons.

The 100 a de sacrés défis à relever en saison 6 pour corriger certains partis pris de la précédente. Il va y avoir du boulot pour nous faire de nouveau aimer Octavia, Raven commence à emprunter la même pente savonneuse et on craint qu’il ne soit déjà trop tard pour le cas d’Abby. Ce qui est assez déprimant, c’est de constater qu’aucune amitié, aucun lien de filiation, ne résiste aux épreuves que les survivant·e·s rencontrent sur leur chemin, en dehors de Bellamy et Clarke, l’union sacrée.

À force de vouloir rebooter sa série, Jason Rothenberg a peut-être perdu de vue l’essentiel : si on revient chaque saison, c’est avant tout pour retrouver ces personnages. Leur poser des dilemmes moraux, oui. Les faire devenir détestables, en revanche, ne rend service à personne. On attend de voir comment se déroulera la première confrontation avec les habitants de cette planète. Qui sait, The 100 a peut-être encore un peu de jus en réserve. On ne demande qu’à être surpris.