Super Drags, la série animée NSFW qui fait un doigt d’honneur aux homophobes

Super Drags, la série animée NSFW qui fait un doigt d’honneur aux homophobes

Image :

© Netflix

photo de profil

Par Florian Ques

Publié le

Engagée et barrée, la dernière production animée de Netflix fusionne les codes de la drag culture avec ceux des animes nippons à la Sailor Moon.

À voir aussi sur Konbini

© Netflix

L’an passé, l’arrivée fracassante de Ru Paul’s Drag Race sur Netflix signait la popularisation de la culture drag dans notre Hexagone. Avec dix saisons à son actif, une onzième en chantier et un nombre incalculable de déclinaisons et autres produits dérivés, cette émission américaine oppose plusieurs drag-queens, chacune étant déterminée à être couronnée meilleure drag-queen. En apparence absurde et too much – et ça, oui, elle l’est –, cette téléréalité est pourtant l’un des piliers de la communauté LGBTQ+, son animateur et créateur RuPaul étant lui-même considéré comme porte-étendard de cette même communauté.

En soi donc, Super Drags pourrait être perçue comme le bébé animé de RuPaul’s Drag Race. Tout juste dispo sur Netflix à travers le globe, cette série d’animation brésilienne retrace les péripéties hautes en couleur et en paillettes de trois amis et collègues, Ralph, Patrick et Doni. La majeure partie du temps, ils bossent dans un supermarché au sein d’un centre commercial. Mais lorsque le devoir les appelle, ces trois-là se transforment en super-héroïnes drag-queens, respectivement connues sous les pseudonymes de Safira, Lemon et Scarlet.

© Netflix

Ce pitch n’a, en surface, rien de novateur. Les histoires de double vie, un but ultime imparable (sauver le monde, un grand classique), la tonalité “girly”… Des animes nippons, comme Sailor Moon, suivent cette formule miracle et appartiennent d’ailleurs au même sous-genre, designé magical girl ou mahō shōjo en japonais. Mondialisation oblige, ce type de série animée-là s’est ensuite exporté et a donné lieu à des émules occidentaux comme Les Super Nanas et, à un certain degré, Totally Spies. En théorie, Super Drags reprend ces mêmes codes, en les détournant de façon un peu plus osée, mais aussi plus graphique.

Attention, en dépit de son animation colorée et juvénile, Super Drags n’est pas destinée à être matée par des gosses. Il y a des jurons à presque toutes les répliques, des zooms sur les paquets turgescents de plusieurs personnages… en bref, ce n’est pas pour rien qu’elle est déconseillée aux moins de 16 ans. En revanche, pour peu qu’on soit réceptif à son animation ainsi qu’à l’univers drag dans son ensemble, Super Drags est une réussite honnête. Seuls les hétéro fermé·e·s n’y trouveront pas leur compte. 

À chaque épisode, notre trio de super-héroïnes flamboyantes doit déjouer les plans de Lady Elza, une drag-queen sur le déclin aux allures d’Ursula dans La Petite Sirène. Ses objectifs ? Diviser la communauté gay, imposer un standard de beauté ou encore instaurer une thérapie de conversion pour “guérir” les homosexuels. Autrement dit, la puissance de Super Drags réside dans ses intrigues, amenées de façon infantile et qui font pourtant écho aux problématiques bien réelles auxquelles doivent faire face les membres du spectre LGBTQ+.

© Netflix

Derrière son ton léger, Super Drags dénonce l’homophobie. Mieux que ça, elle réussit, en prime, à mettre en lumière les aspects les moins reluisants de la communauté gay, comme une certaine homophobie intériorisée ou encore la normalisation d’un idéal de beauté superficiel et pernicieux. Et si elle se focalise sur ces sujets portant peu à sourire, la série animée se rattrape par son humour décalé, qui fait honneur aux valeurs de la drag culture. Un exemple ? Pour terrasser un ennemi, Safira, Lemon et Scarlet doivent se lancer dans une battle de play-back sur du Bonnie Tyler.

Bien qu’elle ne compte au final que cinq épisodes d’une vingtaine de minutes, il y a plein de choses à scruter et à analyser dans cette première saison de Super Drags. Sans être la série la plus drôle au monde – on frôle rarement le fou rire, soyons honnêtes –, elle fonctionne de par sa fusion de deux genres, de deux cultures distinctes. Elle risque surtout de parler davantage à un public homosexuel, principalement à cause de son jargon et de ses références, pas toujours évidentes pour un hétéro lambda. Au pire des cas, pour ce dernier, Super Drags peut être une entrée en matière efficace… pour mieux migrer vers la folie décadente et addictive de RuPaul’s Drag Race.

La première saison de Super Drags est disponible dès maintenant sur Netflix.