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Ces performances live à Woodstock en disent long sur la génération hippie

Ces performances live à Woodstock en disent long sur la génération hippie

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Par Théo Chapuis

Publié le

Si on ne la revivra jamais, on peut retrouver l’essence de la génération peace and love dans les lives du festival Woodstock et surtout dans l’incroyable documentaire qui a été consacré à l’événement.
N’oublions jamais ! Si vous pouvez aujourd’hui profiter des plaisirs de la Route du Rock, de Rock en Seine, des Vieilles Charrues, du Fall of Summer et du Hellfest, c’est parce que même s’il ne l’avouera jamais, chaque festival tente désespérément de ressusciter la flamme du père des festivals, celui que personne n’a connu mais qui attise les rêves les plus fous : Woodstock.
Dans le cadre de son fil rouge de l’été Summer of Peace, Arte diffusera le célèbre documentaire de 1970 Woodstock : three days of peace and music, réalisé par Michael Wadleigh. Plus qu’un documentaire sur un festival de rock, ce film est un instantané inédit sur une scène musicale qui n’existera jamais plus.

Long de 3h45 dans sa version “director’s cut”, Woodstock peut en décourager plus d’un. Pourtant, il est un jalon nécessaire pour capter l’âge d’or de la contre-culture des années 60 – et le déclin de celle-ci juste après. Mais ce film est aussi un fabuleux témoignage de musique live à une époque où aucun ingénieur du son n’était préparé à sonoriser un événement pour plus de 100 000 personnes (pas de bol : il y aurait eu 450 000 participants au festival).
Pendant trois jours de musique, de nombreux artistes ont gravé en lettres de feu leur nom au panthéon du rock’n’roll grâce à leur performance devant ce gigantesque champ boueux grouillant de hippies hallucinés. Petit rappel en quatre lives inoubliables, qui marquent ce carrefour musical qu’aura été la charnière sixties/seventies, chacun à sa façon.

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Joe Cocker, la voix d’une génération

Disparu en décembre 2014, Joe Cocker n’aura guère laissé le souvenir d’un compositeur émérite – mais s’il convient de célébrer le chanteur originaire de Sheffield, c’est pour sa capacité à transcender l’interprétation de chansons que d’autres ont écrit. L’exemple est célèbre, mais encore vivace près d’un quart de siècle après : sa performance de “With a little help from my friends” sur scène est devenue presque aussi connue que le festival lui-même.
Il s’agit d’un titre des Beatles écrit par la doublette Lennon-McCartney et chanté à l’origine par la voix de fausset de Ringo. De chanson un peu maladroite chez les Fab Four, elle devient hymne à la joie chez Joe Cocker. Habité par les dieux (constatez par vous-même à partir de 6’20…), le gaillard gesticule, hurle, éructe et braille férocement entre ses épaisses bacchantes. La foule est sous le choc, ses oreilles violées : une icône est née.

Joe Cocker - With A Little Help From My Friends... par GQFrance

Arlo Guthrie, héritier du folk véritable

Longtemps avant Damian Marley, Sean Lennon ou encore Matthieu Chedid, Arlo Guthrie peut peut-être prétendre à être le tout premier “fils de” du rock’n’roll. Son père, Woody Guthrie, a chanté le quotidien des petites gens pendant la Grande Dépression et était célèbre pour son fameux autocollant sur sa guitare : “This machine kills fascists”. Armé de ses chansons crues et simples, il était l’influence d’un nombre incalculable de rockeurs célèbres, de Bob Dylan à Joe Strummer, en passant par Jerry Garcia et Bruce Springsteen.
Si son fils n’a pas eu la même carrière que son père, la filiation entre la première vague de chanteurs folk américains et le renouveau de la musique populaire incarné par les grandes têtes d’affiche du festival est inévitable. La présence d’Arlo Guthrie rappelle que sous la couche de décibels, de drogue et de sexe qu’a dû être ce festival, c’est aussi l’idée d’une société différente qui a attiré des centaines de milliers de jeunes gens à Woodstock. Quel festival peut le prétendre aujourd’hui ?

Ten Years After, l’avènement des guitar heroes

Si tout le monde connaît les aptitudes de Jimi Hendrix à la six-cordes, la performance de Ten Years After à Woodstock prouve qu’eux non plus, à l’époque, n’étaient pas des manches. C’est leur version fleuve de “I’m Going Home”, déluge de sueur et d’électricité, qui catapultera la renommée des plus blues des British (après les Rolling Stones, peut-être).
Avant Led Zeppelin, avant Black Sabbath, avant Rush, le jeu incendiaire d’Alvin Lee et ses jappements plaintifs au micro étaient déjà effrayants de puissance… et ils devraient faire pâlir de honte nombre de musiciens contemporains qui se contentent de jouer leur set comme on pointe à l’usine. Donc les gars, voilà le plan : un jour, si les extraterrestres débarquent et qu’il faut leur présenter le rock’n’roll, je propose qu’on leur montre ça :

Carlos Santana, salsa !

Il paraît qu’il a beaucoup, beaucoup plu à Woodstock. Qu’à cela ne tienne : le jeune Carlos Santana, un guitariste encore inconnu du grand public, a ensoleillé l’événement avec son groupe qui comportait notamment le batteur Michael Schrieve, le plus jeune musicien du festival. Le mélange de salsa et de rock auquel la bande s’adonne est d’une efficacité redoutable et bientôt, Abraxas deviendra un des disques les plus écoutés au monde.
“Just keep that going !”, l’entend-on crier à l’adresse de son percussionniste qui lance la rythmique imparable de “Soul Sacrifice”, un titre aussi dansant qu’hypnotique, qui invite plutôt à la transe incontrôlée qu’à une écoute sage et respectueuse. On comprend mieux pourquoi ces gentils hippies affolaient les flics : ils n’écoutaient pas que Ravi Shankar.

Le documentaire Woodstock : three days of peace and music sera diffusé sur Arte dimanche 16 août à partir de 23h20 dans le cadre du Summer of Peace.