WandaVision : quand Ma sorcière bien-aimée rencontre l’univers Marvel

WandaVision : quand Ma sorcière bien-aimée rencontre l’univers Marvel

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Par Adrien Delage

Publié le

La première série entièrement intégrée au Marvel Cinematic Universe de Kevin Feige joue la carte de l’audace et de la surprise.

“It’s all connected”, assurait Jeph Loeb, le vice-président de Marvel Television, aux fans d’Iron Man et Captain America lors de l’annonce du développement d’Agents of S.H.I.E.L.D. en 2012. Huit ans plus tard, les mêmes aficionados savent que cet univers étendu et connecté entre cinéma et télévision n’était en réalité que du vent, tout comme les productions originales de Netflix, trop matures et sanglantes pour être associées aux films familiaux de Disney. Le schisme entre Marvel Television et Marvel Studios, le sanctuaire de Kevin Feige, a été consommé, si bien qu’il aura fallu le lancement d’une plateforme et la quatrième phase du MCU pour enfin découvrir une série pleinement intégrée et cohérente avec la saga des Avengers.

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Et c’est justement deux membres de l’équipe, pas forcément les plus exploités, qui ont l’honneur de débuter les hostilités. Wanda et Vision donc, couple tragique de la franchise, la première débarquée dans Avengers : L’Ère d’Ultron, le second présent dès les débuts de Tony Stark à travers la voix de son IA Jarvis. Évidemment, impossible pour Feige et ses équipes d’agir sans la grande famille de super-héros qu’ils ont fondée, Elizabeth Olsen et Paul Bettany reprenant leurs rôles respectifs une énième fois pour le plus grand bonheur des fans. Mais cette fois, le duo a d’autres chats à fouetter que de vaincre Thanos ou sauver la Terre d’une menace extraterrestre puisqu’il s’agit pour eux de… faire la vaisselle et fonder une famille.

WandaVision pourrait bien désarçonner une partie des fans de l’univers Marvel. La série se déroule peu de temps après les événements décisifs d’Avengers: Endgame, mais dans une situation pour le moins troublante. Les deux tourtereaux s’installent à Westview, une banlieue américaine paisible, dans les années 1950. À notre grand désarroi, Wanda et Vision tentent de cacher leurs pouvoirs à leurs nouveaux voisins afin de vivre une vie tranquille, loin des responsabilités de super-héros qui leur incombent. Mais très vite, ils vont se rendre compte, en même temps que les spectateurs, que les apparences sont parfois trompeuses et qu’il n’est pas si facile d’échapper à un passé traumatisant.

Sitcom et magie noire

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Dès les premières minutes du pilote, on comprend tout de suite que WandaVision est la proposition la plus loufoque et audacieuse du MCU. Loin de la recette Marvel traditionnelle sur grand écran, la série profite de son format sériel pour se repenser, d’abord visuellement : le show de Jac Schaeffer, également scénariste du reporté Black Widow, est un hommage aux sitcoms américaines vintage. WandaVision s’ouvre dans une colorimétrie binaire, en noir et blanc, et multiplie les références aux comédies de l’époque, Ma sorcière bien-aimée et I Love Lucy en tête, et aux actrices de cet âge d’or comme Mary Tyler Moore. Matt Shakman, le réalisateur des épisodes, n’est pas non plus là par hasard, au vu de son CV (Parks and Recreation, It’s Always Sunny in Philadelphia, Ugly Betty…).

Kevin Feige et ses ficelles scénaristiques font le pari de nous perdre volontairement avec cette série à l’ancienne, à travers une reconstitution bluffante des effets cheesy et emblématiques de l’époque. Les questions se bousculent dans notre cerveau : pourquoi n’évoquent-ils jamais les retombées tragiques de l’affrontement contre Thanos ? Comment le tandem a-t-il pu remonter le temps ? Mais surtout, pourquoi diantre Vision est-il toujours en vie ? Les lecteurs assidus de comics pourront rapidement établir des théories concernant le potentiel encore inexploité des pouvoirs de la Sorcière rouge, l’un, si ce n’est le personnage le plus puissant du roster Marvel, mais pour les autres, il faudra s’armer de patience pour comprendre le concept ingénieux et surprenant de WandaVision.

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On évitera soigneusement de révéler des parties de l’intrigue car, en neuf épisodes, la série évolue et retrouve son ADN “marvelesque” au cours d’un moment-clé. Un climax très excitant pour les adeptes de cet univers, qui aura en plus des répercussions sur la phase IV du MCU (et notamment dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness). Que les fans se rassurent : l’univers étendu déjà impressionnant de Kevin Feige continue de croître dans le show, notamment avec l’ajout de nouveaux personnages, dont Agnès, femme au foyer énigmatique et voisine bienveillante en apparence incarnée par la pétillante Kathryn Hahn (Transparent).

Là encore, les mordus des comics Marvel pourront échafauder quelques hypothèses concernant la présence de ce protagoniste, Elizabeth Olsen ayant délibérément refusé de répondre à l’animateur Jimmy Kimmel, qui lui posait des questions sur House of M, crossover majeur de l’éditeur… Quoi qu’il en soit, la transition de grand à petit écran pour le MCU semble très bien partie, soutenue par une écriture feuilletonnante qui cultive le trou du lapin blanc, un hommage captivant à la télévision rétro et la possibilité d’explorer deux des plus mystérieux et complexes super-héros de cet univers. Une chose est sûre, il nous tarde désormais de retrouver Loki dans son propre spin-off, antihéros phare des films Avengers qui pourrait bien confirmer la réinvention du Marvel Cinematic Universe sur le petit écran.

Les neuf épisodes de WandaVision sont diffusés sur Disney+, à raison d’un épisode par semaine.