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The Handmaid’s Tale, saison 3 : une révolte (partiellement) réussie

The Handmaid’s Tale, saison 3 : une révolte (partiellement) réussie

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© Hulu

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Par Florian Ques

Publié le

La série s'éloigne de son étiquette de torture porn pour offrir un peu de lumière dans ce monde de noirceur. Attention, spoilers.

Une fois n’est pas coutume, l’été 2019 aura été riche en séries, nouvelles comme déjà existantes, avec un certain level de qualité indéniable. On pense aux adieux déchirants d’Orange Is the New Black, aux ados à fleur de peau de Euphoria, aux super-héros pas si héroïques que ça de The Boys… Là où certaines ont bien réussi à tirer leur épingle du jeu, d’autres semblent être restées sur le banc de touche. Pourtant must see des années précédentes, The Handmaid’s Tale est étrangement passée inaperçue avec son troisième tour de piste. À raison ? Pas tout à fait.

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Pour la piqûre de rappel, la saison 2 nous avait lâchement abandonnés avec un retournement de situation qualifié d’incompréhensible par moult haters. En effet, June parvenait à extirper son bébé du foyer des Waterford pour lui faire passer illégalement la frontière. Seulement, plutôt que de dire adieu à la république de Gilead, June décide de rester afin de sauver Hannah, son autre fille, confiant ainsi sa nouveau-née à Emily dans l’espoir qu’elle la conduise en toute sécurité au Canada.

Alors pour sa troisième salve, la série dystopique de Hulu se devait de faire passer la pilule en justifiant la décision controversée de June. Au terme des 13 épisodes qui composent cette saison, on peut confirmer que, oui, son choix avait du sens. Car celle qu’on a un temps connue sous le nom d’Offred est parvenue à fomenter une révolution. Une révolution silencieuse, qui se passe dans l’ombre, mais surtout tristement laborieuse jusqu’au dernier tiers de la saison. On rembobine.

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En unissant les Marthas et les Handmaids autour d’une cause commune – en l’occurrence, faire sortir de Gilead un grand groupe d’enfants de tous âges –, June tenait le bon filon. Le hic, c’est que les pions se mettent en place sur l’échiquier avec une lenteur déconcertante. Le milieu de saison, particulièrement, s’apparente à un ventre mou où l’action stagne. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien dans l’univers de The Handmaid’s Tale, puisque la série explore plus en profondeur sa mythologie, notamment à travers un séjour express à Washington.

Le problème avec The Handmaid’s Tale, et c’est souvent ce qui lui a été reproché, c’est que les horreurs de son régime totalitaire misogyne peuvent s’apparenter à du torture porn. Ce terme désigne une histoire où les protagonistes subissent des sévices toujours plus atroces, sans lueur d’espoir à laquelle s’accrocher. Et jusqu’ici, on ne va pas se mentir, The Handmaid’s Tale, c’était un peu ça. La série continuait de nous asséner de scènes dérangeantes dont les femmes sortaient toujours perdantes. Ces quelques jours à Washington sont, d’une certaine manière, le point culminant de ce travers, car on réalise que le traitement des femmes là-bas est encore plus inhumain. Eh oui, c’était possible.

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Puis, le déclic. Bien qu’elle eût été grandement remontée jusqu’ici, June se décide enfin à passer à la vitesse supérieure, arrondissant les angles quant à son éventuelle révolte tout en veillant à s’entourer d’allié·e·s de confiance. La dernière partie de saison, et surtout les trois ultimes chapitres, prouve que The Handmaid’s Tale est capable d’être autre chose qu’un récit de souffrance et de désolation. Qu’elle peut, au contraire, être une histoire de résilience et une ode à la solidarité. Longtemps déprimante, la série dévoile une autre facette de son ADN.

Mais si ce dernier arc narratif s’impose comme magistral, avec des instants crève-cœurs qui sauront faire monter quelques larmes, The Handmaid’s Tale propose tout de même une saison 3 inégale. La mise en place de son fil rouge manque cruellement de rythme et certains personnages pâtissent d’une sous-exploitation. On continue d’ailleurs de déplorer le traitement des personnages racisés, comme Ofmatthew (Natalie) qui hérite d’un développement injustement avorté au profit de la trajectoire de June, encore et toujours. On n’oubliera pas d’évoquer les regards face caméra d’Elisabeth Moss qui, percutants dans un premier temps, sont désormais devenus agaçants et synonymes de facilité.

En clair, cette saison 3 de The Handmaid’s Tale souffre de temps morts qui lui enlèvent un peu de sa saveur habituelle. Néanmoins, la série reprend du poil de la bête vers la fin de saison, promettant une ère de renouveau pour la suite. Là où on émet quelques doutes, c’est à l’égard du destin réservé à June. Le fait qu’elle soit encore en vie à ce jour malgré toutes les casseroles qu’elle se traîne (là où d’autres Handmaids ont été pendues pour moins que ça, en comparaison) reste une incohérence. En soi, on aimerait que la série parvienne à s’émanciper de June car The Handmaid’s Tale n’est pas seulement son histoire personnelle mais celle de femmes, plurielles, assujetties malgré elles et désireuses de liberté. Il faudrait que l’équipe derrière le show en prenne conscience, car la série n’en sortirait que grandie.

La saison 3 de The Handmaid’s Tale est disponible sur OCS en France.