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Si vous aimez Dear White People, vous aimerez la brillante Grown-ish

Si vous aimez Dear White People, vous aimerez la brillante Grown-ish

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Par Florian Ques

Publié le

En plus de mettre en avant un casting majoritairement de couleur comme Dear White People, la méconnue Grown-ish est tout aussi progressiste que son aînée.

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S’il y a une forme d’art qui parvient à évoluer avec son époque et les thématiques qui lui sont propres, ce sont bien les séries, notamment lorsqu’elles nous viennent de l’autre côté de l’Atlantique. Plus de diversité, plus d’inclusivité, des sujets plus variés et creusés… La sphère sérielle s’est majoritairement fait passer le mot, l’heure est venue d’être woke, soit, comme l’explique Le Monde, “d’être conscient des injustices et du système d’oppression qui pèsent sur les minorités”. Diffusée sur Netflix, Dear White People est l’exemple de cette mouvance vers une meilleure représentation, notamment pour les personnes de couleur. Et la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas la seule.

À l’aube de l’an passé, Grown-ish a débarqué sur nos écrans. Dérivée de la comédie engagée Black-ish focalisée sur une famille afro-américaine, cette série suit les tribulations de Zoey Johnson, aînée de la fratrie qui fait ses premiers pas à l’université. Alors forcément, comme beaucoup d’entre nous, elle est contrainte de sortir de sa zone de confort pour se heurter au monde extérieur, faire des erreurs et, bien entendu, en tirer des leçons de vie. Plus comédie que drame, Grown-ish n’est pour autant pas aussi légère qu’elle en a l’air, se frottant régulièrement à des sujets épineux.

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Tout d’abord, Dear White People comme Grown-ish ont comme toile de fond un campus américain tout ce qu’il y a de plus lambda, avec la diversité qui va généralement de pair. Là où la première se concentre essentiellement sur les tensions raciales entre les différents groupes d’étudiant·e·s, la seconde ouvre un spectre plus vaste. Son point fort ? Ses personnages, qui viennent d’horizons suffisamment différents – tant au niveau de l’ethnie que du milieu social ou de l’orientation sexuelle – pour souvent provoquer de sacrés clashs culturels au sein de ce groupe d’ami·e·s éclectique.

Tandis que Grown-ish en est à peine à son deuxième tour de piste, avec une petite vingtaine d’épisodes au compteur, la série ne s’est pas gênée pour prendre à bras-le-corps des sujets rarement abordés dans d’autres fictions. Quand elle veut parler de bisexualité, elle prend le contre-pied total, en montrant comment Nomi, l’amie ouvertement bisexuelle de la bande, est confrontée à ses propres préjugés envers les bisexuels lorsqu’elle se met à sortir avec un mec lui-même intéressé par les deux sexes. Car oui, la biphobie peut exister au sein des sphères LGBTQ+ et il est primordial de la souligner, surtout de façon aussi didactique que dans Grown-ish.

Quand elle veut parler de couples mixtes, elle sort là encore des sentiers battus, en montrant comment Jaz, une autre fille du groupe qui s’avère être une personne de couleur, éprouve des difficultés à concevoir une relation avec un homme blanc. En surface, cela peut paraître anecdotique, mais Grown-ish fait l’effort de creuser suffisamment ses personnages pour qu’une thématique souvent ignorée comme celle-ci gagne immédiatement en profondeur.

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Ces deux exemples sont, en somme, représentatifs de l’ambition sous-estimée de Grown-ish : mettre en lumière des problématiques auxquelles peuvent être confronté·e·s les vingtenaires dans la société occidentale, le tout avec beaucoup de bienveillance. Zoey et sa bande de potes peuvent, à tour de rôle, paraître irritants, stupides, intolérants. Cela donne souvent lieu à des conversations et autres débats enflammés, encourageant le téléspectateur à écouter les arguments des uns et des autres pour mieux appréhender les situations évoquées et se forger une opinion plus éclairée. Clairement, un beau parallèle avec l’expérience universitaire, qui se consiste souvent en une remise en question constante de ses acquis et du monde qui nous entoure.

Bien qu’elle soit moins caustique et stylisée que Dear White People, Grown-ish semble posséder la même visée que cette dernière : éduquer son public, ou tout du moins lui donner les outils nécessaires pour qu’il puisse questionner le statu quo et les idées reçues. Bien entendu, les deux mettent à l’honneur des personnages de couleur qui sortent des carcans habituels, ce qui est toujours appréciable. En soi, elles peuvent fonctionner de façon complémentaire, l’une apportant ce qui peut manquer à l’autre. Une chose est sûre : Grown-ish comme Dear White People dépeignent les déboires de la post-adolescence de la façon la plus pertinente qui soit actuellement.

Grown-ish est diffusée sur la chaîne Freeform aux USA, et reste inédite en France.