The Woman in the House Across the Street from the Girl in the Window est aussi WTF que son titre

The Woman in the House Across the Street from the Girl in the Window est aussi WTF que son titre

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Par Marion Olité

Publié le

Cette nouvelle série reprend le concept du voisin voyeur (ici une voisine voyeuse) sur un ton parodique, pas toujours maîtrisé.

Attention, il est fortement conseillé d’avoir visionné la série avant de lire cette critique, qui contient des spoilers.

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On attendait avec curiosité cette série. Autant pour son titre barré qui annonçait la couleur que pour le retour aux affaires sérielles de queen Kristen Bell, que l’on a tellement adorée dans Veronica Mars et The Good Place. Créée par Rachel Ramras, Hugh Davidson et Larry Dorf, The Woman in the House Across the Street from the Girl in the Window (on l’écrit une seule fois en entier, pour le fun !) se présente comme une comédie noire, une sorte de parodie des thrillers psychologiques dont le pitch rappelle immanquablement le classique d’Hitchcock, Fenêtre sur cour (1954), dans lequel James Stewart incarne un photographe de presse cloué à son canapé après s’être cassé la jambe. Il commence à espionner ses voisins et voisines pour passer le temps, mais se retrouve être le seul témoin d’un meurtre.

Dans The Woman in the House, Kristen Bell revisite le rôle de James Stewart. Ce retournement des genres féminin et masculin permet de ne pas verser dans le male gaze (une mise en scène voyeuriste, qui objectifie les personnages féminins et leurs corps), qui était justement une des caractéristiques du cinéma d’Alfred Hitchcock.

Kristen Belle incarne donc Anna, une mère endeuillée par la mort de sa fille, survenue trois ans plus tôt. Cette artiste peintre en panne d’inspiration depuis le drame s’est tournée vers la consommation de vin rouge (à raison d’une bouteille par jour) pour noyer son chagrin. Elle passe le plus clair de son temps sur son canapé, à lire des thrillers, boire et espionner ses voisins de sa fenêtre. Quand un séduisant voisin emménage en face de chez elle avec sa jeune fille, Anna reprend espoir. Mais elle apprend rapidement qu’il a une petite amie, et un soir, elle croit voir cette dernière se faire assassiner. Personne ne la croit. A-t-elle vraiment été témoin d’un meurtre ou le mélange de médicaments et d’alcool a-t-il eu raison de sa lucidité ?

Y a-t-il un·e scénariste pour sauver Kristen Bell ?

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Quand on se lance dans un genre aussi casse-gueule que la parodie satirique, il faut savoir maîtriser son ton. C’est le reproche majeur que l’on peut faire aux scénaristes de The Woman in the House. Tantôt weirdo, tantôt vraiment drôle, tantôt très (trop) premier degré, la série ne trouve jamais complètement le bon équilibre pour que l’on puisse crier au génie. Mais elle possède un atout non négligeable dans sa manche : Kristen Bell, qui nous a déjà prouvé dans le passé qu’elle excellait dans les rôles d’anti-héroïnes attachantes (Eleanor dans TGP) et dans le mélange des genres. Alors on s’accroche à elle comme Anne s’accroche à ses verres de vin rouge trop remplis.

Pour le reste, la série n’a à peu près… ni queue, ni tête. Quand elle verse volontairement dans les trouvailles ridicules, ça fonctionne. Parfois. Anna, qui ne se déplace jamais sans son gratin (sa fameuse “casserole” en version originale), sera très probablement un mème sur les réseaux sociaux dans les prochains jours. L’écriture hésite entre un humour noir WTF (on apprend que la fille d’Anna a été tuée et mangée par un serial killer cannibale, après avoir été emmenée par son père, profiler, sur son lieu de travail et laissée seule avec le tueur en question ?!) et un ton burlesque (le voisin qui révèle sa passion de ventriloque pour surmonter son deuil, on n’était pas prêts !), les deux ne se mélangeant pas nécessairement de façon très fluide.

On a alors la désagréable sensation que les scénaristes n’ont maîtrisé leur écriture qu’à 60 % de ce qu’on voit à l’écran, les 40 % restant relevant quasiment de l’écriture automatique. On a intérêt à avoir signé plutôt deux fois qu’une ce fameux pacte de suspension d’incrédulité (passé implicitement entre le public et la série) pour continuer à visionner The Woman in the House sans s’arracher les cheveux devant tant de stupidité.

The Woman in the… WTF ?! 

Plus les épisodes avancent, plus l’histoire part dans tous les sens, jusqu’à la révélation finale de la tueuse, qui possède comme seule qualité – à défaut d’être crédible – qu’on ne l’a vraiment pas vue venir. Une bonne œuvre parodique doit trouver une forme de cohérence dans ses vannes, et c’est ce qu’il manque cruellement à TWITHATSFTGITW (oui, c’est probablement le titre et le hashtag de série le plus long de l’histoire).

L’histoire du deuil d’Anna et son mari Douglas (Michael Ealy) est traitée de façon très sérieuse et premier degré, ce qui détonne complètement avec des choix comiques autour de cet arc narratif, comme celui de faire de l’héroïne une phobique de la pluie (on appelle ça l’ombrophobie, merci de nous avoir appris un mot au passage !), ce qui donne lieu à quelques scènes… assez (volontairement) ridicules. On a également du mal aussi à comprendre où les scénaristes veulent en venir avec Douglas, écrit comme un personnage sympathique alors qu’il se révèle être un danger public !

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On apprend qu’il a laissé sa fille seule avec un serial killer cannibale (?!), mais c’est Anna qui s’en veut. Plus tard, d’autres révélations tout aussi dingues s’accumulent : il se fait passer pour le thérapeute de son ex-femme depuis le début (il lui avoue, et elle le prend bien ?!) et, cerise sur le gâteau, Anna apprend que l’homme à tout faire qu’il a engagé il y a plusieurs années vit dans son grenier (elle lui pardonne immédiatement cette intrusion dans sa vie privée ?!), mais surtout que Douglas souhaitait le réhabiliter : il sortait d’une peine de prison pour mineurs pour avoir tué toute sa famille !

Sans cohérence aucune, la série se termine donc par un happy end entre les deux tourtereaux, et une Anna qui accouche d’un nouvel enfant un an plus tard. Les scénaristes ne doutant de rien, le final (qui contient un très court caméo de Glenn Close, ça fait toujours plaisir de la voir) ouvre la porte vers une saison 2 qui fonctionnerait sur le même concept : Anna croit de nouveau avoir vu un meurtre. Merci pour ce moment, hein, mais ce sera sans nous.

Malgré une histoire qui part dans tous les sens et des personnages écrits à la truelle, il est un phénomène dur à expliquer. On reste facilement devant The Woman in the House, tantôt pour lever les yeux au ciel, tantôt pour éclater de rire. Il faut dire que Netflix n’a pas acquis The Woman in the House par hasard : le format de la série – huit épisodes d’une vingtaine de minutes – prête au binge-watching. Mais à part le plaisir de revoir Kristen Bell, qui se tire miraculeusement bien de ce bordel par la grâce de ses talents d’actrice, on se demande bien pourquoi on est restés pendant 4 heures devant ce poulet sans tête qui court dans tous les sens. Attendez ! Vous reprendrez bien un peu de “casserole” ?

La première saison de The Woman in the House Across the Street from the Girl in the Window est disponible sur Netflix.