Walker avec Jared Padalecki : n’est pas le Texas Ranger qui veut

Walker avec Jared Padalecki : n’est pas le Texas Ranger qui veut

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Par Adrien Delage

Publié le

Le reboot de Walker, Texas Ranger est un échec complet, une série aussi formatée que ringarde.

Après quinze années de bons et loyaux services passées à combattre les démons de Supernatural, Jared Padalecki est finalement passé à autre chose. Si son frère d’armes Jensen Ackles a choisi de rejoindre les Boys d’Amazon, l’acteur originaire de San Antonio est retourné dans son Texas natal pour jouer une figure emblématique de la région : le ranger Cordell Walker, autrefois incarné par Chuck Norris. Ainsi, Jared Padalecki a pris la place de l’expert en arts martiaux dans un reboot moderne de Walker, Texas Ranger, qui n’a finalement plus grand-chose à voir avec la série originale.

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Dans Walker, Cordell est déjà un ranger célèbre et redouté dans les quatre coins du Texas. Mais le jour où sa femme est assassinée, il décide d’accepter une mission d’infiltration pour faire son deuil et avancer. Il abandonne du jour au lendemain son poste et sa famille et doit faire face aux conséquences de son choix à son retour.

Alors que le dialogue avec ses enfants est rompu, Cordell doit faire équipe avec Micki Ramirez, une jeune policière qui rêve de faire ses preuves et devenir la première ranger femme de l’État. Mais dès leur première affaire, les deux coéquipiers rencontrent quelques problèmes d’entente et de coopération qui pourraient bien compliquer leurs situations respectives.

Walker, Texas loser

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Diffusée à l’origine entre 1993 et 2001, Walker, Texas Ranger connut un certain succès grâce au flegme tordant de Chuck Norris et ses scènes d’action délirantes. Ancrée dans les codes du western et des arts martiaux, la série dévoilait une certaine facette de l’Amérique blanche, hantée par le souvenir de la guerre du Vietnam et conservatrice des valeurs viriles de la figure du cow-boy. Forcément, en 2021, le monde et la société ont quelque peu évolué et le reboot a choisi de suivre une vision du sud des États-Unis un peu différente, censée moderniser Cordell et ses enquêtes policières.

En vérité, Walker est tout simplement devenue une production formatée supplémentaire de la CW. Le crime drama est désormais mi-procedural, mi-drame familial, le tout enrobé dans un paquetage aseptisé et cliché. Avec une écriture paresseuse et une mise en scène épileptique insupportable, le reboot ne participe pas vraiment à une réinvention de la série culte, qui semble définitivement obsolète en période de Peak TV. Et le casting est malheureusement assez représentatif de ce désastre narratif et visuel.

Dans la peau de Sam Winchester, Jared Padalecki pouvait dissimuler son mauvais jeu d’acteur derrière son duo attachant avec Jensen Ackles et les intrigues pop et divertissantes de Supernatural. Mais dans Walker, on découvre rapidement qu’il n’a pas les épaules pour assumer un rôle principal. Padalecki n’est pas très expressif et doit composer avec des dialogues bas du front, qui tournent souvent autour du patriotisme et du rôle paternel voué à l’échec. L’acteur n’a pas non plus le charisme taiseux de Chuck Norris, qui avait au moins un certain talent pour délivrer des punchlines de bourrin mais avec une forme de second degré assumée.

Pour ne rien arranger, la mise en scène pèche par une surenchère de cuts et un montage charcuté. C’est bien simple, les séquences d’action sont pour la plupart illisibles, la faute à un découpage épileptique des plans, qui nous rappelle combien les séries de network sont prises au piège par la pression des tournages hebdomadaires. Rapidité n’est jamais synonyme d’efficacité dans ce genre de production, et Walker n’échappe pas à la règle. Les fans de la première heure découvriront également avec déception que le côté arts martiaux de l’œuvre originale a tout bonnement disparu, nous privant en plus de quelques bastons jouissives.

Finalement, le seul intérêt de Walker se trouve dans le personnage de Micki Ramirez, incarné par Lindsey Morgan (Raven dans The 100). La jeune policière apporte un peu de fraîcheur dans un univers résolument macho et conservateur, tout en portant en elle une partie de ce qui faisait le charme de Walker, Texas Ranger : l’humour et les punchlines incisives. Au lieu d’un reboot, la CW aurait peut-être dû miser sur un remake au féminin, qui aurait au moins l’élégance de proposer véritablement une série plus contemporaine et captivante.

En France, la première saison de Walker reste inédite.